Le principal thème des recherches actuelles est de voir comment trouver et s’attaquer aux « réservoirs » - cellules, organes et tissus du corps dans lesquels le virus pourrait demeurer de manière latente – pour finalement qu’ils redeviennent actifs.
« Les cellules abritent le VIH pendant de longues périodes de temps, et il y a un grand nombre de types de cellules différentes qui se déplacent dans le corps ; ces réservoirs peuvent être situés dans n’importe quel endroit à portée des cellules », a dit Maureen Goodenow, professeur de pathologie de l’université de Floride.
La recherche actuelle consiste à trouver un « remède fonctionnel », qui n’éliminerait pas le virus du corps mais qui permettrait au système immunitaire du patient de contrôler le virus sans nécessiter une thérapie à vie, en utilisant les médicaments antirétroviraux (ARV) sur une période de temps limitée pour cibler ces réservoirs. Au moins deux essais cliniques sont en cours en France pour tester ces produits.
« Le traitement [VIH] peut réduire la charge virale dans le sang mais il ne peut pas l’éliminer ; il doit se prendre à vie et peut avoir de nombreux effets secondaires après une utilisation prolongée », a rappelé le professeur Françoise Barré-Sinoussi, lauréate du Prix Nobel de médecine pour son rôle dans la découverte du VIH.
« Nous essayons de trouver un traitement qui soit plus efficace, qui engendre moins de complications et qui puisse être interrompu au bout d’un moment ; un [traitement] qui améliorerait la qualité de vie du patient », a-t-elle dit à IRIN/PlusNews.
Recherche sur les cellules souches
En termes de financements, la recherche d’un remède est le parent pauvre de la recherche sur la prévention du VIH. Le scepticisme concernant la possibilité de trouver un remède à un virus si complexe et l’absence de percées significatives dans ce domaine au cours des 30 dernières années ont rendu les bailleurs de fonds réticents à soutenir cette branche de la recherche.
En 2009, le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID) des United States National Institutes of Health (NIH), l’un des principaux bailleurs de fonds de la recherche mondiale, a dépensé à peine un peu plus de 40 millions de dollars – environ trois pour cent du total de ses dépenses en matière de sida – en faveur de la recherche d’un remède.
« Pendant de nombreuses années, il y avait une stagnation dans le domaine, mais aujourd’hui un certain nombre de progrès sont [enregistrés], y compris dans la technologie sur les cellules souches, qui rend possible [la perspective] de s’attaquer à ce problème », dit Carl Dieffenbach, directeur de la division sida du NIAID. « Le NIH prévoit maintenant d’intensifier ses efforts pour trouver un remède ».
L’enthousiasme provoqué par la recherche sur les cellules souches a été engendré par un cas connu sous le nom de « patient de Berlin ». En 2007, le docteur Gero Hütter, qui traitait ce patient – un Américain séropositif et atteint d’une leucémie, habitant à Berlin – a remplacé les cellules de moelle osseuse de son patient par celles d’un donneur porteur d’une mutation génétique naturelle, qui a rendu ses cellules immunisées contre le VIH.
Jusqu’à aujourd’hui, le patient de Berlin, qui n’est plus sous ARV, n’a montré aucun signe de présence du VIH.
Les chercheurs aux Etats-Unis utilisent la même mutation génétique pour faire de la recherche sur les cellules souches sur des souris, dans l’espoir de pouvoir à terme fournir une immunité à des patients infectés au VIH. Des résultats positifs récents ont accru l’intérêt pour ce domaine de la recherche.
Retour aux fondamentaux
Mais les scientifiques pensent qu’ils ont aussi besoin de davantage de recherche fondamentale pour comprendre comment le virus fonctionne réellement. « Il y a une faiblesse en termes d’informations sur le système immunologique de base, sur l’interaction moléculaire entre le virus et les cellules », a dit Mme Goodenow.
M. Dieffenbach a noté que M. Hütter, le médecin du patient de Berlin, était un spécialiste de l’hématologie et non du VIH, et a estimé qu’il était nécessaire de collaborer plus étroitement avec des scientifiques de diverses spécialités, depuis l’immunologie jusqu’à la virologie, en passant par des secteurs plus larges de la science et les développeurs de médicaments.
Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale française de recherche sur le sida, a commenté : « Le vrai remède – l’éradication totale du VIH du corps – est une tâche immense, mais nous sommes confiants que nous avançons à petits pas vers un contrôle du virus chez les patients infectés ».
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