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« Mon grand-père a dit que nous étions des sorciers »

[DRC] Downtown Kinshasa. March 2005.
David Hecht/IRIN
Selon les ONG, il y aurait plus de 750 000 orphelins -dont près de la moitié ayant perdu sida leurs parents d'infections liées au VIH/SIDA- en RDC, un pays ravagé par des années de conflits civils

Quand les parents de David Kanyama sont morts il y a six ans, le jeune garçon, alors âgé de 10 ans, et ses quatre frères sont allés vivre avec leur grand-père, mais ils ont rapidement été chassés de la maison, accusés d’être responsables de la mort de leurs parents.

Comme 335 000 autres enfants en République démocratique du Congo (RDC), selon les estimations des organisations non gouvernementales (ONG), David a perdu ses parents d’infections liées au VIH/SIDA.

Le jeune homme, aujourd’hui âgé de 16 ans, a raconté son histoire à IRIN/PlusNews, après le décès de ses parents.

« Mon grand-père a dit que nous étions des sorciers, que nous avions tué son fils avec notre sorcellerie et que nous n’avions pas le droit de profiter des biens de celui que nous avions sacrifié.

Avant que nos parents meurent, le peu d’argent qu’ils avaient a été dépensé pour leurs soins médicaux, traiter le sida est très éprouvant. La famille de mon père l’avaient également abandonné durant sa maladie.

La vie est devenue très difficile pour nous, à tel point que nous avons été contraints de vendre le minibus que nous avions hérité de notre père. Malheureusement, le petit commerce que nous avions mis en place avec l’argent de la vente du bus a rapidement été en faillite.

Notre grand-père nous a alors chassé du foyer parental, nous forçant ainsi à commencer une nouvelle vie sans rien. Personne dans notre famille n’a voulu s’occuper de nous, nous avons vécu dans la rue pendant deux ans, nous dormions et nous vivions dans la peur de la violence et dans la privation.

Parfois, nous dormions dans la maison d’amis de mon grand-frère [l’aîné, aujourd’hui âgé de 26 ans], mais nous n’allions plus à l’école et certains jours nous n’avions rien à manger. Je n’avais plus qu’un seul vêtement et on ne se lavait pratiquement plus, parce qu’on ne trouvait pas de toilettes.

En même temps nous avions peur de souffrir de la même maladie [que nos parents]. Nous étions l’objet des curiosités, nous étions les enfants dont les parents sont morts du ‘fléau du siècle’, c’est ainsi qu’on appelle le sida ici.

Puis trois d’entre nous ont été aidés par une ONG qui lutte contre le sida [Action communautaire sida/Avenir meilleur pour les orphelins, ACS/Amocongo, qui soutient 5 000 orphelins en RDC]. Grâce à elle, nous avons pu retourner à l’école.

Je suis aujourd’hui [au collège], en retard par rapport aux autres élèves, mais mes deux frères aînés n’ont pas continué leurs études. L’un d’entre eux est commis, il gagne sa vie en étant homme à tout faire, l’autre tient un commerce qui ne marche pas bien.

Mon rêve est de continuer mes études, de faire des études en droit pour pouvoir défendre ma famille et récupérer la maison que notre père nous a laissée, mais j’ai peur que l’aide de l’ONG ne s’arrête un jour.

J’aimerais bien aussi faire des études de médecine pour pouvoir trouver un remède contre le sida et éviter à de nombreuses personnes de mourir, en laissant leurs jeunes enfants être maltraités et sans espoir, après une mort souvent ruineuse ».

ei/aw/kr/he/mj/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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