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Comment nourrir la future population mondiale

A man and his animals plowing his land in Qursaya Island, a very small rural island in the middle of the Nile in the area between Giza and Maadi, one of the biggest and the most urban suburbs in Cairo Marwa Morgan
Time to phase out “obsolete technology”?
Selon les scientifiques, la planète comptera en 2050 neuf milliards de bouches à nourrir. Or, à mesure que la population se multiplie, la température sur la terre augmente elle aussi. Selon les prévisions, celle-ci devrait atteindre quatre degrés Celsius supplémentaires d’ici la fin du siècle, ce qui risque de bouleverser la production alimentaire mondiale.

Des agronomes, des scientifiques, des hommes d’affaires, des lobbyistes et des dirigeants se sont réunis cette semaine à Chatham House, à Londres, afin de discuter des différentes manières, s’il en est, de nourrir la population mondiale croissante sans porter atteinte aux ressources de la planète.

Peut-on parler de pénurie alimentaire ?

Selon certains participants, la production alimentaire actuelle pourrait suffire à nourrir toute la population, si elle était mieux gérée. Reconnaissant certes que de nombreuses personnes souffraient déjà de la faim aux quatre coins du monde, ils ont soutenu qu’il ne s’agissait pas d’un problème de pénurie alimentaire. Ils ont ainsi fait remarquer que d’énormes quantités de denrées consommables étaient utilisées pour nourrir des élevages ou produire des agrocarburants, pourrissaient lors de leur stockage ou étaient jetées.  

« Il y a assez de denrées alimentaires sur terre pour nourrir chaque homme, chaque femme et chaque enfant », a dit le président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Kanayo Nwanze, aux journalistes présents à Londres. « Un tiers des aliments produits est cependant jeté. Cinquante-sept pour cent de la nourriture produite ne sont pas consommés. Il y a suffisamment de nourriture pour toutes les bouches. Le problème, c’est l’accès à cette nourriture. »

La disponibilité alimentaire et l’accès à la nourriture dépendent en bien des manières des habitudes de consommation. Il est bien connu que les régimes riches en viande requièrent d’importantes ressources. En effet, de grandes quantités de céréales et de terres sont réservées à l’élevage plutôt qu’aux cultures alimentaires. Un intervenant à Chatham House est même allé jusqu’à qualifier les vaches et les moutons de « technologies inefficaces, obsolètes » pour transformer la nourriture en viande.

Or, lorsque les populations s’enrichissent, elles ont tendance à manger plus de viande. Ainsi, la Chine utilise de plus en plus de céréales et de soja pour l’élevage afin de répondre à la demande croissante de viande et de produits laitiers.

Manger ses légumes

Bien sûr, la population pourrait simplement manger moins de viande.

Le Sustainable Consumption Institute de l’université de Manchester a publié une étude sur le type de régime alimentaire nécessaire au Royaume-Uni pour ne pas participer au dépassement de la limite fixée à l’échelle mondiale d’un réchauffement climatique de deux degrés Celsius d’ici à 2100.

Les résultats ont révélé que pour atteindre une réduction des émissions de gaz à effet de serre suffisante, les Britanniques devraient consommer deux fois plus de légumes et nettement moins de viande qu’actuellement.

L’auteure principale du rapport, Alice Bows, a dit à IRIN que la persuasion douce serait insuffisante pour inciter la population à de tels changements.

« L’objectif de réduire les émissions afin de limiter [le réchauffement climatique] à deux degrés est si difficile à atteindre qu’il est impossible d’y parvenir en se contentant de pousser la population dans la bonne direction. Il faudrait mettre en place tout un ensemble de politiques, de règlementations et de normes, régissant toute la chaîne alimentaire, de la production à la consommation. »

Il serait possible, en théorie, de persuader toute la population de devenir végétarienne, d’éliminer les pertes alimentaires et le gaspillage ou de redistribuer la nourriture. Cependant, chacune de ces options se heurte à des obstacles de taille. En réalité, selon d’autres intervenants, une intensification durable de l’agriculture serait plus efficace et plus facile à accomplir.

