« Des accusations publiques dénuées de tout fondement peuvent être très préjudiciables à la conduite de nos opérations humanitaires et de développement et menacent la sécurité du personnel des Nations Unies et des organisations non-gouvernementales partenaires », a déclaré Neil Buhne, coordinateur résident et coordinateur humanitaire des Nations Unies au Sri Lanka, dans un récent communiqué publié par l’équipe pays du Comité permanent interagence (ISAC) des Nations Unies.
La mise en garde de M. Buhne est une réponse aux récentes accusations portées contre le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) par des membres de l’opposition sri-lankaise et largement relayées par la presse locale.
L’agence des Nations Unies a notamment été accusée d’importer des « rations de combats » destinées aux combattants du Liberation Tigers of Tamil Eelam (LTTE, Tigres de libération de l'Eelam tamoul), d’avoir fait parvenir des fonds à la Tamil Rehabilitation Organisation (TRO), une organisation interdite, et d’avoir laissé certains membres de son personnel participer à une manifestation locale en juin 2007. Le 26 novembre, l’UNICEF a été accusée d’avoir livré des véhicules blindés à la LTTE.
Au cours d’un débat au Parlement, le 22 novembre, Wimal Weeravansha, un député du People’s Liberation Front, a demandé à qui était destiné le conteneur de rations alimentaires prêtes-à-consommer importé par l’UNICEF.
« Ce type de nourriture n’est pas destiné à une population civile », a-t-il déclaré devant le Parlement. « Généralement, elle est fournie aux unités militaires engagées dans des opérations de guérilla et c’est pour cette raison que ces colis alimentaires sont appelés ‘rations de combat’ ».
Le conteneur de l’UNICEF avait été saisi le même jour par les autorités douanières sri-lankaises.
Dans un communiqué publié le 23 novembre, le bureau du coordinateur résident et coordinateur humanitaire des Nations Unies avait indiqué que ces rations avaient été importées pour le compte des 12 agences et partenaires des Nations Unies comme la Banque mondiale, la Banque de développement de l’Asie, le Programme des Nations Unies pour le développement, le Bureau des Nations pour la coordination des affaires humanitaires, et qu’elles étaient destinées à leur personnel en cas de situation de crise.
Les Nations Unies prêtes à participer aux enquêtes du gouvernement
Photo: Amantha Perera/IRIN |
Manifestion du 6 juin 2007 contre la recrudescence de la violence envers des travailleurs humanitaires. La participation présumée de trois agents de l'UNICEF pose le problème de l'impartialité du personnel de l'agence onusienne. |
« Les Nations Unies et leurs partenaires suivront les procédures engagées et approuvées par le gouvernement, en participant notamment aux enquêtes sur tout fait délictueux présumé ».
A propos des accusations de certains partis politiques sri-lankais faisant état du financement par l’UNICEF de la TRO, le ministre sri-lankais des Affaires étrangères a, dans un communiqué du 23 novembre, indiqué que l’UNICEF avait accepté de publier l’audit de ses opérations financières au Sri Lanka pour prouver qu’il n’y a eu aucune transaction avec la TRO. L’organisation a été interdite aux Etats-Unis, et par la suite au Sri Lanka, parce qu’elle servirait de façade aux Tigres tamouls.
Gordon Weiss, porte-parole de l’UNICEF, a confié à IRIN que l’agence onusienne avait cessé de travailler avec la TRO depuis le début de l’année 2006. Il a également rejeté les accusations de M. Weeravansha selon lesquelles l’UNICEF aurait livré des véhicules blindés aux Tigres tamouls. « Un seul véhicule a été modifié pour résister aux explosions et il est encore en service à l’UNICEF » a affirmé M. Weiss.
Trois membres du personnel des Nations Unies participent aux manifestations
Concernant la participation de certains membres de son personnel à des manifestations, la direction de l’UNICEF, à New York, envisage de prendre des mesures à l’encontre de trois fonctionnaires du bureau de Sri Lanka qui ont pris part à la manifestation publique, a indiqué la représentation de l’agence onusienne à Colombo. En effet, le 6 juin des associations de la société civile avaient organisé des manifestations pour dénoncer la recrudescence des actes de violence envers les travailleurs humanitaires.
Le 23 novembre, le ministre sri-lankais des Affaires étrangères avait demandé à Phillippe Duamelle, le représentant pays de l’UNICEF, « de prendre les mesures appropriées à l’encontre des membres du personnel qui ont participé à la manifestation, en envisageant notamment le retrait du personnel expatrié et le licenciement du personnel local ayant participé à cette manifestation ».
Toutefois, selon M. Weiss, au moment où la requête du gouvernement a été transmise à l’UNICEF, une enquête interne sur la manifestation était déjà en cours.
M. Weiss a confié à IRIN qu’un des trois membres du personnel incriminés avait déjà quitté les services de l’agence onusienne et que les deux autres, un expatrié et un ressortissant sri-lankais, étaient toujours en poste au bureau de l’UNICEF à Colombo.
« Toute entorse au règlement par un membre du personnel est prise très au sérieux », a indiqué M. Weiss, ajoutant qu’il est interdit au personnel des Nations Unies de participer à des activités susceptibles de remettre en cause l’impartialité de l’UNICEF.
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