Almaz Hailu*, une veuve séropositive de 35 ans, vit chez sa tante et se bat pour élever deux jeunes enfants à Addis Abeba, la capitale éthiopienne.
« Il y a trois ans, j’ai commencé à remarquer que mon époux prenait des comprimés tous les soirs après le dîner. Je n’ai rien dit pendant un moment, mais j’ai commencé à soupçonner quelque chose et je me suis inquiétée quand j’ai vu qu’il le faisait régulièrement. Une nuit, je lui ai demandé s’il était en bonne santé. Il m’a persuadée qu’il était débordé de travail et que le docteur lui avait prescrit des vitamines pour lui redonner de l’énergie.
« Je lui ai avoué que moi aussi je perdais de l’énergie et que je me fatiguais ; je lui ai alors demandé si je pouvais partager ses ‘vitamines’. Il m’a dit que ce n’était pas bon pour la santé d’une femme- et je l’ai cru.
« Trois années plus tard, il est tombé très malade et a été admis à l’hôpital. Deux jours après son admission, le docteur m’a abordée et m’a conseillée de me faire dépister. J’ai failli m’effondrer et j’ai refusé de suivre le conseil du docteur.
« J’ai répété plusieurs fois au docteur que je n’avais pas besoin de faire le test de dépistage du VIH puisque je n’avais jamais couché avec quelqu’un d’autre que mon mari. Il ne m’est pas venu à l’idée que c’était lui qui me trompait.
« Le docteur a insisté [pour que je le fasse] et j’ai découvert mon statut. Je me suis évanouie, et quand je me suis réveillée le docteur m’a informée que je pourrais vivre encore des années si je commençais un traitement antirétroviral (ARV). Depuis ce jour, je suis sous ARV.
« Mon mari m’a avoué qu’il connaissait son statut depuis trois ans et qu’il ne me l’avait pas dit, de peur que notre famille et nos voisins nous rejettent. Il a dit que le fait que le virus est sexuellement transmissible lui faisait honte.
« Mon mari est mort peu après et depuis tout a changé pour ma famille. Il nous nourrissait, et maintenant c’est à moi de nourrir mes enfants. Grâce à une tante, veuve elle aussi, je partage maintenant une petite chambre avec mes enfants.
« Je n’ai pas d’éducation, je ne sais faire que des ménages. Quand j’en ai la force, j’aide ma tante sur le marché, et je fais aussi quelques ménages chez les voisins.
« Jusqu’à ce que je meurs, je me dévouerai a l’éducation scolaire de mes enfants, car je ne veux pas qu’ils subissent tout ce que j’ai enduré, tout simplement parce qu’ils ne seraient pas instruits ».
* Un nom d'emprunt
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