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L'écho des manifestations au Golan

The Druze village of Majdal Shams in Israeli-occupied Golan is separated by a mountain range from Syria Phoebe Greenwood/IRIN
Quand des milliers de réfugiés palestiniens se sont récemment rassemblés à la frontière syrienne avec Israël près du plateau du Golan, une zone sous occupation israélienne, les villageois locaux ont été stupéfaits. C’était la première fois en plus de 20 ans que cette frontière était confrontée à des incidents.

Le 15 mai, date anniversaire de la fondation d’Israël connue pour les Palestiniens sous le nom de “Nakba”(la catastrophe), tandis que la foule se pressait en direction du territoire israélien, l’armée israélienne a abattu huit manifestants.

« Les Forces de défense israéliennes ont ouvert le feu afin d’empêcher de violents semeurs de trouble de pénétrer illégalement en Israël ; un certain nombre de semeurs de trouble se sont infiltrés et ont provoqué une agitation violente dans le village, » a déclaré l’armée israélienne.

Quelque 200 réfugiés palestiniens vivant en Syrie avaient passé de force la frontière surveillée par Israël, et étaient parvenus au village voisin de Majdal Shams où ils s’étaient regroupés pour manifester sur la place principale, selon des sources.

Mais l’incident du 15 mai n’est que le signe le plus récent d’une certaine agitation dans les collines habituellement paisibles du Golan. Depuis le début des manifestations syriennes en mars, la communauté druze du Golan est partagée entre les partisans du régime actuel du président Bashar al-Assad et ceux qui soutiennent les manifestants.

Les Druzes sont un petit groupe religieux monothéiste qu’on trouve dans plusieurs pays du Moyen-Orient. Dans le Golan, les autorités locales soutiennent clairement M. Assad et sont extrêmement fermes envers toute personne qui décide de soutenir les manifestants ou de critiquer le gouvernement, et brandissent la menace de l’exclusion sociale et religieuse. Mais au sein de la communauté, certains ne sont pas d’accord.

« Ils [ceux qui se font entendre] se battent pour une juste cause, » a dit l’activiste locale Shefa Abu Jabal, 25 ans, qui risque de se faire exclure de la communauté druze pour son soutien aux manifestants de Syrie.

« Il y a [en Syrie] des générations entières qui n’y connaissent rien à la politique, et n’ont jamais entendu parler de liberté, ni d’élections, » a t-elle ajouté. « YouTube et tous les sites Internet israéliens sont bloqués. Ils méritent la liberté. »

Une information difficile à vérifier

Les journalistes étrangers ont du mal à pénétrer en Syrie, ce qui fait qu’il est difficile de vérifier ce qui se passe, mais les groupes de défense des droits humains estiment qu’au moins 850 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tués au cours de plus de deux mois de manifestations. Plus de 8 000 personnes ont été arrêtées.

Shefaa Abu Jabal, an activist from Majdal Shams, risks social and religious exclusion by supporting the protests in Syria
Photo: Phoebe Greenwood/IRIN
Shefa Abu Jabal, une activiste de Majdal Shams, risque l’exclusion sociale et religieuse en soutenant les manifestations en Syrie
Plus d’un million de Druzes vivent en Syrie. Jabal al-Druze, située dans une région volcanique montagneuse près de la frontière de Jordanie, est de loin la plus grosse communauté. C’est la ville la plus proche de Deraa, le coeur du soulèvement syrien au sud du pays.

Selon Joshua Landis, directeur du Centre d’Etudes sur le Moyen-Orient de l’Université d’Oklahoma, Deraa 2, est une région pauvre, où 32 pour cent de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec un revenu de deux dollars par jour ou moins.

La région du Golan est occupée par Israël depuis juin 1967. En décembre 1981, Israël a annexé la région de façon unilatérale et y a introduit ses lois, son appareil judiciaire et son administration.

Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), se fondant sur la législation humanitaire internationale, considère le Golan comme un territoire occupé et, en tant que tel, comme soumis à la Quatrième Convention de Genève de 1949 ainsi qu’aux règles de la loi coutumière énoncées dans le Règlement de La Haye de 1907.

Aucun gouvernement n’a reconnu l’annexion du Golan par Israël. Avec une superficie d’environ 1 200 kilomètres carrés, le Golan abrite quelque 22 000 Syriens et 19 000 Israéliens, selon le CICR, mais il est extrêmement difficile, pour ne pas dire impossible, pour la grande majorité des Syriens du Golan d’avoir des échanges avec le reste de leur pays.

La crainte des représailles syriennes

Malgré les restrictions, des activistes comme Shefa sont en contact avec leurs amis, leur famille et leurs camarades militants de l’autre côté [de la frontière] en Syrie, grâce à Facebook. Pour Shefa, les reportages de violences sont ahurissants, mais beaucoup ont trop peur des représailles gouvernementales pour publier sur Internet les détails de ce dont ils ont été témoins.

« En Syrie, une personne sur deux fait partie des services de sécurité, » a affirmé Mme Abu Jabal. « Ils [les manifestants] ont vu les violences. Et il y a de quoi avoir peur. Même pour nous, les gens qui soutiennent simplement sur Internet. Nous avons peur. »

Tout en étant typiquement de nature peu communicative et autonomes, les Druzes sont aussi célèbres pour leur loyauté envers la nation dans laquelle ils vivent, mais la communauté du Golan se considère comme syrienne, malgré plus de 40 ans d’occupation israélienne.

Un chef religieux local, le Cheikh Hussam, 35 ans, a dit qu’il fallait comprendre la loyauté de sa communauté envers le gouvernement syrien comme une expression de loyauté envers la Syrie, plutôt qu’envers son président.

« La plupart des gens d’ici – 90 pour cent – soutiennent le gouvernement [syrien] », a t-il expliqué. « Mais c’est plus une attitude pro-syrienne que pro-Assad. C’est une question de principe : nous sommes des Arabes syriens sous occupation. »

Mme. Shefa est convaincue que cela n’explique pas tout. Elle estime que la peur des représailles, sur place et aussi pour les membres de la famille là-bas, empêche sa communauté de s’exprimer. « Ils pensent en quelque sorte que pour faire partie de la Syrie, il faut faire partie du régime, » a t’elle dit. « Mais la raison principale [de leur soutien à Assad], c’est la peur, et c’est quelque chose que je peux comprendre. »

pg/eo/cb –og/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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