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Près de cinq millions de Burkinabè vulnérables à la méningite

Alors que les experts redoutent une épidémie majeure de méningite en Afrique cette année, l’infection bactérienne a franchi le seuil épidémique dans certaines régions du Burkina Faso.

« Malgré les efforts fournis par le gouvernement et ses partenaires, pour 2008, les campagnes de vaccination n’ont pas été menées dans tous les districts en proie à l’épidémie », a déclaré Alain Yoda, le ministre burkinabè de la Santé, lors d’une conférence de presse qui s’est tenue au début du mois de janvier.

Au total, 774 cas de méningite ont été déclarés, le seuil épidémique ayant été atteint dans le district de Mandogara, près de la frontière avec la Côte d’Ivoire, et trois autres districts sanitaires étant en état d’alerte.

D’après les estimations du docteur Souleymane Sanou, directeur général de la santé au ministère de la Santé, dans 20 districts sanitaires du pays, quelque cinq millions de personnes sont actuellement vulnérables à la méningite.

Le gouvernement a reçu un million de doses de vaccin pour faire face à l’épidémie.

Pénurie de vaccins

Toujours selon M. Sanou, le nombre élevé de personnes vulnérables au Burkina Faso s’explique en partie par le fait que le gouvernement n’a pas été en mesure de déterminer avec précision les régions qui seraient frappées par l’épidémie et n’a pas mené de campagnes de vaccination dans toutes ces régions.

Seules les populations d’un seul des districts touchés par l’épidémie ont été vaccinées au cours des trois dernières années et au total, 19 des 55 districts sanitaires que compte le pays n’ont pas été couverts, a-t-il déploré.

« La durée d’immunisation du vaccin contre la méningite est de trois ans », a indiqué M. Sanou. « Dans les régions touchées par l’épidémie, les populations ont été vaccinées depuis plus de trois ans ».

Le Burkina Faso manque de vaccins et n’a pas les moyens de s’en acheter. Aussi les agents de santé n’ont-ils d’autre choix que d’attendre que la maladie se déclare avant de pouvoir réagir, ont indiqué les autorités.

Quant au docteur André Ouedraogo, conseiller régional de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il a condamné l’attitude des bailleurs de fonds. La prévention de maladies qui risquent de ne pas se déclarer coûte cher. Les bailleurs préfèrent donc attendre qu’il y ait une crise pour débloquer des fonds et financer une opération d’urgence, a-t-il affirmé.

Pour l’année 2008, l’OMS a sollicité 14 millions de dollars américains auprès des bailleurs de fonds pour financer l’achat de 12 millions de doses de vaccin et de matériel d’injection, et pour couvrir les coûts de transport, de stockage et d’assurance, pour pouvoir renforcer ses opérations de prévention dans la région.

Les étapes suivantes

Selon le ministre de la Santé, en plus des 2,2 millions de dollars déjà débloqués, le gouvernement a besoin de 4,5 millions de dollars pour se préparer à faire face à une épidémie qui pourrait toucher les 55 districts sanitaires du pays.

Cette aide financière devrait permettre d’apporter une réponse à l’épidémie actuelle, à travers des campagnes de vaccination et une surveillance de la propagation de la maladie, mais aussi de prévenir les futures épidémies, en menant des campagnes de sensibilisation et en dotant les districts sanitaires de tous les médicaments dont ils ont besoin, a-t-il suggéré.

« Nous avons besoin de partenaires qui s’impliquent et apportent une contribution au budget », a indiqué le docteur Sylvestre Tiendébéogo, chef de service à la direction de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé.

Les principaux bailleurs de fonds du Burkina Faso sont l’Union européenne et la Banque mondiale, la France étant le premier pays contributeur d’aide bilatérale.

Une stratégie de lutte plus économique

D’après Maxime Yaméogo, responsable santé de la Croix-Rouge burkinabè, il est possible d’en faire davantage pour prévenir les risques de propagation de la maladie, sans avoir besoin des millions de dollars des bailleurs de fonds.

La Croix-Rouge burkinabè forme des volontaires pour essayer de sensibiliser les populations à la maladie et de leur indiquer les mesures préventives à prendre pour ne pas la contracter.

À une plus grande échelle, la Fédération internationale de la Croix-Rouge (FICR) a lancé un appel de fonds d’un montant de 450 000 dollars américains pour mener des opérations similaires dans 10 pays de la sous-région.

Au moins 80 millions de personnes dans les 21 pays d’Afrique qui s’étendent de l’Ethiopie, à l’est, à la Mauritanie, à l’ouest, et qui constituent la région souvent appelée la « ceinture méningitique » de l’Afrique auront sans doute besoin d’être vaccinées contre cette maladie cette année, selon un porte-parole de l’OMS.

Des seuils épidémiques ont également été observés dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest à la fin de l’année 2007 et au début de l’année 2008. Deux cent cinquante cas ont été constatés dans les Etats de Jigawa et de Katsina, dans le nord du Nigeria, et la maladie a également fait 18 morts au Mali, au Niger et au Ghana, selon l’OMS.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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