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La distribution gratuite de vivres est désormais impérative pour échapper à la famine - ONU

[Niger] Malnourished child in the MSF supplementary feeding centre in Keita, Tahoua region, Niger, June 2005.
Liliane Bitong Ambassa/IRIN
Un enfant sous-alimenté dans un centre de nutrition thérapeutique
Il faut procéder d’urgence à une distribution gratuite de vivres pour nourrir les enfants, les femmes enceintes et les personnes âgées du Niger, et empêcher que la crise alimentaire grave qui sévit actuellement dans ce pays ne se transforme en une véritable famine, a déclaré jeudi un haut représentant des Nations unies.

« Maintenant que la situation devient plus critique et il y a des gens qui ne peuvent même pas payer les 250 CFA (46 cents américains) pour se procurer un bol de mil ; il convient de distribuer gratuitement les céréales», a déclaré Jean Ziegler, Rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, au terme d’une visite de cinq jours au Niger.

L’année dernière, le Niger a souffert d’une sécheresse exceptionnelle et d’une invasion de criquets, qui a dévasté les cultures. A présent, les greniers sont vides, le prix des vivres sur les marchés augmente de manière spectaculaire et chaque jour, des enfants meurent de malnutrition.

« Quelque 3,6 millions de personnes, dont 800 000 enfants, risquent de souffrir de malnutrition aiguë. Et cette situation peut à tout moment se changer en famine », a déclaré Ziegler, un sociologue suisse.

« Nous avons demandé au gouvernement de commencer immédiatement à distribuer gratuitement des vivres aux personnes vulnérables afin de garantir leur survie », a-t-il expliqué, au cours d’un entretien téléphonique, peu après son retour au siège des Nations unies, à Genève.

Jusqu’à présent, le gouvernement de Niamey avait opté pour la vente subventionnée de céréales dans les régions les plus touchées. Les autorités avaient en effet refusé de procéder à une distribution gratuite pour tous, de crainte d’encourager la dépendance de la population à l’aide et d’affecter l’équilibre des marchés locaux.

Mais, selon Ziegler, les autorités ont désormais reconnu qu’il était nécessaire d’adopter une nouvelle stratégie.

Au début de cette semaine, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) a annoncé qu’il prévoyait de tripler le nombre des bénéficiaires de la distribution gratuite, au vu de la situation actuelle. Le PAM a sollicité les bailleurs de fonds à hauteur de 12 millions de dollars américains pour financer ce programme de distribution, qui cible actuellement de 1,2 millions de personnes.

Le Niger est un vaste pays semi-désertique, aux confins sud du Sahara. Selon l’Indice de développement humain des Nations unies, il serait le deuxième pays le plus pauvre du monde.

D’après Ziegler, le pays a été divisé en 106 zones de surveillance. Seules 19 d’entre elles jouissent d’une situation alimentaire satisfaisante.

« Dans toutes les autres zones, la situation est précaire, voire extrêmement critique », a-t-il affirmé. « Dans certaines poches de famine, les personnes vulnérables, en particulier les enfants de moins de cinq ans, sont déjà en train de mourir ».

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) déclare traiter trois fois plus d’enfants mal nourris au Niger que l’an dernier.

Tandis que les hommes fuient vers les centres urbains, leurs femmes restent à la maison, trop faibles pour travailler aux champs malgré l’arrivée des premières pluies. Quant aux enfants, ils n’ont plus que la peau sur les os.

Pour Ziegler, la réaction de la communauté internationale face à cette tragédie a été particulièrement décevante.

« C’est scandaleux. Nous avons reçu moins d’un quart du flash appeal », s’est-il indigné.

En mai, le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avait lancé un « flash appeal » pour obtenir un peu plus de 16 millions de dollars américains. La somme avait été par la suite réévaluée à 18 millions.

Mais jusqu’à présent, seuls 3,8 millions de dollars ont été versés.

Le gouvernement nigérien affirme que ses réserves alimentaires sont épuisées depuis bien longtemps. Dès lors, le déficit alimentaire étant estimé cette année à 223 000 tonnes, le pays dépend plus que jamais de l’aide internationale.

« Répondre au flash appeal n’est pas une question de charité, c’est une obligation selon le droit international », a déclaré Ziegler. « Lorsqu’un Etat membre des Nations unies n’arrive pas à nourrir son peuple, il est du devoir des autres Etats de l’aider ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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