Les enfants rassemblent plusieurs préservatifs et les placent les uns sur les autres, puis ils les gonflent, les attachent avec du raphia et les recouvrent de chiffons cousus ensemble pour en faire un ballon mou, léger et solide. « Nous utilisons des ballons de préservatifs parce qu’ils sont faciles à faire et ne coûtent pas beaucoup d’argent », explique Carlito, entouré de son équipe.
Ces préservatifs sont parfois ceux que leurs mères reçoivent dans les centres de santé, lorsqu’elles s’y rendent pour des consultations sur la planification familiale ; de crainte que leurs maris ne trouvent ces préservatifs dans leurs sacs à main, elles les donnent souvent à leurs enfants pour qu’ils puissent fabriquer des jouets.
Mais il arrive plus souvent que les enfants reçoivent ces préservatifs gratuits dans les centres de santé, ou dans d’autres endroits où des préservatifs sont mis en étalage à l’entrée et où personne ne surveille qui les prend.
« Il nous est arrivé plusieurs fois de voir notre panier de préservatifs vidé en une demi-journée. Au début, nous étions très contents, mais quand nous avons découvert que les enfants les prenaient pour en faire des ballons et des balles de football, nous les avons mis hors de leur portée », a raconté Eugénio Fumane, qui dirige le studio mobile du Groupe d’éducation sociale de Manica (connu sous son acronyme portugais, GESOM).
Avec l’aide de ses partenaires mozambicains et étrangers, le groupe s’efforce de promouvoir les campagnes de sensibilisation à la santé reproductive et au VIH/SIDA dans diverses régions à haut risque, encourage les populations à se soumettre à des tests de dépistage du VIH, et distribue des préservatifs.
Photo: André Catueira/PLusNews |
La fabrication d’un ballon en préservatifs |
« Pour l’instant, l’une des plus grosses difficultés consiste à éduquer les populations et à les sensibiliser à l’utilisation des contraceptifs, et surtout des préservatifs », a expliqué Arão Uaquiço, coordinateur du Noyau provincial de lutte contre le sida (NPCS), à Manica.
Dans le cadre du nouveau plan stratégique national mis en place au Mozambique, l’utilisation du préservatif est recommandée comme principal moyen de freiner la transmission du VIH.
« Lorsqu’ils sont utilisés systématiquement et correctement, les préservatifs sont un moyen efficace de prévenir le VIH, la gonorrhée et les grossesses non-désirées, mais les résultats des efforts de distribution peuvent être réduits à néant si, au lieu de cela, ils sont utilisés pour fabriquer des jouets », a dit M. Uaquiço.
Selon lui, les enfants risquent également de jouer avec des préservatifs usés. « Quand ils ne peuvent avoir accès à des préservatifs gratuits dans les institutions, les enfants, en particulier les enfants des rues, se résolvent à fouiller les poubelles, où ils trouvent parfois des préservatifs usés, qu’ils prennent pour fabriquer leurs ballons de football ».
Vente interdite aux mineurs
Population Services International (PSI), un important organisme américain de marketing social, crée actuellement, en coopération avec ses vendeurs, une campagne destinée à interdire la vente des préservatifs aux mineurs. « Nous ne mettons jamais de préservatifs à la disposition des enfants », a assuré Tomas Reis Madeira, le représentant provincial de PSI à Manica.
Le GESOM décourage également l’utilisation des préservatifs par les enfants dans ses campagnes, et distribue désormais des préservatifs aux adolescents, aux jeunes et aux adultes. « Nous avons de nouvelles marques de préservatifs, dont la distribution est plus limitée. Ces préservatifs sont conçus pour des groupes particuliers », a expliqué M. Madeira.
En 2008, PSI a vendu plus de deux millions de préservatifs dans la province de Manica, et vendu ou distribué gratuitement plus de 55 millions de préservatifs dans l’ensemble du pays (soit environ trois préservatifs pour chaque Mozambicain).
ac/ll/jh/kn/he/nh/ail
This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions