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S’appuyer sur l’expérience saoudienne en matière de risques des rassemblements de masse

Hajj, Mecca Najwa Marafee/Flickr
Al-Masjid al-H?aram, or the Grand Mosque, in Mecca, Saudi Arabia, is Islam's holiest site and the annual destination of millions of Muslim pilgrims fulfilling the Hajj
Les grands rassemblements de foule mondiaux, qu’il s’agisse de pèlerinages religieux comme le Haj annuel en Arabie Saoudite et le gigantesque Kumbh Mela en Inde, ou bien d’événements sportifs comme les Jeux olympiques ou la Coupe du Monde de football, posent d’importants problèmes sanitaires, aussi bien aux organisateurs qu’aux participants eux-mêmes.

Plus de cinq millions de visiteurs sont attendus à Londres pour assister aux épreuves olympiques cet été et à cette occasion, la revue médicale britannique The Lancet, publie une série d’articles spéciale sur les rassemblements de masse et la santé mondiale.

Tout rassemblement de masse est une catastrophe médicale en puissance, et chacun d’entre eux présente son propre éventail de risques. Les Jeux olympiques d’hiver rassemblent des gens venus du monde entier, généralement en plein milieu de la saison grippale de l’hémisphère nord ; après une quinzaine de jours de promiscuité, les gens se dispersent pour revenir dans leur pays.

Le Haj attire des pèlerins de certains des pays les plus pauvres du monde, où le suivi des maladies est médiocre et le système sanitaire inadéquat. De plus, beaucoup de ces pèlerins risquent d’être vieux ou malades, mais tiennent désespérément à accomplir leur devoir religieux avant la fin de leur vie.

En Inde, le Kumbh Mela a une dimension moins internationale, mais le pèlerinage peut rassembler jusqu’à 60 millions de personnes et implique des ablutions de masse dans le Gange, fleuve certes sacré, mais pas nécessairement très propre.

Les plus grands festivals de rock et de musique pop présentent des risques supplémentaires : la boisson, la drogue et des jeunes qui campent dans des champs boueux et qui ont autre chose en tête que de se laver les mains ou de savoir si l’assainissement est correct.

Partager l’expertise et exploiter la technologie

Aujourd’hui une nouvelle spécialité de santé publique est en train de se développer autour de ces grands événements internationaux ; elle permet aux organisateurs de partager leur expertise et d’exploiter de nouvelles technologies, afin de gérer les risques et de suivre les épidémies en temps réel.

Les articles de The Lancet ont un élément commun : ils insistent sur la nécessité d’une collaboration internationale et le besoin de s’éloigner de l’ancienne définition de la médecine de rassemblement de masse considérée comme  « concernant la fourniture de soins médicaux d’urgence au cours d’événements organisés impliquant plus d’un millier de participants. »

Les organisateurs doivent savoir d’où viendront les participants et de quelle façon ils voyageront. Se tenir au courant des épidémies qui sévissent à tel ou tel moment dans le monde devrait les aider à anticiper les risques potentiels et à décider s’il leur faut exiger d’avance certains vaccins, instaurer des vérifications aux aéroports ou prévoir des contrôles spécifiques sur place.

Actuellement, cette information est disponible, mais disséminée entre les bureaux de vente de billets, les ministères de la Santé, l’Organisation mondiale de la Santé…etc. Comme le fait remarquer l’auteur principal d’un des papiers, Kamran Khan, de l’Université de Toronto, « quoique les éléments scientifiques et technologiques et les sources de données nécessaires pour générer l’information en temps réel - qui pourrait atténuer les risques de maladies infectieuses durant les rassemblements de masse - existent, leur intégration est loin d’être optimale. »

La responsabilité des organisateurs ne s’arrête pas au moment où les participants rentrent chez eux. Un autre papier, écrit par Ibrahim Abubakar, de l’Agence britannique de protection de la santé (HPA), en cite pour exemple une course d’endurance qui a eu lieu a Bornéo. Dix jours après la fin de l’évènement, l’un des athlètes, qui se trouvait alors à Londres, a développé une leptospirose, une maladie liée à l’eau. Ce fait a été repéré par le système de contrôle sanitaire GeoSentinel, en même temps que deux autres cas, le même jour, un à New York et l’autre à Toronto. Une alerte immédiate a averti les athlètes qui avaient participé à la course et 68 d’entre eux, qui avaient contracté cette maladie potentiellement grave, ont finalement pu être identifiés.

