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Cinquième décès à la suite des flambées de violence dans l'est

Les tensions sont vives à Anloga, un district de la région de la Volta, au Ghana, depuis la mort d’un homme placé en détention ; il s’agit du cinquième décès depuis le 1er novembre, date à laquelle des flambées de violence, liées à une querelle de chefferies qui dure depuis 10 ans, ont secoué le district.

Selon les associations de défense des droits humains, cinq jours après les échanges de tirs entre la police et un groupe de personnes qui aurait lancé un raid au cours d’une cérémonie organisée par une famille rivale en vue de la nomination d’un chef, la peur règne dans le district, situé quelque 150 kilomètres à l’est d’Accra, la capitale.

Depuis la mort du dernier chef suprême, il y a 10 ans, deux familles royales de la région, qui appartiennent toutes deux à l’ethnie des Anlos, se disputent sa succession.

Le 1er novembre, alors que l’un des deux groupes menait une série de cérémonies devant aboutir à la nomination d’un nouveau chef suprême, ou « Awoamefia » en langue Ewe, plus de 100 membres du clan rival – armés, selon des témoins, de fusils AK-47 et de matraques – ont lancé un raid sur le lieu des cérémonies.

Les échanges de tirs qui se sont ensuivis entre la police et les assaillants ont coûté la vie à trois personnes ; la question des responsabilités dans le déclenchement de la fusillade fait l’objet d’une controverse.

Le corps d’un officier de police, enlevé au cours des troubles, a été retrouvé le lendemain, au fond d’une lagune. Les habitants de la région ont rapporté aux associations de défense des droits humains que la police avait ensuite procédé à des arrestations massives dans la région.

Un responsable des forces de police a en effet confirmé à IRIN que 74 personnes avaient été appréhendées à la suite de l’affrontement, dont sept sont toujours en détention à Ho, capitale de la Volta.

Un décès inexpliqué

On ignore les circonstances du décès, le 5 novembre, du détenu, âgé de 32 ans. La police et l’avocat chargé de représenter les détenus ont expliqué à IRIN qu’ils attendaient les résultats de l’autopsie pour déterminer si son décès avait été provoqué par des actes de violence policière.

Selon Alfred Agbesi, un avocat, de nombreux détenus ont déclaré avoir été passés à tabac par la police. « Ils disent tous avoir été battus, giflés, frappés par des officiers de police », a-t-il rapporté.

Alors qu’il visitait une cellule de détention en compagnie d’un député, M. Agbesi a lui-même vu un policier asséner un coup de pied à un détenu, a-t-il dit. « Nous avons protesté et l’officier responsable s’est excusé ».

Patrick Timbilla, qui dirige les opérations de la police ghanéenne, a confirmé le décès du détenu, mais a conseillé de se garder de toute conclusion hâtive.

« Il s’agit d’un événement malheureux, mais je recommande qu’on ne s’empresse pas de pointer des doigts accusateurs, de désigner des coupables et de trouver des raisons à sa mort », a déclaré M. Timbilla.

« Nous attendons les résultats de l’autopsie, qui nous permettra de déterminer les causes exactes de son décès », a-t-il poursuivi. « Je vous promets que si la police est mêlée, de quelque façon, à sa mort, personne ne sera épargné. [Les coupables] devront assumer toutes les conséquences légales de leurs actes ».

''...Je vous promets que si la police est mêlée, de quelque façon, à sa mort, personne ne sera épargné. [Les coupables] devront assumer toutes les conséquences légales de leurs actes...''
Des antécédents de violences policières

Toutefois, selon Nana Oyé Lithur, coordinatrice régionale des bureaux africains de l’Initiative du Commonwealth pour les droits humains (CHRI), le Ghana a des antécédents en matière de violences policières.

« La négligence et la brutalité de la police font des victimes au Ghana ; alors même que [la police] est censée protéger des vies », a-t-elle expliqué à IRIN, depuis Accra.

Une équipe composée de membres de la CHRI et du Centre des ressources juridiques d’Accra a mené une mission d’enquête dans la région d’Anloga, le 5 novembre.

« L’objectif était de déterminer ce qui s’était passé exactement », a expliqué Mme Lithur. « La couverture de l’événement par les médias nous faisait craindre que des violations des droits humains aient pu être commises ».

Selon Mme Lithur, plusieurs habitants ont révélé à l’équipe qu’à la suite de l’affrontement lié à la chefferie et des décès qui s’étaient ensuivis, la police avait semé la terreur au sein de la population en procédant à des descentes en porte-à-porte. « Les gens avaient peur de nous parler », a-t-elle dit.

« Un calme plat régnait sur [la région] ; on ne voyait pas beaucoup de jeunes hommes », a-t-elle poursuivi, ajoutant qu’il semblait que certaines personnes eurent quitté leur domicile.

L’équipe de défense des droits humains était sur place le jour du marché, a-t-elle également expliqué, mais la place du marché était peu animée.

« Une femme nous a dit que [les gens] avaient peur de sortir pour faire leurs courses », a dit Mme Lithur.

Un responsable de la police régionale, interrogé au sujet des arrestations qui auraient été menées par ses officiers en porte-à-porte, n’a pas souhaité s’exprimer.

Abus et légitimité en question

Alhaji Hamidu, adjoint au commissaire de police de la Volta, s’est contenté d’expliquer à IRIN que ses officiers avaient respecté « les procédures de police réglementaires ».

Selon Mme Lithur, des officiers de police ont arrêté le véhicule des associations de défense des droits humains à une occasion au cours de la mission d’enquête, et deux officiers ont pendant un instant braqué leurs armes sur les passagers du véhicule.

Ces événements récents ont soulevé des questions non seulement sur les abus possibles de la police ghanéenne, mais également sur l’habilitation du gouvernement à intervenir en cas de querelles de chefferie.

La Constitution ghanéenne n’autorise pas le gouvernement à intervenir dans les affaires des chefferies.

À la suite des flambées de violence de la semaine passée, Kwamena Bartels, le ministre de l’Intérieur, a néanmoins déclaré que le gouvernement était « avant tout investi de la responsabilité d’assurer la paix, la tranquillité et le maintien de l’ordre ».

Un responsable du gouvernement a appelé à amender la Constitution de sorte que le gouvernement soit habilité à intervenir directement dans les affaires des chefferies.

Le fait que la cérémonie controversée d’Anloga allait avoir lieu était connu depuis quelques temps et, au Ghana, certains observateurs estiment que le gouvernement aurait dû prendre davantage de mesures pour prévenir les violences.

Pour Mme Lithur, de la CHRI, les autorités doivent améliorer leurs mécanismes de renseignements et d’alerte précoce. « Nous devons examiner [nos] systèmes d’alerte précoce et déterminer pourquoi l’ordre public s’effondre ainsi ».

em/np/dh/nh/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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