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Le blocage des réformes ôtent tout espoir de désarmement en octobre

[Cote d'Ivoire] Boy shows painting calling for guns to be banned at workshop on national reconciliation in the frontline town of Tiebissou, September 2001. IRIN
Un petit Ivoirien lors d’un atelier sur la réconciliation nationale expose sa peinture appelant à une interdiction des armes
L’espoir de voir les forces rebelles en Côte d’Ivoire commencer à restituer leurs armes le 15 octobre s’est dissipé après la session extraordinaire du parlement, qui s’est achevée sans adopter la série de réformes politiques qui doit précéder le désarmement.

L’accord signé à Accra le 30 juillet entre le président Laurent Gbagbo, l’opposition parlementaire et les rebelles occupant le nord du pays engageait toutes les parties à voter d’ici la fin du mois d’août les réformes politiques longtemps retardées. Cet accord fixait également au 15 octobre la date du début du désarmement.

Le mois d’août s’est écoulé sans qu’aucune modification n’ait été apportée à la constitution.

De diplomates ont réinterprété l’accord d’Accra, disant que ces réformes – attendues par les rebelles, mais repoussées par Laurent Gbagbo et son parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI), devraient être votées avant la fin du mois de septembre.

Toutefois, la session spéciale du parlement convoquée le 11 août pour voter l’ensemble des réformes attendues a terminé ses travaux le 28 septembre, après avoir approuvé un projet de loi sur le financement par l’Etat des partis politiques et de leur campagnes électorales.

Les Nations Unies, avec 6 000 casques bleus présents dans le pays, ont exprimé leur préoccupation face à cette situation.

Entre temps, les rebelles ont fait savoir clairement qu’ils ne rendraient pas leurs armes tant que les réformes convenues lors de la signature des accords de paix de Marcoussis, en janvier 2003, ne seraient pas totalement appliquées.

Les réformes visent à accorder aux quatre millions d’immigrés vivant en Côte d’Ivoire et originaires des autres pays d’Afrique de l’Ouest, ainsi qu’à leurs descendants, le droit de posséder des terres, d’avoir la nationalité ivoirienne et de se présenter à des élections présidentielles.

L’objectif de ces réformes était également de garantir des élections libres et justes.

Le secrétaire général de l’ONU, Koffi Annan, a exprimé tous ses regrets pour le peu de progrès réalisés dans l’adoption des réformes politiques, un élément clé du processus de paix en Côte d’Ivoire.

Mais le porte-parole des rebelles, Sidiki Konaté, a été plus direct.

Dans un entretien accordé au journal d’opposition Le Patriote, publié jeudi, il a déclaré que « les réformes doivent être votées d’abord, puis le processus DDR (Désarmement, Démobilisation et Réhabilitation) suivra après.»

«C’est notre position et c’est en fait ce qui se passera sur le terrain,» a précisé Konaté. «Tout autre moyen utilisé pour désarmer les Forces Nouvelles sera considéré comme un acte de guerre et entraînera de facto la fin du processus de paix.»

Que va t-il se passer maintenant ?

Personne n’est en mesure de dire ce qui va se passer, bien que l’on observe à nouveau une montée des tensions politiques.

Ces derniers jours, les barrages routiers se sont multipliés dans la capitale commerciale Abidjan, où les vols d’hélicoptères de combat de fabrication russe, les fameux MI-24, ont repris.

Le leader du mouvement des jeunes pro-Gbagbo, Charles Blé Goudé, est réapparu après deux mois d’une relative inactivité et a menacé d’organiser une nouvelle série de protestations contre la présence continue des 4 000 militaires français travaillant avec les forces de maintien de la paix de l’ONU pour sécuriser la ligne de front.

Ancien professeur d’histoire, Gbagbo, qui a passé 30 années dans l’opposition avant d’être élu président de la République en 2000, n’a fait aucune déclaration depuis l’accord d’Accra III qu’il a signé sous la pression d’une douzaine de chefs d’Etat.