L’expérience du Haj


C’est l’Arabie Saoudite qui a le plus d’expérience en matière de rassemblements de masse internationaux. Les autorités saoudiennes prennent très au sérieux leurs responsabilités durant le Haj et c’est une équipe du Département de médecine préventive du ministère de la Santé à Riyadh qui a écrit l’article principal de la série. L’Arabie Saoudite essaie de s’assurer que les pèlerins auront fait les vaccins nécessaires avant d’entreprendre leur voyage, ce qui, selon The Lancet, constitue en soi une contribution utile à la santé mondiale. A l’aéroport, un terminal spécifique fournit les installations nécessaires au dépistage sanitaire des pèlerins, à leur arrivée et au départ.

L’Arabie Saoudite a également utilisé de nouvelles technologies pour garantir la santé des pèlerins. Kamran Khan rapporte en détail la façon dont a réagi l’Arabie en 2009, année où le pèlerinage a coïncidé avec la pandémie de grippe A (H1N1). S’étant rendu compte qu’une déclaration traditionnelle, sur papier, allait être trop lente pour suivre l’épidémie de grippe, le gouvernement a mis en place un système de notification basé sur la téléphonie mobile, avec des enquêteurs de terrain équipés de smart phones et d’ordinateurs portables, déclarant en temps réel à un centre d’opérations d’urgence chaque occurrence de neuf cas de maladies infectieuses. Il y eut parmi les cas rapportés deux cas de dengue et 73 cas de grippe A.
 
Un centre d’expertise

Le gouvernement prévoit maintenant de monter un centre d’expertise pionnier de médecine des rassemblements de masse. Ziad Memish, du Département de médecine préventive du ministère de la Santé du Royaume, a dit à IRIN : « Il est difficile de dire avec certitude qu’il s’agit du premier, mais nous savons, pour avoir organisé la plus grande conférence de tous les temps sur les rassemblements de masse, que les experts du monde entier avaient le sentiment  que ce[centre] était nécessaire et que l’Arabie Saoudite serait l’endroit idéal pour l’accueillir. Le Conseil saoudien des spécialités médicales a donc été chargé de développer un cursus de rassemblements de masse et médecine de catastrophe, qui débutera cette année et sera basé à Jeddah. Ceci devrait créer un bon noyau pour établir une spécialité et former les gens. »

Le premier cursus en un an accueillera 25 étudiants, tous médecins ou personnels paramédicaux travaillant dans les principaux centres de pèlerinage de La Mecque et de Médine. Mais selon M. Memish, le but est de développer un centre international qui assurera la formation de gens venus du monde entier.

Les auteurs de The Lancet envisagent manifestement avec enthousiasme les usages potentiels des nouveaux outils technologiques en médecine des rassemblements de masse. Un problème récurrent vient du fait que les gouvernements nationaux hésitent souvent à admettre les épidémies de maladies infectieuses. L’Internet permet à des organisations comme HealthMap (carte sanitaire) de s’appuyer sur une gamme bien plus vaste de sources informelles, et même des références apparues sur Twitter, pour suivre les épidémies chez les humains et chez les animaux.

Dans le même temps, à Londres, on se prépare pour les Jeux Olympiques de cet été et les autorités saoudiennes ont déjà été consultées par l’Agence de protection sanitaire (HPA) britannique. « Ils nous ont contactés pour organiser des activités de formation communes pendant la période précédant les Jeux, » a dit M. Memish. « Il faut bien garder en tête que les Jeux Olympiques et le Haj sont des événements très différents, qui attirent des types de gens très différents. Mais c’est toujours une bonne chose d’être en contact et de partager notre expérience avec autrui. »

eb/cb-og/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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