Chaque jour, plus de 1 000 patients souffrant de diarrhée viennent se faire soigner à l’hôpital spécialisé dans le traitement des maladies diarrhéiques de Dhaka (ICDDR-B) : le centre fonctionne aux limites de ses capacités, ne pouvant accueillir plus de 350 patients à la fois.
Chaque année, des épidémies se déclarent dans la ville, mais celle-ci semble particulièrement grave. Selon l’ICDDR-B, 19 000 patients ont été admis en mars 2009 contre 7 890 en mars 2008. En avril 2009, quelque 23 000 ont également été admis, contre 13 932 en avril 2008.
A l’ICDDR-B, plus de la moitié des patients à soigner sont des enfants.
Cette dernière épidémie a fait 37 morts, la plupart ayant succombé pendant le trajet vers les centres de santé, selon des sources du Directoire général des services de santé (DGHS).
« La canicule a provoqué une pénurie d’eau potable, cause principale du nombre élevé de patients. S’il continue à faire aussi chaud …, le nombre de patients souffrant de diarrhée continuera d’augmenter », a déclaré à IRIN Shahadat Hussein, chef du service d’hospitalisation prolongée de l’ICDDR-B.
A Dhaka, l’eau courante est la première source d’eau potable, mais dans les bidonvilles de Dhaka, où vivent plus de 1,3 million d’habitants, seul un foyer sur quatre est relié, d’une manière ou d’une autre, au réseau hydraulique (Bureau bangladais de la statistique, 2005).
Signe de la gravité de la situation, le ministère de la Santé a donné ordre à tous les centres de santé de Dhaka de dispenser des services 24 heures sur 24.
A.F.M. Ruhul Haque, ministre de la Santé, a également annoncé l’ouverture de centres de soins temporaires dans toute la capitale, mais le 4 mai, seul un centre de ce type avait ouvert ses portes, à l’université de Mirpur Ayurvedic.
Selon des sources des Services d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées de Dhaka (WASA), des coupures de courant de huit à 12 heures par jour empêchent le fonctionnement des pompes à eau et entraînent ainsi des pénuries d’eau.
Photo: Contributor/IRIN |
L’ICDDR-B a monté des tentes dans le parking, pour absorber le trop-plein |
Les habitants des bidonvilles de Dhaka sont ainsi contraints d’exploiter des sources d’eau contaminées (rivières, fossés, étangs et flaques d’eau). Même l’eau fournie par le WASA est souvent trouble et infecte.
Selon Azharul Islam Khan de l’ICDDR-B, la chaleur étouffante incite également les habitants à acheter des sorbets à boire, préparés à partir d’eau contaminée.
D’après les médecins de l’ICDDR-B, la plupart des patients sont issus de groupes de population à faible revenu, et bon nombre d’entre eux sont sans domicile fixe et ne sont pas approvisionnés en eau salubre.
Si bouillir l’eau permet de se protéger contre les infections, le combustible requis est onéreux et les habitants des bidonvilles (qui représentent près de 30 pour cent de la population de la ville) le gardent pour s’en servir principalement pour la cuisine.
Assainissement
Dans de nombreuses zones, un assainissement insuffisant, conjugué à la canicule, ne fait qu’aggraver la situation.
« Les bactéries E. coli et les rotavirus sont les principales causes d’infection diarrhéique ... Lorsqu’il fait chaud, les pathogènes prolifèrent plus rapidement que dans le froid », a expliqué Shahadat Hussein de l’ICDDR-B à IRIN.
« Au cours de cette dernière épidémie, nous recevons des cas des deux types d’infections. Les infections à rotavirus sont prédominantes chez les enfants, tandis que l’E. coli est la première suspecte dans les cas d’infection chez l’adulte », a-t-il expliqué.
Les cas de déshydratation les plus graves, a-t-il également indiqué, sont traités par réhydratation intraveineuse et thérapie de réhydratation orale (ORT), couplées à des compléments de zinc. Quant aux patients moins gravement atteints, ils sont nourris d’aliments liquides, en plus de l’ORT.
La diarrhée est une des principales causes de décès, chez les enfants du Bangladesh. Selon les recherches menées par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en 2004, 36 000 enfants de moins de cinq ans succombent chaque jour à cette maladie.
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