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Qu’est-ce qui alimente l’épidémie de VIH à Selebi-Phikwe?

Drinking traditional sorghum beer at a shebeen in Selebi-Phikwe, in north-eastern Botswana Kristy Siegfried/PlusNews
A bien des égards, Selebi-Phikwe, ville minière d’environ 50 000 d’habitants, dans le nord-est du Botswana, n’a rien d’exceptionnel. Le centre commerçant consiste en une rue principale brûlée par le soleil, accueillant quelques boutiques et une station de taxis ; la mine de cuivre et de nickel située en bordure de la ville constitue la principale source d’emplois pour ses habitants.

Personne ne sait avec certitude pourquoi Selebi-Phikwe présente le taux d’infection au VIH le plus élevé du pays, tout comme personne ne sait avec certitude pourquoi le Botswana – et, plus généralement, l’Afrique du Sud – ont été si durement touchés par la pandémie mondiale du sida.

D’après les résultats d’une récente étude sur la prévalence dans le pays, 26,5 pour cent des adultes de Selebi-Phikwe vivent avec le VIH, comparé à un taux national de 17,6 pour cent. La moitié des hommes et des femmes de la ville âgés de 31 à 49 ans sont infectés.

Aujourd’hui, davantage de personnes séropositives ont accès aux traitements antirétroviraux (ARV) et vivent plus longtemps, ce qui conduit à relativiser les chiffres concernant la prévalence, mais Selebi-Phikwe présente également la plus forte incidence annuelle du VIH (nombre de nouvelles infections) du pays, avec un taux de 4,7 pour cent – 6,9 pour cent chez les femmes et 2,4 pour cent chez les hommes.

Les villes minières présentent souvent des taux d’infection au VIH élevés, mais ces villes sont nombreuses au Botswana. « Nous ne savons toujours pas précisément pourquoi Selebi-Phikwe est particulièrement touchée », a dit Lamech Myengwa, coordinateur de la lutte contre sida pour le district. Une étude est programmée pour tenter d’identifier les facteurs favorisant l’épidémie dans la ville.

En attendant, les théories ne manquent pas. L’une d’entre elles évoque le fait qu’un certain nombre d’usines de textile ont fermé à la fin des années 1990, ce qui a provoqué un fort taux de chômage dans la population féminine, rendant les femmes financièrement dépendantes des hommes travaillant à la mine ; les routiers s’arrêtant sur la route entre la frontière avec l’Afrique du Sud et le nord du Botswana représentent également un marché pour les travailleuses du sexe.

Le commerce du sexe et le sexe transactionnel entre les femmes locales et les mineurs ou les routiers pourraient-ils constituer les principaux facteurs du taux d’infection élevé ? « La plupart des femmes n’ont pas d’argent, surtout depuis que les usines ont fermé », a dit Dikgang Keabetswe, responsable de projet chez Men Sex and AIDS, une organisation communautaire locale.

La mine, qui appartient à Bamangwato Concessions Ltd. (BCL), est facilement accessible depuis la ville, alors que la plupart des autres mines du pays sont relativement isolées. Les mineurs et les habitants de la ville se fréquentent quotidiennement, en particulier à Botshabelo, un quartier informel ou beaucoup de mineurs qui ne peuvent pas être hébergés par BCL trouvent des logements à bas prix.

Dans les bars et les shebeens (débits de boissons informels), la consommation d’alcool alimente les comportements à risque tels que le fait d’avoir des partenaires multiples – une pratique qui, d’après des recherches récentes, pourrait constituer le principal facteur d’infection au VIH en Afrique australe. « La région est le berceau du phénomène des partenaires multiples », a remarqué M. Keabetswe, coordinateur d’un groupe de volontaires qui se rend dans les bars pour parler aux clients des risques du VIH.

BCL a pris des mesures pour répondre à la crise du VIH/SIDA à Selebi-Phikwe, mais la plupart de ces initiatives s’adressent aux 4 200 salariés de la société plutôt qu’à la communauté locale. Quelque 80 pairs éducateurs mènent régulièrement des « sessions bien-être » qui abordent la prévention contre le VIH, et distribuent 25 000 préservatifs par mois à leurs collègues.

Ils ont réussi à persuader 90 pour cent des travailleurs de bénéficier des services de conseil et de dépistage volontaires (VCT) du VIH à l’hôpital de la mine, qui fournit également des traitements ARV, mais ce travail de proximité a été revu à la baisse suite à de récentes réductions budgétaires.

Marumo Johane, chargé de la lutte contre le VIH/SIDA chez BCL, a admis : « La communauté de Phikwe est la communauté de BCL, et je pense que nous devrions peut-être davantage nous concentrer sur la participation communautaire. »

BCL est parvenue à faire baisser de trois pour cent la prévalence du VIH chez ses employés, mais les taux d’infection chez les habitants de la ville, en particulier les jeunes femmes, ont continué à augmenter : 39 pour cent des femmes âgées de 20 à 24 ans sont infectées, contre 5,8 pour cent chez les hommes du même âge. Chez les 30-35 ans, le taux d’infection est encore plus stupéfiant : 61 pour cent chez les femmes, contre 47,7 pour cent chez les hommes.

M. Johane est désemparé – un fort taux de chômage chez les femmes, la consommation d’alcool et les partenaires multiples : « Ce sont des facteurs sociaux qui existent à Phikwe comme dans bien d’autres villes », a-t-il dit à IRIN/PlusNews.

Selebi-Phikwe, qui concentre différents facteurs connus pour favoriser le VIH, est un microcosme qui reflète les multiples facettes de l’épidémie de VIH frappant l’Afrique australe, et illustre l’échec des campagnes de prévention qui se sont concentrées sur un seul aspect du problème, au lieu de répondre à la complexité des questions sous-jacentes telles que la pauvreté, l’inégalité entre les sexes et les normes comportementales acceptées par la société.

ks/he/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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