Le changement climatique global, l’avancée rapide du désert et la diminution des eaux de surface locales seraient la cause des deux longues semaines de gel qui ont détruit plus de 5 000 kilomètres carrés de culture en Jordanie, selon certains environnementalistes.
Les conséquences de ce gel exceptionnellement sévère ont été aggravées par la désertification elle-même causée, en partie, par une récente hausse du prix des fourrages. En effet, l’année dernière, le gouvernement a cessé de subventionner les fourrages et leur prix a pratiquement doublé. Incapables de faire face à la situation, les éleveurs ont lâché leur bétail dans les prairies.
« Le pâturage sauvage a détruit une bonne partie de la couverture végétale dans les régions du sud et du centre du royaume, or la végétation joue un rôle important dans l’absorption d’une partie de la fraîcheur pendant les périodes de gel », a expliqué Abou el Rahman Sultan, chef de projet dans l’organisation non-gouvernementale (ONG) Les Amis de la terre Moyen-Orient (Friends of the Earth Middle East).
M. Sultan a également invoqué la disparition des eaux de surface pour expliquer les effets dévastateurs du gel.
« Un tiers de la mer Morte s’est évaporé au cours des cinq dernières décennies, et le Jourdain et le Yarmouk [fleuves], ainsi que le bassin d’Azraq, ont perdu une bonne partie de leurs ressources en eau ».
Toujours selon M. Sultan, les eaux de surface protègent le sol lorsque les températures sont inférieures à zéro car ces eaux « font office de tampons » en cas de froid extrême.
« Un tiers de la mer Morte s’est évaporé au cours des cinq dernières décennies, et le Jourdain et le Yarmouk [fleuves], ainsi que le bassin d’Azraq, ont perdu une bonne partie de leurs ressources en eau » |
« Le gel apparaît généralement vers la fin du mois de février ou au début du mois de mars. C’est la première fois qu’il arrive si tôt », a expliqué Abdul Halim Abu Hazim, directeur du service météorologique.
Les météorologues se sont également dits « intrigués » par la longueur de la période de gel et ont indiqué qu’un tel phénomène ne s’était pas produit depuis 1993.
Selon Ahmad Faour, président du syndicat des fermiers jordaniens (JFU), les premiers résultats ont montré que bon nombre de paysans des régions du sud avaient perdu entre 50 et 80 pour cent de leurs produits.
« Je crains que certains fermiers n’aient tout perdu ».
Les plantations de bananes dans le nord auraient été détruites. Les cultures de courgettes, de pommes de terre, de haricots et de poivrons auraient également été gelées.
Indemnisation du gouvernement, conseils aux fermiers
Le gouvernement a mis sur pied une commission chargée d’évaluer les dégâts en vue d’indemniser les fermiers.
Cette commission mène actuellement une campagne de sensibilisation pour expliquer aux fermiers comment faire face au gel ; elle les incite notamment à irriguer davantage leurs cultures, à allumer des feux près des cultures pour réchauffer les surfaces alentour et prévenir la formation de gel.
Le 15 janvier, le Premier ministre Nader Dahabi a fait savoir que son gouvernement allait indemniser tous les fermiers sinistrés.
Le gel a également endommagé plus de 2 000 indicateurs de niveau d’eau et plus de 400 canalisations d’eau dans les régions du sud. Les employés du ministère de l’Hydraulique ont travaillé sans discontinuer pour réparer les dégâts, selon des sources du ministère.
Les autorités craignent que les conséquences du gel ne soient encore plus désastreuses car des températures inférieures à zéro devraient encore être enregistrées dans plusieurs régions de la Jordanie jusqu’à la fin de la semaine.
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