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Un détecteur d’arsenic sauve des vies

Au Bangladesh, plusieurs millions de personnes continuent de boire l’eau de puits tubés contaminés à l’arsenic, la source d’eau de boisson la plus courante du pays, selon les spécialistes de la santé.

Selon une enquête menée en 2001 par le British Geological Survey, plus de 50 millions de personnes boivent l’eau de ces puits au Bangladesh ; aujourd’hui, ce nombre est plus proche des 100 millions, selon Mohammad Quamaruzzaman de l’hôpital communautaire de Dhaka.

D’après les scientifiques et les hydrologues, l’eau de boisson contaminée à l’arsenic au Bangladesh, un pays densément peuplé, pourrait constituer le pire cas jamais observé d’empoisonnement collectif d’une population.

Au Bangladesh, le niveau acceptable d’arsenic dans l’eau de boisson a été fixé à 50 parties par milliard (PPB), soit 0,05 microgrammes par litre d’eau de boisson, tandis que la norme mondiale approuvée, fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est de 10 PPB.

« Si le niveau de contamination de l’OMS, fixé à 10 PPB (0,01 microgramme par litre) était accepté au Bangladesh, le pourcentage de puits tubés contaminés pourrait se situer entre 70 et 100 pour cent dans certaines des régions où la contamination à l’arsenic est endémique », a affirmé Mahmuder Rahman, de l’hôpital communautaire de Dhaka.

Contamination généralisée

Après la découverte d’arsenic formé naturellement dans les nappes phréatiques du Bangladesh au début des années 1990, les travaux initiaux se sont axés sur la sensibilisation et l’analyse des puits tubés, pour déterminer l’ampleur du problème, a expliqué Rick Johnston, spécialiste en eau et assainissement au Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF).

« Plus de cinq millions de puits tubés ont été testés et l’on sait qu’environ 20 pour cent des puits du pays dépassent la limite autorisée par le gouvernement de 50 parties d’arsenic par milliard d’unités d’eau potable », a déclaré M. Johnston.

Depuis lors, l’axe d’intervention a changé : il s’agit désormais, pour résoudre ce problème, de fournir d’autres sources d’eau salubre dans les régions les plus touchées.

Ainsi, depuis 2000, plus de 100 000 nouveaux points d’eau (puits tubés, puits ordinaires, collecteurs d’eau de pluie, système de filtration de l’eau des étangs au sable, etc.) ont été installés.

« Mais beaucoup de gens restent exposés et le Bangladesh risque de ne pas réussir à atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) lié à l’eau salubre », a averti M. Johnston.


Photo: Shamsuddin Ahmed/IRIN
Les puits contaminés à l'arsenic sont peints en rouge. L'eau provenant de ces pompes ne doit pas être bue
Le Bangladesh espère en effet réduire de moitié le nombre de personnes privées d’un accès durable à l’eau potable et à l’assainissement entre 1990 et 2015.

Problème d’analyse

« Sur les 10 millions de puits tubés que compte le pays, cinq millions ont été testés, et les cinq autres millions doivent être testés. Les kits d’analyse de terrain sont le seul moyen de tester autant de puits en un laps de temps si bref », a indiqué M. Johnston.

Pourtant, les kits de terrain utilisés dans les années 1990 se sont révélés inefficaces. En 1998, toutefois, Walter Kosmus de la Karl-Franzens University, en Autriche, a créé un kit de détection de l’arsenic sensible, précis et convivial, qu’il a baptisé le Digital Arsenator, le premier instrument numérique de terrain capable de mesurer le taux d’arsenic dans l’eau en PPB.

« Le Digital Arsenator est meilleur, car au lieu de déterminer à l’œil nu la teneur en arsenic en comparant la couleur de l’eau contaminée aux différentes teintes présentées sur le graphique des couleurs, on peut obtenir le taux de contamination réel de l’eau à l’arsenic en affichage numérique », a indiqué M. Johnston.

Précise à la PPB près, la machine conjugue la précision d’une analyse de laboratoire à la portabilité de terrain ; en seulement 20 minutes, elle donne des résultats pouvant être compris entre 2-100 PPB, l’écart critique.

De plus, cela permet d’être moins dépendants de techniques d’analyse coûteuses, réalisées en laboratoire. Il est simple et facile à utiliser, et respecte l’environnement.

« Les Arsenators sont bien parce qu’ils sont portables. D’autres machines permettent également d’obtenir des résultats précis, mais elles sont volumineuses et lourdes et ne peuvent pas être transportées sur le terrain », a convenu Mohammad Ibrahim, ingénieur et directeur adjoint d’un projet d’eau et d’assainissement mené par le gouvernement et l’UNICEF.

« Muni d’un Arsenator, on peut obtenir le taux exact d’arsenic dans l’eau sur le site même », a-t-il indiqué.

La machine coûte environ 2 000 dollars. L’UNICEF Bangladesh en a déjà acheté 50 à utiliser en collaboration avec le gouvernement et ses organisations non-gouvernementales partenaires.

sa/ds/mw/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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