1. Accueil
  2. West Africa
  3. Ghana

Les ONG s’attendent à une escalade de la violence et à de nouveaux déplacements

[Nigeria] Women and children fleeing violence in plateau state in central Nigeria. Thousands have been displaced following religious Christian and Muslim attacks. IRIN
Women and children fleeing violence in Plateau State in 2004
Un calme précaire régnait mardi sur Dutse, une ville du nord du Nigeria où près de 1 000 personnes ont fui leur domicile à la suite des récents affrontements interreligieux qui, de l’avis de certains analystes, font craindre une escalade de la violence dans les prochains mois.

Des scènes de violence ont éclaté la semaine dernière, à Dutse, la capitale de l’Etat de Jigawa proche de la frontière nigérienne, a la suite de rumeurs faisant état de propos blasphématoires tenus par un commerçant chrétien à l’encontre du prophète Mohammed.

Selon certains analystes, les troubles auraient été également provoqués par des jeunes sans emploi qui exploitent généralement les dissensions religieuses pour se livrer à des pillages.

Une foule de jeunes en colère a saccagé la ville de Dutse, peuplée majoritairement de Musulmans, pillé des magasins, mis le feu aux églises et aux bâtiments appartenant à des Chrétiens. Plus de 1 000 personnes ont trouvé refuge dans les commissariats de la ville, ont révélé des sources policières.

Une histoire émaillée d’épisodes violents

En février dernier, dans six des 36 Etats de la Fédération nigériane, au moins 150 personnes ont été tuées et 50 000 autres ont été contraintes à s’enfuir, à la suite d’affrontements ethno-religieux survenus à Maiduguri, dans le nord-est du Nigeria. Ces incidents ont éclaté à la suite de manifestations organisées par de jeunes Musulmans qui protestaient contre les caricatures du Prophète Mahomet publiées au Danemark.

Pays le plus peuplé d’Afrique, avec quelque 130 millions d’habitants, le Nigeria a été le théâtre de douzaines d’incidents violents depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement civil du Président d’Olusegun Obasanjo en 1999.

Selon les chiffres avancés par International Crisis Group (ICG), une ONG basée à Bruxelles et spécialisée dans l’analyse de conflit, plus de 14 000 Nigérians ont été tués et trois millions d’autres ont été contraints à fuir leur domicile depuis 1999.

La plupart des personnes déplacées se sont réfugiées auprès de parents, d’amis ou alors au sein de communautés dans lesquelles leur groupe ethnique était majoritaire.

D’après le Centre de surveillance des déplacements internes du Conseil norvégien des réfugiés (IDMC), basé à Genève, la plupart de ces déplacés sont retournées chez eux ou se sont installés à proximité de leur ancien domicile une fois le calme revenu. Toutefois, des milliers de Nigérians vivent actuellement à l’étranger.

Les rivalités entre les principaux groupes ethniques (les Haoussas-Foulanis au nord, les Igbos au sud-est et les Yoruba au sud-ouest) et les tensions religieuses entre les Musulmans et les Chrétiens sont souvent à l’origine des violences.

D’après l’ICG, la déliquescence des services publics n’a fait qu’exacerber les différends, contraignant la population à dépendre des « programmes d’entraide proposées par les organisations civiques, communautaires, religieuses ou ethniques ».

Et dans ce pays producteur de pétrole, de telles tensions sont entretenues par les élites d’une classe dirigeante qui n’hésitent pas à exploiter les clivages sociaux et la rivalité entre les factions.

De nouveaux déplacements de populations sont à prévoir

Si les élections présidentielles prévues pour avril 2007 se tiennent dans ce contexte de violence et de division, il faudra s’attendre à de nouveaux déplacements massifs de population, ont prévenu des analystes.

Dans un rapport publié la semaine dernière, l’IDMC a indiqué que « les divisions au sein du gouvernement du Président nigérian Olusegun Obasanjo et la course à l’investiture avaient conduit à une augmentation du nombre de crimes politiques et avaient instauré un climat d’insécurité dans l’ensemble du pays ».

« Si le gouvernement ne parvient pas à consolider les acquis de la fragile démocratie nigériane et à organiser des élections justes et libres, des mouvements massifs de populations pourraient avoir lieu à la fois au Nigeria et hors des frontières du pays », a souligné l’IDMC.

L’IDMC souligne, par ailleurs, que dans l’Etat du Plateau situé au centre du pays et peuplé majoritairement de Chrétiens, les risques de conflits intercommunautaires sont réels. En effet, les affrontements qui ont opposé en 2004 éleveurs musulmans et fermiers chrétiens ont fait plus de 1 000 morts et près de 258 000 déplacés.

La demande de sécession de la population du sud-est, la résistance de certains habitants de Bakassi face à la restitution au Cameroun de la péninsule riche en pétrole et enfin le climat d’insécurité qui règne dans la région du Delta du Niger seraient, toujours selon l’IDMC, autant de problèmes d’actualité qui pourraient dégénérer et entraîner de nouveaux déplacements de populations.

Des douzaines de personnes ont été enlevées et tuées dans le Delta depuis le début de l’année – des attaques souvent menées par des milices armées qui revendiquent le contrôle de la manne pétrolière de la région.


Bien que le Nigeria soit le dixième plus grand pays producteur de pétrole, 37 pour cent de sa population vit avec moins d’un dollar par jour, selon la Banque mondiale. A titre de comparaison, au Sénégal, un petit pays d’Afrique de l’Ouest, exportateur d’arachides et de poissons qui ne dispose d’aucune ressource naturelle importante, le revenu par habitant est deux fois supérieur à celui du Nigeria.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join