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De nombeux détenus croupissent en prison, sans jugement

[Liberia] Monrovia is still a patchwork of shelled buildings and potholed roads
more than two years after the war ended. 5 October 2005. Claire Soares/IRIN
War scarred Monrovia, where out-going government members are looting their own offices
Alors que Monrovia, la capitale, vivait sous les bombardements pendant les trois derniers mois de la guerre civile, les obus tombés sur la prison centrale du Liberia ont permis à des nombreux prisonniers de s’évader et de retrouver la liberté.

Deux ans après la fin des combats, la seule prison de haute sécurité du pays est de nouveau pleine, mais ses cellules n’ont pas été réhabilitées ni reconstruites et les structures juridiques permettant de juger les détenus sont loin d’être opérationnelles.

Résultat : 300 détenus accusés de meurtres et de viols croupissent dans des cellules, sans électricité, ni eau potable ni toilettes, dans une prison prévue pour accueillir 180 pensionnaires maximum.

Darus Saplah, emprisonné depuis deux ans pour une affaire de meurtre, est de ce groupe de 16 détenus qui vivent dans une cellule conçue pour trois personnes maximum.
« Depuis mon arrestation dans le comté du Maryland, à l’est du Liberia, je n’ai pas été présenté à un juge ; on m’a directement placé en détention, ce qui constitue une violation de mes droits », s’est plaint le détenu de 32 ans.

Et les conclusions du rapport de la MINUL – Mission des Nations unies au Liberia – viennent appuyer les plaines de Saplah. Ce publié en janvier indiquait notamment que la prison ne « respectaient pas les normes minimum requises pour la détention de prisonniers, telles que spécifiées par les conventions nationales et internationales ».

Après 14 années d’une guerre civile qui a ravagé le pays et pris fin en 2003, le Liberia a entamé un gigantesque programme de reconstruction sous la supervision des Nations unies. Depuis deux ans, Monrovia est sans électricité ni eau potable, et les façades noircies des immeubles du front de mer portent les impacts des obus de mortier, des balles et des années d’abandon.

En prenant ses fonctions en janvier à la tête de l’Etat libérien, la première femme Présidente d’Afrique, Ellen Johnson Sirleaf avait promis de diriger un gouvernement d’action, mais la nomination de certains candidats à des portefeuilles ministériels, dont celle de la future ministre de la Justice Frances Johnson-Morris, n’a pas encore été validée par le Sénat.

Et même si cette nomination était approuvée, Mme Johnson-Morris devra encore attendre plusieurs mois avant prendre ses fonctions au ministère de la Justice – un système judiciaire défaillant, dont la reconstruction « représente un des plus grands chantiers pour le pouvoir actuel s’il veut garantir la paix [au Liberia] », indique le rapport de la MINUL.

Le manque de magistrats compétents est l’un des principaux problèmes du système judiciaire, note le rapport de la MINUL. « D’où les fréquents manquements au respect des procédures, notamment le droit à être jugé dans un délai raisonnable, la nécessité de fixer des limites à la durée de la détention préventive, le droit à être jugé par une cour compétente, à être assisté par un avocat et à faire appel d’une décision de justice ».

Au cours des 14 années de guerre civile, la plupart des intellectuels libériens ont fui leur pays

Le régisseur de la prison de Monrovia, le colonel James Dickerson, reconnaît que le gouvernement actuel n’a pas les moyens de traiter tous les dossiers de justice.
« Il arrive que les autorités ne puissent pas suivre tous les dossiers de ces détenus …parce que nous avons pas les preuves suffisantes pour poursuivre la procédure », a-t-il confié à IRIN.

Le colonel Dickerson reconnaît aussi que les droits des prisonniers sont violés parce que beaucoup d’entre eux sont détenus sans jugement au-delà du délai légal de 90 jours. En outre, il avoue ne pas pouvoir faire grand-chose tant que le gouvernement n’accélèrera pas les procédures de jugement.

Selon le procureur général du Liberia, Theophillus Gould, le gouvernement met tout en oeuvre pour rattraper le retard.
« Le processus vient d’être enclenché, mais il prendra du temps. Les droits de ces prisonniers constituent un grand sujet de préoccupation pour le gouvernement actuellement ».

Mais les paroles des autorités ne sont d’aucun réconfort pour les détenus qui croupissent dans des cellules étouffantes et surpeuplées qui sentent mauvais.
Ralph Flanjay, 29 ans, est le porte-parole d’une centaine de prisonniers. Lorsqu’il pense à sa situation, il ne peut s’empêcher de pleurer.

« Nous sommes dans une drôle de situation puisque nous ne savons pas quand les autorités décideront de notre sort. Certains ici ont passé des mois et de années en prison sans jugement », a indiqué Flangay.

« Il est clair que les autorités nous ont complètement oubliés ».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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