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Mahamud Abdi Omar, « Non seulement je survis, mais je prospère »

Mahamud Abdi Omar, a hearing impaired businessman in Mogadishu Abdisamad Abdulkadir/IRIN Radio
Mahamud Abdi Omar
Mahamud Abdi Omar, petit négociant de 25 ans, travaille à Mogadiscio, capitale de la Somalie, théâtre d’affrontements entre l’armée et les insurgés depuis de nombreuses années.

Comme tout autre homme d’affaires en zone de guerre, Omar tente de gagner sa vie malgré les violences. Mais pour ce jeune homme malentendant, survivre dans une ville dévastée par la guerre est non seulement difficile, mais aussi dangereux.

Omar est propriétaire d’un petit magasin d’appareils électroniques, notamment de radios et de montres, situé en plein cœur du marché de Bakara, le plus grand marché en plein air du pays et sans doute le plus dangereux. Omar a parlé à IRIN de son expérience, le 19 avril :

« Le magasin a été ouvert il y a 10 ans par mon père ; j’ai commencé à travailler avec lui lorsque j’avais 15 ans. Mon père est décédé il y a trois ans et j’ai repris l’affaire.

« Mon père savait qu’étant sourd, j’aurais des difficultés à Mogadiscio, mais il me disait toujours que j’étais capable de faire tout ce que je voulais. Pour quelqu’un comme moi, la vie n’est pas facile à Mogadiscio. C’est dur pour les gens ordinaires, mais c’est deux fois plus dur quand on a un handicap physique.

« Je vis dans une ville en guerre, alors j’ai dû apprendre à reconnaître les signes qui permettent de savoir que quelque chose va arriver. C’est facile lorsqu’ils utilisent des armes lourdes. Je sens les vibrations au sol. Le problème, c’est quand je suis occupé, que je ne fais pas attention et qu’ils utilisent des armes légères.

« La semaine dernière, par exemple, je marchais dans la rue et il y a eu des tirs ; mais je ne m’en suis rendu compte que lorsque j’ai vu un homme ensanglanté tomber devant moi ; alors j’ai couru comme tout le monde.

« J’ai l’impression qu’on passe notre temps à courir d’un refuge à l’autre. Tous les habitants de Mogadiscio savent ce que c’est que de se trouver piégé au beau milieu des affrontements, mais la plupart ne sont pas sourds, alors ils se rendent immédiatement compte de ce qui se passe. Moi, et les gens comme moi, nous devons être tout le temps vigilants.

« J’aurais aimé aller à l’école comme tout le monde, mais je n’ai pas pu parce qu’il n’y avait pas d’école pour les sourds. Mais j’ai quand même de la chance, car feu mon père m’a fait comprendre que je valais tout autant que tout autre enfant, et que je pouvais faire ce que je voulais dans la vie.

« Je souhaite que les enfants sourds ou aveugles puissent être instruits et vivre comme des citoyens normaux. Les gens ne sont pas très gentils envers les personnes comme moi, qui peuvent être différentes d’eux, mais je ne me soucie plus de ce que les gens pensent.

« Je sais qu’à la mort de mon père, beaucoup de gens avaient peur que je ne survive pas et que le magasin ferme. Mais regardez ce que je suis devenu : non seulement je survis, mais je prospère.

« Le magasin tourne bien – quand je peux l’ouvrir [les affrontements constants empêchent souvent l’ouverture du marché]. Sur le plan des affaires, je me débrouille mieux que quand mon père était en vie. Les gens savent que je suis sourd, ils ont l’habitude, et je leur offre un service de qualité alors ils m’aiment bien.

« Je rends grâce à Dieu de m’avoir permis de prendre soin de ma mère et de mes deux sœurs ».

ah/mw –nh/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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