Avec son sable blanc, son ciel bleu largement ensoleillé et ses anacardiers, la plage de Miramar, dans la région de la ville portuaire de Beira, deuxième plus grande ville du Mozambique, a tous les ingrédients pour attirer des touristes venus du monde entier.
Mais ce n’est pas tout ce qu’attire cette côte idyllique. « La plage est un terrain fertile pour la propagation du virus [VIH], parce que les chemins de beaucoup de gens se croisent ici », a noté Victoria Machava, qui travaille pour le département sanitaire de la municipalité de Beira.
La plage de Miramar est située dans la baie de Sofala, non loin des principales routes maritimes de l’Océan indien et de l’un des plus importants aéroports de cette région centrale du Mozambique. Elle n’a pas uniquement une situation idéale pour le tourisme, mais aussi pour le commerce du sexe.
L’explosion des deux a poussé les autorités municipales de Beira et les organisations non gouvernementales locales à lancer des campagnes de sensibilisation sur le VIH/SIDA dans des zones comme Miramar, pour toucher à la fois les touristes, en majorité européens, et les populations locales, y compris les travailleurs du sexe et les pêcheurs.
Des panneaux le long de la plage avertissent les passants des dangers du VIH, tandis qu’un groupe d’une quinzaine d’activistes de la municipalité fournissent des informations sur la prévention de l’infection et distribuent des préservatifs.
« L’environnement incite les gens à avoir des relations sexuelles, mais nous avons remarqué que beaucoup de ceux qui viennent à la plage n’emportent pas de préservatifs », a dit Zito Lazaro, 23 ans, l’un des activistes.
Prévalence et risque élevés
Le taux d’infection au VIH de 35 pour cent –plus du double de la moyenne nationale- signifie que Beira est la ville la plus touchée par l’épidémie de la province de Sofala, elle-même la plus sérieusement atteinte du pays. D’après les statistiques officielles, la moitié des nouvelles infections identifiées dans la province de Sofala en 2007 a été enregistrée à Beira –au total 11 242 cas.
La forte prévalence du VIH dans la ville peut en partie être attribuée à sa situation géographique, au bout d’un corridor qui relie le Mozambique au Zimbabwe, au Malawi et au Botswana : des pays qui ont des taux de prévalence du VIH parmi les plus élevés au monde.
Les chauffeurs routiers, les travailleurs du sexe, les pêcheurs et les enfants des rues, qui figurent parmi les groupes les plus vulnérables à l’infection, se mélangent aux touristes, autres visiteurs et populations locales sur la plage de Miramar.
Virginia*, une travailleuse du sexe âgée de 31 ans, a dit penser qu’elle avait été infectée au VIH au cours d’une relation sexuelle non protégée avec un homme rencontré dans un petit restaurant près de la plage.
En dépit de sa connaissance du risque d’infection, Virginia a expliqué que l’aspect financier prenait parfois le dessus : elle fait payer au client une relation sexuelle avec un préservatif environ quatre dollars, mais elle peut lui réclamer 10 dollars pour une relation non protégée.
Avec le soutien du service provincial de lutte contre le sida, 14 organisations communautaires de lutte contre le sida dans la région se sont jointes aux efforts des autorités municipales de Beira pour mener des campagnes dans les zones à risque élevé.
Durant les week-ends, elles proposent des discussions et des projections de films éducatifs sur la plage, dans les magasins et dans les discothèques.
« Derrière le fort taux d’infection se cachent d’importants facteurs de risque », a dit Mme Machava, du département sanitaire. « C’est pour cela que nous nous battons pour que le terrain ne soit plus propice à la propagation du virus ».
*Un nom d’emprunt
ac/am/ll/ks/he/ail
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