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Dans le nord, les femmes donnent l’exemple et se font dépister au VIH

[Senegal] Women are waiting for HIV test and councelling at the health center, Richard Toll, River Valley, July 2005. IRIN
Limiter la transmission et l'acquisition du VIH en traitant l'herpès génital pourrait constituer un nouvel outil de prévention, peu coûteux
De source médicale, c’est parce que les femmes ont pris les choses en main que le nombre de dépistages au VIH/SIDA a explosé dans la commune de Richard Toll, à plus de 500 kilomètres au nord de Dakar, la capitale. Tandis que chacune des communes du Sénégal enregistre une moyenne de 500 dépistages volontaires par an, ce sont près de 1 500 personnes que le district sanitaire de Richard Toll a accueillies en l’espace de trois mois, selon le médecin-chef Elhadji Lamine Dieye. «Entre septembre et décembre 2004, 1 432 personnes ont fait volontairement le test du VIH», a dit Dieye. «Les femmes ont donné l'exemple et ont amené la population vers le dépistage», a t-il ajouté. Située à 110 kilomètres au nord-est de la ville de Saint-Louis, Richard Toll est une petite bourgade de la vallée du fleuve Sénégal, qui fait frontière avec la Mauritanie. Zone rurale et agropastorale, la commune vit grâce aux activités industrielles générées par la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), qui exploite les champs de canne à sucre depuis plus de 30 ans. En moins d’un an, de septembre 2004 à juillet 2005, plus de 2 600 femmes ont été dépistées au VIH/SIDA à Richard Toll. Cela représente 14 pour cent de l’ensemble des tests pratiqués sur le territoire national, selon le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS), qui a estimé le nombre total de dépistages à 18 516 en 2004. Ce résultat a pu être obtenu grâce à la mobilisation des associations de femmes du district, a expliqué le docteur Dieye à PlusNews, précisant que seulement 600 hommes se sont fait dépister au VIH sur la même période. «Il suffit qu'une présidente de groupement féminin se fasse dépister pour que toutes les autres femmes suivent», a t-il dit. Aminata Mbodji est présidente de la Fédération départementale des groupements de promotion féminine de Dagana, une branche de la Fédération nationale créée en 1986. Plus de 400 groupements, rassemblant de 20 à 100 femmes chacun, en font partie. «Nous avons compris que l’on devait chercher à connaître son statut sérologique parce qu'on peut être contaminé au VIH/SIDA sans le savoir», a expliqué Mme Mbodji. Le seul centre de dépistage volontaire et anonyme de la commune se trouve à Richard Toll, à 40 kilomètres de Dagana. Ouvert en septembre 2004 par la Fondation Barcelona 2002 Sida, une organisation non-gouvernementale financée en partie par le gouvernement espagnol, le centre a jusqu’à présent dépisté 2 600 personnes, dont 2 000 femmes, selon Sonia Ramos, coordinatrice de l’ONG. Sur ces 2 600 personnes, 111 se sont révélées positives ; 70 étaient des femmes. Une bassine contre un test Pour sensibiliser les femmes aux modes de contamination du VIH, la Fédération que dirige Aminata Mbodji a mené en mai dernier une vaste campagne de sensibilisation. Pour montrer l’exemple, environ 60 femmes, membres de la coalition, se sont fait dépister.
