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Un nouvel accord qui pourrait débloquer l’aide humanitaire

Patience at a WFP food distribution point in Madagascar's parched south Tomas de Mul/IRIN
Le nouvel accord signé par les partis politiques rivaux de Madagascar invite à un « optimisme prudent », mais le délai annoncé de 15 mois pour la tenue de nouvelles élections et le bonus du réengagement des bailleurs risque d’être long.

Le 9 août dernier, les principaux partis politiques malgaches ont signé à Maputo, capitale du Mozambique, un accord de partage du pouvoir, par lequel ils se sont engagés à travailler à la mise en place d’un gouvernement de transition, à mettre fin à des mois de violences politiques, et à organiser de nouvelles élections dans un délai n’excédant pas 15 mois. Didier Ratsiraka et Albert Zafy, anciens présidents du pays, étaient également signataires du document.

« La transition sera neutre, inclusive, pacifique et consensuelle, en vue de l’organisation d’élections régulières et transparentes et de la mise en place d’institutions démocratiques et stables », peut-on lire dans cet accord.

Une attente qui s’annonce longue

L’impasse politique résultant de l’opposition entre Andry Rajoelina, ancien maire d’Antananarivo, la capitale malgache, et Marc Ravalomanana, président destitué, a commencé en 2009, pour atteindre son apogée lors du changement de régime condamné par la communauté internationale pour ses allures de coup d’état.

D’autres tentatives de médiation avaient déjà été menées, sans succès : les parties au conflit étaient toujours aussi loin de trouver un accord, les structures économiques et gouvernementales continuaient à se déliter, et la pression internationale à monter.

Les dernières discussions, présidées par Joaquim Chissano, ancien président du Mozambique, placées sous l’égide de l’Union africaine (UA), et impliquant des représentants des Nations Unies, de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et de l’Organisation internationale de la francophonie, ont été accueillies comme une avancée décisive.

« Nous trouvons très encourageantes les déclarations faites par les dirigeants politiques suite aux négociations », a dit à IRIN Xavier Leus, coordinateur résident du système des Nations Unies à Madagascar.

L’accord définit les conditions d’une période de transition politique, prévoyant notamment l’amnistie des anciens dirigeants, mais ne contient pas de détails clairs ; en outre, les modalités de partage du pouvoir doivent encore être discutées. Une Autorité de la transition, composée d’un président, d’un vice-président, d’un Premier ministre, de trois vice-premiers ministres et de 28 ministres, doit être mise en place d’ici septembre 2009.

« Toute avancée vers [la réconciliation] est positive, et les Nations Unies se doivent de soutenir ces initiatives en tout point », a déclaré M. Leus. « A présent, nous devons surveiller la situation de près et attendre de voir si l’accord sera véritablement respecté : on juge l’arbre à ses fruits ».

Un enjeu de taille

Pour que l’accord soit appliqué de manière effective, il faudra beaucoup de bonne volonté et de patience. M. Chissano a fait remarquer que la communauté internationale ne pourra reconnaître le gouvernement de Madagascar que lorsque de nouvelles consultations populaires auront été tenues. « 15 mois, c’est un délai d’attente très long », a commenté M. Leus.

Madagascar, pays déjà très pauvre, aura du mal à attendre si longtemps. Lorsque la crise a éclaté début 2009, certains organismes régionaux tels que l’UA et la SADC ont suspendu la participation de Madagascar à leurs instances, et les bailleurs ont rapidement cessé d’octroyer à l’île toute aide non-humanitaire.

Même en termes d’aide humanitaire, pourtant, les bailleurs sont loin d’être généreux : les engagements reçus couvrent à peine plus de 50 pour cent des 22 millions de dollars dont la communauté humanitaire à Madagascar aurait besoin pour pouvoir répondre aux dégâts liés aux inondations et aux cyclones survenus début 2009, et à la sécheresse actuelle dont souffre le sud de l’île.

Avant la crise, les Etats-Unis, un des principaux bailleurs, accordaient plus de 110 millions de dollars par an au développement de l’île de l’océan Indien, mais, d’après Rodney Ford, chargé des affaires publiques à l’ambassade américaine de Madagascar, « [nous avons] dû couper tous les financements qui étaient destinés à la HAT [la Haute Autorité de transition, nouveau gouvernement autoproclamé de M. Rajoelina] ou qui passaient par son intermédiaire ».

« Nous sommes à présent dans l’expectative : nous observons la phase d'application [de l’accord], et attendons de voir ce qui va se passer ».

Le 6 juillet, le président de la HAT, Andry Rajoelina, a rencontré des responsables de l’Union européenne (UE) à Bruxelles dans l’espoir de débloquer quelque 880 millions de dollars d’aide gelés, mais il n’a pas réussi à convaincre l'UE que Madagascar avait fait des progrès permettant d’espérer un rétablissement prochain de l’ordre constitutionnel et l’organisation de nouvelles élections. « L'Union européenne n'a pas pu noter de propositions satisfaisantes de la partie malgache », a-t-elle indiqué dans une déclaration, balayant toute perspective de réengagement et d’aide humanitaire.

Cependant, l’UE a déclaré qu’elle reconsidèrerait sa position si les partis politiques rivaux de Madagascar parvenaient à conclure un accord consensuel « permettant un retour à l’ordre constitutionnel ».

tdm/he/il/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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