Quelque 200 victimes de viol se sont réunies le 28 mai à Yaoundé, la capitale, et plusieurs d’entre elles, femmes et filles, ont raconté leur histoire lors de la cérémonie d’ouverture de la campagne.
« Dorénavant, nous allons parler publiquement du viol afin qu’il ne soit plus un sujet tabou dans notre société, » a déclaré Olivia Bikoe, membre du RENATA (Réseau national des associations de tantines), une organisation non-gouvernementale (ONG) locale qui soutient les jeunes mamans, et a participé à l’organisation de la campagne.
Madeleine, 24 ans, a confié à IRIN qu’elle avait été violée pendant cinq ans, depuis l’âge de huit ans, par un de ses voisins, âgé d’une vingtaine d’années. Comme bon nombre de femmes et de filles présentes à la cérémonie, elle a expliqué qu’elle s’était sentie coupable pendant des années ; ce n’est qu’avec le temps, et après avoir discuté de son problème qu’elle a compris qu’elle ne l’était pas.
Dans le cadre de la campagne, menée par l’organisme de développement allemand GTZ, les femmes et les filles qui ont été violées seront encouragées à parler de ce qu’elles ont vécu dans les écoles et dans les médias.
Selon les organisateurs, la campagne vise en partie à attirer l’attention de la société sur le viol et l’inceste, deux phénomènes en recrudescence, disent-ils, au Cameroun.
Près d’un cinquième des quelque 432 000 victimes de viol ont été violées par un membre de leur famille, selon le rapport, publié par GTZ et le ministère de la Santé, et fondé sur les entretiens accordés par 37 719 femmes, aux quatre coins du pays.
Flavien Ndonko, anthropologue et directeur du programme de lutte contre le VIH/SIDA de GTZ, a expliqué à IRIN que le nombre de viols avait considérablement augmenté au fil des ans. « Autour des années 1970, les cas de viol étaient extrêmement rares (0,1 pour cent des femmes et des filles). Mais depuis les années 1980, nous assistons à une véritable explosion des agressions sexuelles, ciblées, en particulier, sur les adolescents ».
D’après l’étude, en effet, l’âge moyen des victimes de viol est de 15 ans.
Selon M. Ndonko, il importera d’étudier davantage ce phénomène, afin de comprendre les raisons de sa recrudescence.
Au Cameroun, le viol est un crime passible d’une peine pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité, mais seul un violeur sur 20 environ est condamné, en grand partie parce que le viol est banalisé au sein de la société, d’après M. Ndonko.
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