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Le prix élevé du fourrage menace les moyens de subsistance

Le prix élevé du fourrage, conjugué à la sécheresse et aux politiques publiques, a provoqué une diminution spectaculaire du bétail jordanien, cette dernière année, une évolution qui a eu des répercussions sur les moyens de subsistance et le prix de la viande, selon les experts agricoles.

« De nombreux éleveurs ont abattu leurs bêtes lorsque le gouvernement a décidé, l’année dernière, de réduire les subventions sur le fourrage, dont ils bénéficiaient auparavant », a expliqué à IRIN Ahmad al-Faour, président de l’Union des fermiers de Jordanie (JFU). « Les fermiers se sont trouvés perplexes devant cette décision soudaine et beaucoup d’entre eux ont choisi d’abattre leurs bêtes parce qu’ils n’avaient pas les moyens d’acheter du fourrage aux prix élevés, pratiqués sur le marché mondial ».

« La Jordanie est une société rurale et bédouine. Un grand nombre de gens dépendent de l’élevage pour vivre. C’est un mode de vie traditionnel. Il est difficile de l’abandonner pour passer à autre chose », a-t-il indiqué, ajoutant que l’abattage et la vente des bêtes ne profitaient pas aux éleveurs, qui finissaient par être exploités par des intermédiaires.

En mars, le ministère de l’Agriculture a entrepris une enquête visant à déterminer le nombre d’animaux d’élevage, en vue de mieux organiser l’octroi des subventions sur le fourrage. L’enquête a révélé une diminution significative du nombre d’animaux d’élevage.

« Nous avons couvert plus de 97 pour cent des moutons et des chèvres […] et le processus reste en cours pour les vaches et les chameaux. Le nombre de moutons et de chèvres s’élève à 4,1 millions. Une campagne de vérification a été menée récemment, dans le cadre de laquelle nous nous sommes rendus chez tous les agriculteurs qui ont dénombré leurs bêtes ; l’enquête a révélé une diminution d’au moins 700 000 animaux, dont la plupart ont été abattus », a indiqué à IRIN Amjad Darwish, directeur du Projet national de dénombrement des animaux d’élevage au ministère de l’Agriculture.

« Les éleveurs ont le droit d’acheter 10 kilos de fourrage subventionné par mois pour chacun de leurs moutons. Cette quantité est vendue au prix subventionné de 150 dinars [211 dollars] la tonne. Tout fourrage supplémentaire est vendu à environ 250 dinars [352 dollars] la tonne », a indiqué Abdel Fattah al-Kilani de l’Association de protection des consommateurs.


Photo: Maria Font de Matas/IRIN
Conséquences de vagues de sécheresse successives en Jordanie
Selon lui, la quantité subventionnée ne couvre qu’un tiers des besoins des agriculteurs.

Sécheresse

Plusieurs périodes de sécheresse successives ont paralysé le secteur agricole, asséchant l’herbe des pâturages et entravant la culture du fourrage, selon les autorités.

« La Jordanie est l’un des 10 pays les plus pauvres du monde en termes de ressources en eau. Nous ne pouvons donc pas compter sur de grandes quantités d’eau pour élaborer une politique agricole », selon M. al-Faour.

« Le gouvernement a donné la priorité à l’eau de boisson. Nous ne contestons pas l’importance de [l’eau de boisson], mais en même temps, davantage d’intérêt devrait être porté à l’agriculture : la nourriture est aussi importante que l’eau pour les êtres humains », a-t-il estimé, ajoutant que « la Jordanie devrait utiliser chaque goutte de pluie qui tombe sur son territoire ».

En attendant, les prix de la viande pratiqués dans le pays ont presque doublé depuis le début de l’été, selon M. al-Kilani.

Révision de la politique sur les subventions ?

« L’augmentation des prix mondiaux du fourrage, qui ont atteint 300 pour cent depuis le début de l’année, a amené le gouvernement à réviser sa politique de subvention », a indiqué M. al-Kilani.

En août, Muzahim Muhaisin, le ministre de l’Agriculture, a annoncé, selon la presse locale, que le gouvernement envisageait d’augmenter les subventions sur le fourrage.

Un groupe de députés a également demandé une augmentation de la quantité de fourrage subventionnée de 10 à 20 kilos (par mouton et par mois), une question qui sera abordée à l’Assemblée au début du mois d’octobre, selon M. al-Kilani.

Pour M. al-Faour, ce secteur devrait recevoir davantage de soutien. « Pour relancer cette ressource importante, il faut mettre en œuvre une stratégie qui devrait se poursuivre pendant au moins cinq ans pour pouvoir commencer à voir des résultats », a-t-il estimé.

Au sommet de l’alimentation mondiale, qui a eu lieu à Rome en juin, l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture a classé la Jordanie parmi les sept pays les plus vulnérables à l’augmentation du prix des vivres.

dvh/at/cb/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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