La Conférence épiscopale du Malawi (CEM), qui régule les opérations de l’Eglise catholique dans le pays, a exprimé des préoccupations concernant la crise politique actuelle et appelé les membres du Parlement à mettre de côté leurs différends pour s’intéresser au sort des populations pauvres.
Dans un communiqué signé par l’archevêque Tarsizio Ziyaye, qui préside la CEM, les évêques ont averti que la crise opposant le parti au pouvoir à l’opposition sur la question de l’expulsion de plusieurs députés pourrait gravement déstabiliser le pays.
Le mois dernier, la Cour suprême du Malawi a accordé au président du Parlement le pouvoir d’expulser les législateurs qui quittent leur parti, une décision qui risquerait d’affaiblir le parti au pouvoir – le Parti démocratique progressiste (DPP) – qui a accueilli 60 transfuges dans son giron, portant le nombre de ses députés à 80.
Le Front démocratique uni (UDF), parti d’opposition, domine le Parlement avec quelque 110 sièges.
Les évêques ont appelé tous les députés à traiter posément la question de l’article 65 de la Constitution. Cet article stipule que le siège des députés qui quittent le parti qui les a présentés – c’est-à-dire qui « passent de l’autre côté de la salle » – doivent être déclarés vacants.
Au lieu d’intégrer le DPP, les députés qui sont passés de l’autre côté de la salle seraient donc à présent exclus du Parlement.
La CEM s’inquiète à l’idée que les députés puissent se concentrer uniquement sur l’article 65, au lieu de débattre du budget 2007-2008 de 173 milliards de kwachas (1,2 milliard de dollars), présenté au Parlement par le ministre des Finances Goodall Gondwe le 29 juin, et a instamment prié les parlementaires d’envisager d’approuver le plan financier national pour le bien du pays.
« Devrions-nous perdre les avantages acquis grâce à l’annulation de la dette [décidée par les bailleurs de fonds multilatéraux en 2006] en finançant les procédures de destitution ou des élections partielles [des députés transfuges], aux dépens des domaines de dépenses en faveur des pauvres, tels que l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire et l’atténuation du VIH/SIDA ? », peut-on lire dans le communiqué.
La principale crainte de la CEM est de voir les querelles politiques prendre le pas sur l’intérêt porté aux politiques économiques et aux politiques de développement au sein du Parlement.
« Si elles sont mises en œuvre, certaines mesures, telles que l’appel à l’organisation d’élections partielles, la démission du chef de l’Etat ou la destitution du président du Parlement, annuleront tous les progrès qui ont été réalisés grâce à notre démocratie, qui s’affirme de plus en plus », a prévenu la CEM.
En 2005, au plus fort de la crise alimentaire qui sévissait au Malawi, les confrontations politiques avaient même suscité les préoccupations de la communauté des bailleurs.
Certains bailleurs de fonds avaient écrit aux dirigeants de l’opposition politique pour exprimer leur anxiété au sujet des procédures de destitution, au moment où le pays traversait « une crise alimentaire grave et prolongée ».
Selon Mustafa Hussein, un analyste politique de l’université du Malawi, la question de l’article 65 devrait être réglée en premier lieu, « et après, les députés pourront débattre du budget ».
Les partis politiques savent qu’il est important d’approuver le budget et que « l’article 65 a été prévu pour garantir que nos députés soient redevables à ceux qui les ont élus. Si le gouvernement ou l’opposition tarde à régler la question de l’article 65, cela porte atteinte à l’Etat de droit », a-t-il ajouté.
Le MCP (Parti du Congrès du Malawi, parti d’opposition) et l’UDF ont tous deux rejeté les appels des évêques et leur ont demandé de ne pas s’immiscer dans les affaires politiques.
Le président du Malawi Bingu wa Mutharika, qui est depuis près de trois ans à la tête d’un pays déchiré par les querelles politiques, se trouve au centre d’une confrontation tendue avec l’opposition, confrontation qui a paralysé le fonctionnement du Parlement du Malawi et retardé l’approbation des projets de lois.
La crise politique a éclaté lorsque M. Mutharika, qui s’était présenté aux élections générales de 2004 sous l’étiquette de l’UDF, a quitté son parti peu après les élections pour former sa propre organisation politique, le DPP.
L’UDF a riposté en demandant sa destitution, accusant M. Mutharika d’avoir pris 300 000 dollars dans les caisses de l’Etat pour lancer le DPP.
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