Richard Toll est la seule ville de la vallée du fleuve Sénégal à posséder un centre de dépistage volontaire et anonyme
Une fois dépistées, les femmes pouvaient gagner des ustensiles de cuisine, des bassines et des seaux, selon Mme Mbodji. Plus sérieusement, des rencontres et des ateliers de formation relatifs à la prise en charge du VIH/SIDA ont été organisés, qui ont permis d’identifier celles qui, aujourd’hui, portent la bonne parole dans les villages. «Plusieurs femmes des villages environnants jouent aujourd'hui le rôle de relais pour informer les femmes dans leur localité», a dit Mme Mbodji. Dans la commune, le taux de prévalence du VIH/SIDA parmi les femmes enceintes est estimé à 1,5 pour cent, un taux comparable à celui qui prévaut à travers le pays mais bien au-dessus de la moyenne régionale, évaluée par l’étude sentinelle de 2004 à 0,6 pour cent. Mais, dans la région, de nombreux acteurs de la lutte contre l’épidémie estiment que le taux d’infection est beaucoup plus élevé et pourrait être supérieur à 2,5 pour cent. «A tort ou à raison, le taux de prévalence du VIH/SIDA est considéré comme étant très élevé à Richard Toll», a dit le docteur Dieye, qui a estimé que, grâce au dépistage, il serait désormais possible de cerner les contours de l’épidémie. Malgré les dons de matériel de la Fondation Barcelona, faute de matériel et de personnel, le district sanitaire n’est pas, pour le moment, en mesure d’offrir une prise en charge thérapeutique aux personnes qui pourraient avoir besoin d’un traitement antirétroviral (ARV) qui permet de prolonger l’espérance de vie des patients. En cours au Sénégal, la décentralisation de la prise en charge du VIH/SIDA est encore balbutiante dans cette région isolée. Pourtant, dans le cadre de l’Initiative sénégalaise d’accès aux ARV, toute personne séropositive pouvant justifier de sa résidence au Sénégal peut prétendre à bénéficier du programme national de distribution gratuite d’ARV.
Le laboratoire de Richard Toll est désormais en mesure de réaliser les examens préalables à toute prise en charge thérapeutique
En attendant, les patients séropositifs doivent être référés à l’hôpital régional de Saint-Louis, ce qui n’encourage pas les habitants de la vallée à connaître leur statut sérologique, ont reconnu plusieurs responsables sanitaires. Pourtant, les associations locales et la Compagnie sucrière multiplient les campagnes de sensibilisation. Le 8 mars, journée mondiale de la femme, les employées de la CSS étaient au marché de Richard Toll pour informer les commerçantes et leurs clientes des modes de transmission et de prévention, et pour les inciter au dépistage volontaire et anonyme. Les hommes sont plus réticents face au dépistage La CSS est la plus grande unité industrielle du Sénégal ; elle emploie environ 7 000 employés et 3 000 saisonniers, venus des 11 régions du Sénégal mais aussi de Guinée, de Guinée Bissau et du Mali, des pays voisins où les taux d’infection au VIH/SIDA sont plus élevés qu'au Sénégal. Ainsi, pour les femmes de la société civile, tous les moyens sont bons pour éviter que l’épidémie ne se propage, notamment au sein de la famille : spots radiodiffusés en langues locales grâce à la station privée Radio Dunyaa, plaidoyer dans les marchés villageois, sensibilisation dans les quartiers, promotion du programme de transmission mère-enfant (PTME)… «Nous prenons le dépistage comme une question familiale», a expliqué Amsata Fall, un assistant social de la clinique de Richard Toll, bien conscient de la difficulté d’amener les hommes, les saisonniers comme les maris, vers le dépistage. «Nous avons même noté des réticences chez les maris à laisser leurs femmes se faire dépister», a dit Fall, qui continue de demander aux hommes, en majorité polygames dans ce pays musulman, de venir faire le test de dépistage en cas d’infection au VIH de l’une des épouses. Enceinte, Diary Fall a dû demander à son mari l’autorisation d’aller faire un test de dépistage dans le cadre du PTME. «Il m’a dit que c’était une bonne idée et que je devais venir (au centre de santé) pour savoir», a-t-elle dit. Rassurée par des résultats négatifs, elle s’apprête à demander à son mari, électricien, d’aller faire le test à son tour, «pour sécuriser toute la famille». Aminata Mbodji prend un autre engagement, au nom des femmes : «La prochaine fois, avant de gagner les prix de notre jeu concours, l’épouse devra amener son mari et un fils majeur se faire dépister».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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