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Hausse de la criminalité dans un pays en proie à une grave crise économique

[Benin] A motorcycle taxi plies for trade on the streets of Cotonou. IRIN
The streets of Cotonou are increasingly dangerous
Vols à main armées et braquages de voitures se multiplient au Bénin où l’augmentation du prix des denrées alimentaires et de l’essence rend de plus en plus difficile la vie des populations de ce pays qui compte parmi les plus pauvres du monde.

Alors que les actes criminels se multiplient à Cotonou, la capitale économique, et que de plus en plus de passants innocents se font abattre en plein jour, les habitants ont peur et demandent à corps et à cris un renforcement de la sécurité.

Le 17 octobre, en plein cœur de Cotonou, des bandits ont abattu deux personnes et blessé quatre autres après avoir braqué un commerçant à qui ils ont soutiré une mallette contenant une forte d’agent. Les bandits se sont ensuite enfuis sans être inquiétés.

« Ce qui a le plus choqué, c’est la lenteur avec laquelle la police a répondu à l’appel », a lancé Joseph Ogoungnon, un riverain tout déconcerté et déplorant comme tout le monde le manque d’effectifs des forces de police.

Pour certains analystes, la hausse de la criminalité, dans ce petit pays d’Afrique de l’ouest, s’expliquerait en grande partie par la fragilité de l’économie nationale.

Selon le sociologue Jean Luc Kuassi, étant donné les récents problèmes financiers tels que l’augmentation de 25 pour cent du prix du pain et de l’essence importée en contrebande du Nigeria voisin, la hausse de la criminalité n’a rien de surprenante.

« Rien ne marche dans ce pays aujourd’hui », a-t-il déclaré à IRIN. « Les filières commerciales sont tombées, les jeunes sont dans les rues, les pluies sont devenues rares cette année et tout le monde crie aux abois. Tout coût cher ».

Le prix des denrées de base, comme le maïs, a triplé, a fait remarquer M. Kuassi.

« Certaines personnes ont pris les armes en désespoir de cause », a-t-il ajouté.

L’Economist Intelligence Unit prévoit un taux d’inflation moyen de 5 pour cent en 2005 au Bénin, à condition que le prix des denrées alimentaires baisse après la principale récolte.

Il n’existe pas de statistiques sur la criminalité et le chômage dans ce pays de 7,5 millions d’habitant où l’espérance de vie est de 52 ans et où un tiers de la population est analphabètes et vit en dessous du seuil de pauvreté.

Mais la criminalité est en hausse et les malfrats disparaissent dans la nature sans être inquiétés.

Et les fonctionnaires de l’Etat ne sont pas épargnés par cette vague de criminalité. En effet, un des véhicules 4x4 de la direction des Eaux et forêts a été braqué au nez et à la barbe des forces de sécurité publique. Un comptable a été abattu à quelques mètres de la présidence et son véhicule volé ; certains malfrats auraient même tenté – vainement – de cambrioler le domicile de la présidente de la Cour constitutionnelle, Conceptia Ouinsou.

Le 25 septembre, le maire de la commune de Toffo (une ville au centre du Bénin) a été braqué par un groupe d’hommes qui ont emporté son véhicule 4x4. Le maire est mort des suites de ses blessures trois jours plus tard.

Entre temps, de nombreux voleurs à la sauvette, pickpockets et agresseurs courent toujours dans Cotonou, semant la panique parmi les piétons et les passager des taxis-motos.

Le directeur général de la police nationale, Abassi Alle, a confié à IRIN que la hausse de la criminalité au Bénin est due à la porosité de ses frontières avec le Nigeria.

« Les gangsters qui opèrent au Bénin sont souvent à cheval sur le Bénin et le Nigeria. Ce qui fait que lorsqu’ils sont recherchés d’un côté, il se réfugient de l’autre côté », a-t-il déclaré. « Et souvent, c’est tout un réseau organisé ayant des antennes dans les deux pays ».

En janvier dernier, les deux gouvernements avaient lancé des patrouilles conjointes afin de lutter contre la criminalité transfrontalière. Selon Alle, il y a très peu d’autres exemples de collaboration de ce type le long des frontières avec le Togo, le Burkina Faso ou le Niger.

Les exactions commises par les coupeurs de route et qui ont contraint les chauffeurs à ne voyager sur les routes du Nord qu’en convois armés, continuent de poser des problèmes.

Après la série d’attaques meurtrières perpétrées l’année dernière sur les principaux axe routier du pays, des hommes armés opérant sur la route reliant Cotonou au Niger ont arrêté un taxi en Mai, dépouillé les passagers de leur argent et de leur bijou et égorgé une femme qui tentait de leur résister.

Les commerçantes et autres professionnels qui doivent emprunter les routes du Bénin pour exercer leurs activités sont terrorisés et exaspérés. Ils se plaignent du manque de moyen de la police et de la gendarmerie pour assurer la protection des citoyens.

« Nous les commerçantes, nous ne sommes plus en sécurité sur nos routes », a lancé Sabine Gansou. « Parfois, les bandits, après nous avoir dépouillé de nos biens nous violent nous les femmes. C’est triste. Cela fait un moment que cela perdure. Certes les gendarmes et les policiers font ceux qu’ils peuvent, mais souvent ils n’ont pas les moyens humains ni matériels ».

A la brigade de gendarmerie, le chef de brigade Clotaire Dourodjaye a affirmé qu’ils ont essayé d’organiser une escorte d’une ville à une autre. « Nous manquons de moyens de déplacement et de carburant. Ce qui fait que nous sommes obligés de monter à bord d’un des véhicules à escorter », a-t-il ajouté.

Face à la recrudescence de l’insécurité, le ministre d’Etat chargé de la Défense, Pierre Osho a déclaré cette année dans un communiqué qu’il avait décidé d’impliquer l’armée dans la lutte contre le banditisme.

« Des opérations militaires seront déclenchées de manière inopinée, en divers endroits du territoire national pour appréhender, neutraliser et mettre hors d’état de nuire tout individu et/ou groupe d’individus porteurs d’armes de guerre ou de chasse retranchés en brousse ou arpentant les axes routiers », a-t-il indiqué.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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