Les organisations non gouvernementales (ONG) estiment que 6 900 personnes déplacées ont trouvé refuge dans des camps de fortune à Jos, la capitale de l’Etat du Plateau, et aux alentours, et que 8 500 personnes ont fui dans l’Etat voisin de Bauchi, où les autorités leur fournissent de l’eau et de la nourriture.
« Nous n’avons nulle part où aller parce que nos maisons et nos affaires ont été brûlées. Je ne pense pas que beaucoup d’entre nous veulent rentrer et reconstruire les maisons parce que je pense qu’elles vont être à nouveau détruites », a dit à IRIN Sada Bilyaminu, qui a trouvé refuge dans l’école secondaire de Gangare, dans un quartier nord de Jos.
« Même si nous voulions rentrer dans nos maisons, nous n’avons pas l’argent pour les reconstruire », a dit Sada Bilyaminu.
« Nous sommes en plein dilemme. Nous ne pouvons pas rentrer chez nous et en même temps nous ne pouvons pas rester ici pour le restant de nos jours. Nous devons trouver un endroit pour nous installer ».
Les personnes déplacées demandent aux autorités du Plateau une indemnisation pour leurs propriétés perdues, afin de pouvoir reconstruire, quelque part.
Conditions difficiles
La plupart des déplacés de Jos se sont abrités dans des mosquées, des écoles, des églises et des baraquements militaires. Aucune de ces installations ne possède des toilettes ou l’eau courante, ce qui fait de la salubrité le plus gros souci, a dit Awwalu Mohammed, responsable de la Croix-Rouge de Jos. L’eau est acheminée par des camions citernes plusieurs fois par semaine, mais cela n’est pas suffisant.
« Les personnes déplacées n’ont pas d’autre solution que de déféquer en plein air, ce qui engendre des risques sérieux pour la santé, surtout pour les enfants », a dit M. Mohammed à IRIN.
La Croix-Rouge du Nigeria, Médecin sans Frontières, l’Agence nationale de gestion des urgences, et la Commission nationale pour les réfugiés fournissent de l’aide humanitaire aux personnes déplacées, avec les ONG locales, la fondation Stefanus et Jama'atu Nasril Islam. Mais M. Mohammed de la Croix-Rouge a dit que malgré cette aide, les conditions de vie étaient « misérables » et qu’il n’y avait pas assez de nourriture, d’eau ou de médicaments pour répondre aux besoins des populations.
Mark Lipdo, coordinateur de programmes de la fondation Stefanus, a dit à IRIN : « Les gens doivent utiliser ce qu’ils peuvent trouver autour d’eux pour [faire] des abris et des toilettes. Il n’y a pas de tentes dans le camp et certains déplacés dorment dehors en dépit du froid ».
La part de l’école
Six cent personnes déplacées dorment dans l’école primaire de Farin Gada dans le nord de Jos, quittant les locaux le matin pour que les enfants puissent aller en classe, a dit M. Lipdo.
« Beaucoup d’entre nous dorment dehors sans matelas, draps ou couvertures malgré le froid, à cause du manque de salles de classe », a dit Halliru Musa.
Les enfants déplacés dormant dans l’école ne peuvent pas suivre les cours car leurs parents n’ont pas les moyens de les inscrire, a dit M. Lipdo.
L’école peut constituer un environnement normalisant après un traumatisme, a dit M. Mohammed de la Croix-Rouge, mais certains enfants auront besoin d’un suivi psychologique pour les aider à avancer après avoir été témoin d’un tel bain de sang. « Nous essayerons d’intervenir dans cette région dans les semaines à venir », a-t-il dit à IRIN.
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