« Ils participeront à la construction d’infrastructures dans le pays et au processus de réconciliation pour que les victimes apprennent enfin à vivre de nouveau à côté de leurs bourreaux », a expliqué Emmanuel Twagirumukiza, le responsable des programmes de travaux d’intérêt général (TIG) à Kigali, la capitale rwandaise.
Depuis leur création en 2001, les tribunaux gacaca ont entendu près de 700 000 inculpés. La réinsertion sociale des « génocidaires », dernière étape de la procédure judiciaire, a commencé le 11 septembre.
Dans le cadre des travaux d’intérêt général, les condamnés cassent des pierres dans les carrières, construisent des maisons pour les défavorisés, plantent des arbres et cultivent les champs. Ils suivent également une formation sur le civisme et les droits de l’homme et apprennent aussi l’histoire du Rwanda, a précisé M. Twagirumukiza.
« C’est une première étape pour leur permettre d’acquérir de nouvelles compétences et faciliter leur réinsertion sociale », a-t-il déclaré.
Dans le village de Nteko, à 50 Kms au Sud de Kigali, des détenus réalisant des travaux d’intérêt général expliquent combien ils sont heureux de travailler pour expier leurs crimes.
« J’ai était pris dans les tourments de l’histoire », a confié Augustine Bizimana, occupé à tasser des pierres pour paver une route. Il a été condamné à quatre années de travaux d’intérêt général.
Beaucoup de survivants du génocide considèrent que ces peines sont bien trop indulgentes. « Il est scandaleux de sanctionner leurs crimes en leur faisant simplement tasser des pierres ou construire une maison », a expliqué Sylvie Mutesi, dont les parents et les quatre frères ont été tués devant elle par des Hutus appartenant à la milice Interahamwe. Cette jeune femme s’est faite violée et a été infectée par le VIH.
Selon les statistiques du gouvernement rwandais, 937 000 Tutsis et Hutus modérés ont été tués pendant le génocide qui a duré 100 jours.
« C’aurait été moins outrageant pour nous si on les avait simplement remis en liberté », a-t-elle ajouté.
Le système judiciaire rwandais est plus sévère avec les génocidaires reconnus coupables d’incitation au crime, a fait remarquer M. Twagirumukiza : « Nous essayons d’avoir une approche équilibrée ».
« Avec l’histoire macabre de notre pays, nous devons reconnaître que ceux qui ont commis ces atrocités ont agi sur ordre de leurs supérieurs. Certains ont reconnu les faits et nous ont même apporté des preuves capitales », a-t-il ajouté.
En janvier 2001, le gouvernement a commencé à libérer des milliers de présumés génocidaires qui ont reconnu leurs crimes et accepté de témoigner devant les tribunaux gacaca.
L’autre élément pris en compte dans la libération de ces détenus est l’importance de la population carcérale au Rwanda dont l’entretien coûte chaque année près de 4,6 milliards de francs rwandais (8,7 millions de dollars) à l’Etat.
« Les travaux d’intérêt général constituent une meilleure alternative à l’emprisonnement », a-t-il conclu.
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