Selon le Centre interne de suivi des déplacements du Norwegian Refugee Council (IDMC), entre 50 000 et 70 000 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP) vivent dispersées aux quatre coins du Népal, principalement dans les villes, bien que le conflit armé et les violences interethniques localisées qui avaient provoqué leur déplacement aient pris fin.
Selon l’IDMC, la moitié d’entre eux environ sont des femmes. D’après les estimations du ministère de la Paix et de la Reconstruction (MPR), sur les 50 000 habitants qui ont fui à Katmandou en raison du conflit, la moitié environ sont également des femmes.
Toutefois, au sein d’une société où la plupart des femmes sont déjà victimes de discrimination, les femmes déplacées, en particulier celles qui ont perdu leur mari, sont particulièrement vulnérables à l’exploitation et à la pauvreté, et souvent exposées à des risques de santé et de sécurité importants, selon un rapport publié par l’IDMC en 2008.
« Personne ne se soucie plus de nous. Nous nous sentons abandonnés », a déclaré à IRIN Sushmita Basnet, 22 ans. Sushmita a fui à Katmandou en 2001, après avoir été blessée au cours d’une fusillade entre les combattants maoïstes et les forces armées du gouvernement, alors qu’elle s’occupait de ses vaches. Handicapée à vie, elle vit aujourd’hui dans un refuge géré par Raksha Nepal, une organisation non-gouvernementale (ONG) locale.
Sans compétence, la plupart des filles qui ont fui les zones rurales pour se réfugier en milieu urbain n’ont pas pu trouver d’emploi. Nombre d’entre elles ont ainsi fini par travailler dans des conditions relevant de l’exploitation, en s’exposant au risque d’être victimes de maltraitances physiques, selon le rapport.
Photo: Naresh Newar/IRIN |
Les femmes déplacées vivent dans des conditions particulièrement difficiles |
Pourtant, plus de deux ans après la conclusion d’un accord de paix entre les rebelles maoïstes et le gouvernement népalais, peu de mesures ont été prises pour aider les déplacés, selon les travailleurs humanitaires qui exercent sur le terrain.
« L’indifférence de plus en plus marquée, manifestée par le gouvernement met gravement en danger de nombreuses femmes, qui n’ont d’autre choix que d’accepter n’importe quel emploi, pour survivre et nourrir leurs enfants », a expliqué Menuka Thapa, directrice de Raksha Nepal.
Par « gravement en danger », Mme. Thapa fait référence, a-t-il expliqué, au fait que de nombreuses femmes travaillent actuellement dans des salons de massage, des restaurants-cabines, ou d’autres établissements où elles sont exposées aux sévices sexuelles, à l’exploitation et même à la traite.
Des ONG ont expliqué qu’elles hébergeaient les déplacées et leur apportaient un soutien, en dépit de ressources limitées, notant toutefois que l’aide humanitaire internationale accordée aux déplacés était de plus en plus réduite : les projets sont progressivement interrompus et l’Etat assume de plus en plus la responsabilité des déplacés.
Les représentants des autorités publiques ont déclaré avoir progressé en matière d’aide aux PDIP en élaborant une politique nationale conforme aux principes directeurs des Nations Unies sur les déplacements internes, mais d’après les ONG, aucun programme ciblant les femmes et les enfants déplacés n’a été lancé par l’Etat dans les domaines de l’éducation, de la santé et des formations professionnelles.
« Le gouvernement doit lancer immédiatement des programmes de formation professionnelle pour permettre aux femmes déplacées sans défense de démarrer une nouvelle vie », préconise Yuvraj Thapa, directeur de la Société des handicapés et des victimes du conflit, une ONG locale.
Selon l’IDMC, la viabilité des rapatriements est compromise par le peu d’aide que reçoivent les PDIP.
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