« La journée sans information sur toute l'étendue du pays, c'est notre manière de protester contre ceux qui veulent étouffer la liberté de presse et de l'expression. Nous n'avons pas peur de la mort, mais nous continuerons à faire notre travail », a indiqué John Richard Kasonga, le secrétaire de l'Union nationale de la presse congolaise (UNPC).
Plus d'un millier des journalistes ont pris part à la marche de protestation qui les a conduits jusqu’à la Mission des Nations unies au Congo (MONUC) où ils ont déposé un mémorandum pour réclamer la protection des Nations unies.
Mardi, Kinshasa a été secoué par une autre manifestation. Cette fois-ci, ce sont plusieurs milliers de partisans d’Etienne Tshisekedi - chef de file de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) - qui sont descendus dans les rues pour protester contre la poursuite de la campagne électorale et la mise à l’écart de leur leader. Les manifestants ont déchiré les panneaux électoraux des autres candidats et brûlé les posters des présidentiables avant d’être dispersés par la police anti-émeute.
« Il n’y aura pas d’élection au Congo sans l’UPDS », a déclaré Jean-Baptiste Bumanza, le porte-parole de Tshisekedi.
Tshisekedi avait d’abord appelé au boycott des élections du 30 juillet, une déclaration qui avait incité bon nombre de ses partisans à ne pas s’inscrire sur les listes électorales. Mais lorsqu’il voulut déposer plus tard un dossier de candidature aux élections présidentielles, les inscriptions étaient closes. Depuis, l’UPDS exige la réouverture des listes électorales et l’inclusion du parti dans les institutions chargées du suivi du processus électoral.
Les manifestations organisées lundi par les journalistes coïncidaient avec les funérailles de Louis Bapuwa Mwamba, un journaliste politique assassiné le 8 juillet dans sa maison à Kinshasa par des hommes en uniforme militaire. M. Mwamba avait travaillé pour des journaux comme Le Phare et Le Potentiel, et avait également collaboré avec le magazine Jeune Afrique Economie et l’agence France Presse.
« Notre gouvernement a prouvé qu'il est incapable de nous protéger et d'assurer la liberté d'expression. Ça fait 8 mois que nous l'avons contacté, après l'assassinat d'un autre journaliste et de sa femme dans des conditions presque identiques, mais rien n'a été fait pour que les choses changent », s’est plaint Kasonga.
Deux agents de police et un soldat ont comparu devant une Cour martiale dans la garnison de Matete à Kinshasa. Ils sont poursuivis pour avoir assassiné à leur domicile le 3 novembre 2005, un autre journaliste, Franck Ngyke, et sa femme. Le procès s’est ouvert une semaine après le meurtre de M. Mwamba.
« Les deux journalistes écrivaient des articles critiques à l’égard du gouvernement et du processus électoral en cours qui est entaché de nombreuses irrégularités et leur assassinat ne peut que nous intriguer », a dit Kasonga.
Le Directeur de l’UNESCO, Koichiro Matsuura, a également condamné le meurtre de Mwamba et a demandé aux autorités congolaises de tout mettre en oeuvre pour que ce crime ne reste pas impuni.
« Je condamne le meurtre de Bapuwa Mwamba », a indiqué M. Matsuura dans un communiqué. « A un moment où la RDC se prépare à organiser des élections historiques, il est important de garantir la sécurité des professionnels de la presse car ils représentent un des piliers de la démocratie ».
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