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Participation des usagers aux coûts des soins - avantage ou inconvénient ?

Alors que les autorités libériennes s’interrogent sur le maintien ou pas de la gratuité des services dans les hôpitaux publics, des représentants du gouvernement, d’organisations non-gouvernementales (ONG) et de bailleurs de fonds au Liberia étudient les avantages et les inconvénients de la participation des usagers aux coûts de santé.

Dans un document relatif à la politique nationale de santé, publié le mois dernier, le gouvernement a indiqué qu’en raison notamment de la « pauvreté accablante » du pays, il maintenait la suspension des frais de soins de santé primaire en attendant les conclusions d’une étude plus approfondie.

Dans le cadre des délibérations du gouvernement, une commission élargie étudie actuellement l’impact de la participation des usagers aux frais de soins de santé primaire et les diverses options de financement du secteur de la santé.

Cette étude devrait permettre d’estimer les recettes générées par les frais payés par les usagers et le fait qu’une telle participation financière pourrait dissuader les populations de recourir aux services de santé, a expliqué un expert en développement au Liberia.

Pour bon nombre de partisans de la suppression des frais, ces sommes ne représentent pas une contribution financière importante dans les caisses de l’Etat.

« Compte tenu du niveau de pauvreté accablant de la population, le ministère [de la Santé et des affaires sociales] a décidé de suspendre la participation des usagers aux coûts des services de santé primaire », pouvait-on lire dans le document relatif à la politique de santé du Liberia.

Selon le document, la suspension « sera maintenue jusqu’à ce que la situation socio-économique s’améliore et que les systèmes de gestion financière atteignent un niveau de performance permettant d’assurer une bonne analyse, comptabilité et utilisation des revenus ».

Entre temps, le gouvernement va étudier les dépenses de santé privées afin d’élaborer une « politique globale de financement de la santé favorable aux populations défavorisées ».

L’étape suivante ?

Les ONG favorables à la gratuité des soins de santé se réjouissent de la suspension de la participation des usagers aux coûts de santé, mais se disent inquiètes de ce que pourrait impliquer cette politique de financement.

« Nous nous réjouissons que le Liberia ait maintenu la gratuité des soins santé », a expliqué Sebastian Roy, coordinateur des opérations pour l’Afrique de l’Ouest à Médecins sans frontières – Belgique. « Mais la question est de savoir pendant combien de temps vont-ils financer la gratuité des soins de santé ? Il faudra pour cela faire appel aux bailleurs de fonds internationaux ».

Pour l’année fiscale 2007-08, le budget de la santé est de 10,9 millions de dollars pour un budget global inférieur à 200 millions de dollars.

« Compte tenu de notre petit budget […] le gouvernement est limité dans le soutien qu’il peut apporter au [système de santé], notamment en termes de médicaments, de fournitures médicales et de salaires des agents de santé » a expliqué à IRIN Bernice Dahn, vice-ministre de la Santé.

Pour l’instant des organisations humanitaires internationales continuent de soutenir la plupart des établissements hospitaliers publics, mais ce ne sera pas toujours le cas.

MSF et d’autres ONG ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle s’implique davantage dans le renforcement des systèmes de santé des pays pauvres, car même les plans d’assurance santé nationaux si souvent proposés – bien que moins « douloureux » que les frais payés par les usagers – grèvent encore trop lourdement le budget des foyers.

« Il faudra nécessairement avoir recours aux financements internationaux », a expliqué Hélène Lorinquer de MSF-B. « Sans des financements internationaux [prévisibles et sûrs], le gouvernement va se tourner vers d’autres sources de financement telles que les contributions versées par la population ou par les patients ».

Selon MSF-B, les bailleurs de fonds et les organisations internationales préoccupés par la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) – notamment par la réduction de deux tiers de la mortalité infantile d’ici à 2015 – ne devraient pas dans le même temps promouvoir la participation des usagers aux coûts de santé.

« Le principe même d’une telle participation est tout à fait contraire aux OMD », a expliqué Mme Lorinquer. « Elle appauvrirait la population et constituerait une entrave à l’accès aux soins de santé ».

MSF-B s’est dit « très préoccupé » par les déclarations de la Banque mondiale à propos de la recherche de solutions « durables » à la gratuité des soins, si les financements des bailleurs internationaux venaient à manquer.

« L’objectif doit être de s’assurer que les financements des bailleurs de fonds ne s’épuisent pas, mais qu’ils augmentent et atteignent un niveau qui permettra au Liberia de trouver une réponse appropriée aux problèmes de santé auxquels il est confronté ».

Quelles solutions de financement ?

Selon Alex Preker, économiste de la santé à la Banque mondiale, l’institution financière et les autres bailleurs de fonds essaient de trouver des solutions en vue de mobiliser des fonds pour le secteur de la santé. La Banque mondiale, a-t-il dit, n’est pas favorable à la participation des usagers aux coûts de santé, contrairement à ce qu’on pense généralement.

« Nous ne sommes ni pour, ni contre. En revanche, nous sommes pour une politique qui donne aux personnes défavorisées et aux enfants la possibilité d’accéder aux soins de santé ».

Toutefois, a-t-il poursuivi, « les solutions doivent être économiquement viables […] Il faudra bien que quelqu’un paie les services de soins de santé. Il nous faut mettre en place [un mécanisme de financement] pour remplacer la participation des usagers aux coûts des soins, mais il n’existe pas de système de soins de santé entièrement gratuit ».

Certains pays africains ont instauré des plans d’assurance maladie où les cotisations d’assurance sont financées par des taxes et d’autres ressources financières. Selon les partisans de cette solution, elle permet de financer le secteur de la santé et de le rendre accessible à tous.

Le Département britannique du développement international - Department for International Development/DFID – qui participe aussi à l’étude sur le financement du secteur de la santé, pense que la participation des usagers aux coûts des soins aura plus d’inconvénients que d’avantages, surtout dans un contexte comme celui du Liberia.

« Nous pensons que la preuve est faite : la participation des usagers aux coûts des soins n’est pas souhaitable car elle ne génère pas d’importantes ressources financières dans un pays africain type ; c’est plutôt un facteur qui dissuade les populations défavorisées de se rendre dans des centres de soins de santé », a expliqué à IRIN Desmond Curran du DFID, au Liberia.

Selon M. Dahn du ministère de la Santé, la commission devrait achever au milieu de l’année 2008 un rapport présentant les « avantages et inconvénients qu’il y a à maintenir ou à suspendre la participation des usagers aux coûts de santé ».

np/vj/ads/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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