Prenant la parole au cours d’un séminaire sur la sécurité alimentaire organisé dans le cadre du Forum social mondial qui se tient actuellement à Nairobi, la capitale du Kenya, Michael Windfuhr, directeur de la section droit de l’homme à l’organisation caritative allemande Bread for the World, a indiqué que 50 pour cent des personnes souffrant de la faim sont les paysans des zones rurales dépourvues d’infrastructures fiables et d’établissements de crédit.
« Les gouvernements devraient optimiser leurs ressources afin que les populations puissent se nourrir elles-mêmes », a déclaré M. Windfuhr, en citant des cas d’évictions forcées où les personnes n’ont plus accès à la terre et à l’eau et ont perdu tous leurs moyens de subsistance.
Pour d’autres intervenants, certains gouvernements semblent même ignorer l’existence du droit fondamental des populations à une alimentation adéquate.
Selon Mike Anane, coordonnateur à la FIAN - Foodfirst Information and Action Network -, une ONG internationale qui défend le droit des populations à se nourrir elles-mêmes, les violations du droit à l’alimentation au Ghana sont aussi la conséquence d’une mauvaise politique de la gestion de l’eau.
« Le cours de certaines rivières et ruisseaux est détourné par des compagnies minières pour leurs propres besoins, privant ainsi les communautés locales de l’eau nécessaire à l’irrigation de leurs cultures », a expliqué M. Anane.
En outre, des agrégats de pierre provenant d’exploitations minières sont parfois déversés sur des terrains agricoles, ce qui les rendent impropres à l’agriculture, a-t-il ajouté.
Pour Anne Maina, responsable du plaidoyer à PALUM - Participatory Ecological Land-Use Management – une organisation basée en Zambie, les gouvernements africains peuvent renforcer la sécurité alimentaire sur le continent en favorisant la culture des produits céréaliers traditionnels et en augmentant de dix pour cent la part du budget réservé à l’agriculture, comme le recommande la déclaration de Maputo de l’Union africaine. La PALUM regroupe plusieurs associations locales de la société civile de plusieurs pays d’Afrique australe et de l’est.
Mme Maina a également fait remarquer que l’absence de politique agricole claire peut saper les efforts que déploient les populations pour se nourrir elles-mêmes.
La disparition des associations de producteurs agricoles, due à la corruption et la mauvaise gestion de leurs dirigeants, est aussi une des causes de l’insécurité alimentaire dans certains pays, a-t-elle précisé. Mme Maina a notamment cité les cas du Malawi et du Kenya, deux pays où la disparation de certaines associations de producteurs a laissé le champ libre aux intermédiaires qui exploitent les pauvres paysans.
Le maïs est l’aliment de base des populations d’Afrique australe et de l’est, et cette dépendance peut également constituer un facteur d’exacerbation de l’insécurité alimentaire, car la culture du maïs nécessite une bonne pluviométrie.
« Les gens ne peuvent pas imaginer un repas qui ne soit pas à base de maïs, alors qu’il existe bien d’autres cultures [très résistantes à la sécheresse] telles que le manioc, l’igname et le potiron », a expliqué Mme Maina.
Pour des raisons culturelles et conformément à la tradition, les femmes n’ont pas accès à la terre. Il s’agit d’une autre forme de violation du droit à l’alimentation, a expliqué Mme Huguette Akplogan-Dossa, coordonatrice nationale de Contrôle Citoyen, une ONG béninoise affiliée à l’ONG internationale Social Watch.
Depuis 1999, l’organisation aide les femmes béninoises à négocier l’accès à la terre et à bénéficier de microcrédits, des actions qui ont contribué à renforcer la production alimentaire.
« Les autorités locales commencent à comprendre l’importance de l’accès des femmes à la terre », a affirmé Mme Akplogan-Dossa.
M. Windfuhr a rappelé que le pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels engage les Etats parties à prendre les mesures nécessaires pour lutter contre la faim, même dans les cas de catastrophes naturelles ou autres.
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