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Un Etat d'Afrique de l'ouest au bord de l'explosion - ICG

[Guinea] Transportation is rare in Guinea and taxi brousse cars are stuffed with travellers, June 2004.
IRIN
Transportation is rare in Guinea
Avec la flambée des prix des denrées alimentaires et un chef d’Etat dont l’état de santé se dégrade inexorablement, après 21 ans pouvoir, la Guinée est au bord de l’explosion, ont prévenu des diplomates et un important groupe de réflexion, ce week-end.

« La Guinée est en passe de devenir le prochain Etat en faillite d’Afrique de l’ouest », a indiqué l’International Crisis Group (ICG), un groupe de réflexion basé à Bruxelles, dans son rapport de 24 pages.

Selon ICG, l’aggravation de la maladie du président Lansana Conté, arrivé au pouvoir à la faveur du coup d’Etat de 1984, rend plus probable un coup d’Etat ou, pire encore, la poursuite de la mauvaise gestion d’un pays riche en minerais par des hommes de l’entourage du président qui se sont enrichis en pillant les ressources de l’Etat.

Dans son numéro du mois dernier, l’hebdomadaire Jeune-Afrique l’Intelligent indiquait qu’il arrivait souvent que Conte plonge dans un coma diabétique pendant plusieurs heures.

« Il est important de dépersonnaliser la politique guinéenne », note le rapport de l’ICG.

« Le lot de reformes politiques auquel le gouvernement a consenti devrait permettre à la Guinée de tourner la page de plusieurs décennies de pouvoir autocratique ».

Face aux mécontentements et aux grèves contre la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’électricité, Conté et son nouveau Premier ministre, Cellou Dalein Diallo, se sont lancés dans un programme de réformes politiques et économiques destiné à relancer la coopération de ce pays de 8,5 millions d’habitants avec les bailleurs internationaux.

Economiste de formation, Diallo, 52 ans, a été nommé Premier ministre au début du mois de décembre 2004, huit mois après que son prédécesseur François Fall ait annoncé sa démission lors d’un séjour à Paris. Exilé en France quelques mois seulement après sa prise de fonction, François Fall s’est plaint de n’avoir pas été en mesure de mettre en œuvre les réformes adoptées et craignait pour sa sécurité personnelle après être entré en dissidence.

Mais face à une inflation galopante, les citoyens sont descendus dans les rues pour exprimer leur mécontentement. Le taux d’inflation officiel qui était il y a quatre ans à moins de 10 pour cent, s’établissait en 2004 à 28 pour cent, la quatrième plus mauvaise performance en Afrique. Selon l’ICG, le taux d’inflation prévisionnel pour 2005 était de 22,6 pour cent, juste derrière celui du Zimbabwe, un pays en plein déclin économique.

Le prix de l’essence a augmenté de 55 pour cent le mois dernier, ce qui a fait monter en flèche le prix des denrées alimentaires et des transports. La confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG), la plus importante centrale syndicale du pays, a menacé le gouvernement de déclencher une grève nationale dans les dix prochains jours si le montant de leur salaire n’était pas multiplié par quatre.

Le salaire mensuel moyen d’un travailleur guinéen est de 30 dollars américains. En mars 2004, le sac de riz de 50 kilos se vendait à 35 000 francs guinéens (9,50 dollars). Aujourd’hui il coûte entre 75 000 (20 dollars) et 100 000 francs guinéens (27 dollars). Et le salaire des fonctionnaires n’a pas été augmenté depuis 1996.

Une série de manifestations et des grèves s’en est suivie et mois après mois, des enseignants, des mineurs et des personnes affamées sont descendues dans les rues pour exprimer leur mécontentement.

« Il est temps de dire la vérité au pays », a confié à IRIN l’ancien Premier ministre et chef de file de l’opposition, Sidya Touré.

Un diplomate qui a requis l’anonymat a fait remarquer que le pays s’essoufflait. "Il n’a plus de force dans les poignées" a t-il dit en faisant allusion au chef de l’Etat et ancien lutteur.

Mais la ministre de l’Information, Aissatou Bella Diallo, a démenti les rumeurs d’une crise sociale imminente et indiqué que "le pays se porte bien et qu’il a fait d’énormes progrès dans les domaines de la santé, de l’éducation et du développement des infrastructures.

Le succès des élections municipale est une première étape décisive

Selon le rapport de l’ICG, la Guinée, qui se targue de détenir le tiers des réserves mondiales de bauxite, malgré une population très pauvre, pourrait connaître un bien meilleur sort cette année, si elle parvenait à organiser des élections municipales libres et impartiales.

« Ces élections détermineront très largement la qualité de la démocratie guinéenne. Si elles échouent, il y a tout lieu de penser que la succession à la présidence sera désastreuse ».

Prévues pour le dernier trimestre de l’année, ces élections coïncideront avec le programme de réformes clés exigées par les bailleurs et par l’Union européenne (UE) en particulier et visant à permettre une révision attentive des listes électorales, la constitution d’une commission électorale nationale véritablement indépendante, l’accès aux ondes par l’opposition et aux médias d’Etat.

La Guinée, seul pays de la sous-région à avoir interdit les radios et les télévisions privées, a finalement ouvert en début de mois son espace audiovisuel aux chaînes de radio et de télévision privées, mais pas aux partis politiques ni au groupes religieux, selon un communiqué du gouvernement lu à la télévision nationale.

« C’est le résultat d’une pression constante de l’opposition et de l’UE », a indiqué à IRIN Mamadou Ba, membre de la coalition des partis de l’opposition, le Front républicain pour le changement démocratique (FRAD).

L’UE, principal bailleur de la Guinée, a gelé une aide financière de plus de 100 millions de dollars parce que le gouvernement n’a pas mis en œuvre les reformes politiques et économiques nécessaires à la bonne gouvernance, dans ce pays pauvre et très corrompu.

Mais les réformes visant à renforcer le processus démocratique risquent d’être vaines si l’armée n’a rien en échange, a prévenu l’ICG. Il conviendra de « se pencher sur la question des salaires et celle de la promotion dans l’armée en vue de permettre aux officiers de trouver un avantage aux réformes politico-économiques et d’affaiblir ainsi les arguments justifiant l’extorsion », ajoute le rapport.

De même, il s’agira de supprimer les exemptions d’impôts spéciales accordées aux hommes d’affaires travaillant étroitement avec le président.

La communauté internationale, note le rapport de l’ICG, doit fournir l’assistance technique nécessaire pour mettre en œuvre les reformes du code électoral tout en indiquant clairement que toute tentative de coup d’Etat militaire entraînera la suspension de l’aide financière et des sanctions ciblées.

Entre temps, les bailleurs ont besoin de contrôler étroitement la manière dont le gouvernement dépensera ces fonds.

« La Guinée doit être traitée selon les mêmes critères que les autres pays », indique le rapport. "C’est un pays riche, mais ses citoyens sont pauvres ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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