Mais les partisans de la ligne dure du FPI, tels l’ancien premier ministre Pascal Affi N’Guessan ou le président de l’assemblée nationale Mamadou Koulibaly, crient haut et fort que les rebelles doivent être désarmés en octobre, avec ou sans le vote des réformes politiques.

Alors que l’impasse se prolonge, de nombreux diplomates et analystes politiques se demandent de plus en plus si les élections présidentielles prévues en octobre 2005 pourront avoir lieu.

Alphonse Djedje-Mady, en tant que porte-parole officiel du G7, l’alliance des quatre mouvements d’opposition parlementaire et de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles, a indiqué à IRIN que l’échéance des élections pourraient être respectées pourvu que les réformes soient inscrites dans la constitution avant la fin de cette année.

Mais bon nombre de ces collègues n’en sont pas persuadés.

«Tout le calendrier a été décalé,» a confié en privé à IRIN un leader de l’opposition parlementaire.

«Je pense que tout le monde commence à réaliser que Gbagbo aura du mal à organiser les élections d’octobre 2005,» a déclaré Stephen Ellis, un expert des affaires africaines à l’université de Leiden aux Pays-Bas.

Stephen Ellis a envisagé trois scénarios : des élections partielles dans la région sud contrôlée par le gouvernement, mais pas dans la zone nord ; des élections bâclées qui entraîneraient un désaveu de la plupart des Ivoiriens et de la communauté internationale ou, enfin, pas d’élection du tout, une option qui permettrait à Gbagbo de se maintenir au pouvoir au-delà de son mandat de cinq ans.

Mais Ellis qui vient de passer une année comme directeur Afrique de l’ International Crisis Group, un groupe de réflexion basé à Bruxelles, a indiqué qu’aucun de ces scénarii ne seraient satisfaisants.

«Quelle que soit l’issue, la légitimité de Gbagbo (en tant que Président) serait encore plus affectée qu’elle ne l’est actuellement,» a t-il conclut.

Un autre coup d’état ?

Dans une Côte d’Ivoire qui vit une impasse politique depuis deux ans que ce pays d’Afrique de l’Ouest est plongé dans la guerre civile, certains analystes commencent à se demander si un coup d’état ne serait pas la solution pour sortir de l’impasse.

Il existe plusieurs théories sur l’origine possible d’un tel coup de force militaire. Le quotidien national Fraternité Matin déclarait en début de semaine qu’un coup d’état contre Gbagbo était en cours de préparation au Burkina Faso, un pays que la Côte d’Ivoire accuse de soutenir les rebelles.

Mais Ellis pense que, au sein du parti de Gbagbo, les partisans de la ligne dure pourraient tenter de prendre le pouvoir afin de se débarrasser des accords de Linas-Marcoussis signés en France, des accords que Gbagbo n’a d’ailleurs accepté qu’avec beaucoup de réticence.

«Il y a une menace imminente de coup d’état à l’intérieur même du parti», a commenté Ellis. «Et la menace pour Gbagbo pourrait venir de l’aile droite de son propre parti».

Entre temps, Gbagbo qui a la réputation de ne faire des concessions que sous la pression et de revenir sur ses engagements plus tard, teste la patience des Nations Unies, de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO) et de la France, l’ancienne puissance colonisatrice qui reste très influente dans le pays. Tous s’accordent à soutenir que l’application complète des accords de Linas-Marcoussis constitue le seul moyen de sortir de la crise.

«Il ne peut pas continuer à tromper la communauté internationale», a indiqué, exaspéré, un diplomate des Nations Unies originaire d’un état voisin.

Mais Gbagbo est à la tête d’un pays qui est encore l’un des plus prospères de l’Afrique de l’Ouest et son gouvernement contrôle encore la plupart des revenus des exportations de cacao et de café qui font sa richesse.

Son gouvernement a malgré tout survécu à la suspension de la plupart des aides extérieures et les boutiques de luxe à Abidjan sont toujours aussi prospères, offrant une gamme très diversifiée de produits importés.

«Nous ne sommes pas encore sortis de la zone de turbulence,» fait observer Jean M’Bahia, sociologue à l’université d’Abidjan.


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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