Intensification durable

Les partisans d’une intensification durable de l’agriculture voudraient résoudre le problème de l’alimentation par le biais de la science. Ils proposent par exemple de produire des races de bétail plus productives en viande et en lait.

Il existe déjà des poulets pouvant atteindre 1,8 kg avec 2,9 kg de nourriture, soit un taux de conversion de 1,6. Une volaille classique devrait en revanche consommer 7,2 kg de nourriture pour atteindre le même poids. Les scientifiques espèrent réduire le taux de conversion à 1,2 au cours des prochaines années.

« La conclusion générale est qu’il n’existe pas de remède miracle, de solution unique au problème de l’alimentation dans le monde. Il faudra au contraire mettre en pratique différentes idées, traditionnelles pour certaines, plus futuristes pour d’autres, à petite ou à grande échelle »
D’autres experts sont allés plus loin en essayant de supprimer progressivement les « technologies obsolètes » que sont les animaux de ferme pour les remplacer par une production de viande en laboratoire à l’aide de cellules souches musculaires.

Aux Pays-Bas, une équipe de scientifiques est parvenue à produire une telle « viande » en quantité suffisante pour faire des hamburgers de deux centimètres de diamètre. Selon ces spécialistes, leur produit nécessite bien moins de terre, d’eau et d’énergie que la production de viande classique. Reste à savoir combien coûterait ce procédé et si les gens en mangeraient.

Toutes les idées présentées ne recouraient toutefois pas à la haute technologie. Certaines pouvaient même être appliquées dans de petites exploitations agricoles. La technique du non-labour permettrait par exemple d’augmenter la production et de réduire les intrants. En appliquant un « dosage » ciblé des engrais à chaque plante, il est possible d’utiliser moins d’engrais qu’en traitant des champs entiers, ce qui limite les coûts, l’énergie et l’impact sur l’environnement. Il est également plus efficace d’appliquer des pesticides sur les semences plutôt que de vaporiser toutes les cultures.

Des agronomes cherchent également à produire de meilleures variétés de plantes qui seraient notamment plus résistantes aux sécheresses, plus tolérantes au sel et plus nutritives. Si certaines de ces variétés sont produites par des géants de l’agrobusiness à des fins lucratives, d’autres sont créées par des instituts de recherche publics, aussi bien dans des pays développés que dans des pays en voie de développement.

Certaines de ces améliorations peuvent être réalisées grâce à des méthodes de sélection classiques, sans modification génétique, mais ce n’est pas le cas pour toutes.

Gordon Conway, de l’Imperial College de Londres, a dit à IRIN que la modification génétique serait nécessaire pour ce qu’il considère comme l’amélioration la plus importante de toutes : la production de plantes nécessitant moins d’engrais.

« Les engrais chimiques coûtent non seulement de plus en plus cher, mais ils dégagent également des gaz à effet de serre. D’un autre côté, le fumier émet lui aussi de tels gaz. Si nous voulons produire plus de nourriture à l’avenir, nous devons donc trouver comment faire en sorte que les plantes captent elles-mêmes l’azote présent dans l’atmosphère et le fixent pour l’utiliser selon leurs besoins. Voilà notre Saint-Graal », a-t-il dit. « Je ne pense pas que l’on puisse y parvenir grâce à la sélection. Il faut trouver une manière d’avoir des bactéries fixatrices d’azote dans les racines des céréales [...] et cela sera difficile à faire génétiquement. Nous n’y parviendrons peut-être pas avant une vingtaine d’années. »

La conclusion générale est qu’il n’existe pas de remède miracle, de solution unique au problème de l’alimentation dans le monde. Il faudra au contraire mettre en pratique différentes idées, traditionnelles pour certaines, plus futuristes pour d’autres, à petite ou à grande échelle. Il faudra également conduire des recherches, diffuser les connaissances et développer les chaînes d’approvisionnement et les organes de financement pour permettre à tous les agriculteurs d’avoir une activité aussi rentable et productive que possible.

eb/rz-ld/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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