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La brutalité policière concentre les attentions

Activists in Cairo protest against police brutality. One of them carries a placard reading: "Your job is to protect us, not to torture us Amr Emam/IRIN
L’un des moments clés de la période qui a mené au soulèvement du 25 janvier et à la démise de l’ancien président Moubarak a été la mort du jeune Khaled Saïd que des policiers d’Alexandrie ont été accusés d’avoir battu à mort. C’est cet événement qui a soudain poussé les Egyptiens à s’intéresser à la question de la brutalité policière.

Compte tenu des accusations de brutalités policières incessantes, la réforme du secteur de la sécurité, un élément vital pour la stabilité économique et sociale du pays, est une revendication de plus en plus pressante des manifestants et des représentants de la société civile.

L’ancien officier de police Ihab Youssef, qui fait maintenant campagne pour de meilleures relations entre la police et le public mais provoque souvent une réaction de méfiance et de scepticisme dans la rue, a dit à IRIN : « Le fossé entre les policiers et les citoyens ordinaires continue à s’élargir de jour en jour et si ce fossé n’est pas comblé, l’Egypte sera en danger… Des efforts concertés doivent être déployés pour que les relations entre la police et les citoyens se rétablissent. »

Durant les 30 années de pouvoir de Moubarak, les attitudes envers la police se sont durcies et la haine semble avoir remplacé le respect, contribuant à créer un vide sécuritaire important après le soulèvement du 25 janvier.

« Il est important que le gouvernement prenne des mesures sans attendre, pour consolider les relations entre la police et les citoyens, » a dit à IRIN James Rawley, le coordonnateur résident des Nations Unies en Egypte.

En choisissant le 25 janvier, la Fête de la police, pour démarrer leur révolte, peut-être les manifestants voulaient-ils indiquer à la police qu’elle devrait traiter les opposants politiques de Moubarak de manière juste et correcte.

« Les citoyens ordinaires n’ont pas confiance en la police » a déclaré l’activiste Ashraf Al Baroudy. « Ils ne pensent pas que les policiers essaient sincèrement d’assurer leur sécurité. »

Selon le Réseau arabe pour l’information sur les droits humains [Arab Network for Human Right Information], une organisation non gouvernementale (ONG) égyptienne, la plupart des policiers en bas de l’échelle, en particulier ceux de l’Agence de sécurité centrale qui sont envoyés avec des bâtons et des matraques pour faire face aux manifestants, sont pauvres et sans éducation.

La croisade d’un seul homme ?

L’ancien policier M. Youssef a fondé une ONG dénommée la Police et la Population pour l’Egypte, [People and Police for Egypt] destinée à permettre aux deux côtés de se mieux comprendre.

Il écoute les demandes des citoyens ordinaires et développe des stratégies pour la réforme du ministère de l’Intérieur. Il a emmené un jour un groupe de citoyens ordinaires dans un commissariat de police et organisé une table ronde entre eux et les officiers qui étaient là afin d’améliorer la compréhension.

« Il est important que le gouvernement prenne des mesures sans attendre, pour consolider les relations entre la police et les citoyens »
Quand il a démarré son groupe en 2006, M. Youssef a été quasiment ignoré, mais durant le soulèvement, quand la police a focalisé la colère du public, son organisation semble avoir pris de l’importance. Depuis, M. Youssef et ses collègues ont rencontré des centaines de citoyens, de policiers et d’officiers de sécurité.

« Le public a une mauvaise image mentale de la police et cette image provient en partie de ce que les gens entendent à propos des violations perpétrées par les policiers, » a fait remarquer M. Youssef. « C’est pourquoi nous avons recommandé la restructuration complète du ministère de l’Intérieur, la création de canaux de communication appropriés entre citoyens et policiers et le remaniement du type de programmes que les futurs policiers suivront à l’Académie de police. »

Pour arriver à ses objectifs, M. Youssef suggère également la création d’unités de police au niveau communautaire, qui seraient composées de policiers et de citoyens ordinaires.

Il continue à envoyer des suggestions au ministère de l’Intérieur, mais dans le climat de chaos politique actuel, il a été difficile de prendre des engagements. Jusqu’à présent, le ministère de l’Intérieur n’a annoncé aucun plan de réforme.

Une autre initiative a vu des policiers établir une Coalition de policiers visant à améliorer la communication avec les citoyens. Les femmes policiers, en petit nombre, font généralement profil bas.

« Le régime précédent se servait de la police pour faire taire l’opposition et humilier les gens ordinaires, » a indiqué Yasser Abulmagd, un des officiers de police ayant fondé la coalition. « De surcroît, certains policiers ont aussi commis des violations contre des citoyens. C’est pour cela qu’il était important que des gens comme moi agissent. »

Un nouveau ministre de l’Intérieur

Le ministre de l’Intérieur nouvellement nommé, Mohamed Ibrahim, est beaucoup sorti dans les rues pour rencontrer les gens et les encourager à coopérer avec la police. Il se rend aussi de façon impromptue dans les commissariats pour s’assurer que la police fait du bon travail et a promis de changer l’esprit de son ministère.

Depuis sa nomination au sein d’un gouvernement de « salut national », les policiers en uniforme sont plus visibles dans les rues et les automobilistes disent qu’ils sont mieux traités. Les Egyptiens qui vont au Bureau de la circulation pour renouveler leur permis de conduire disent qu’ils n’ont plus à payer de pots de vin pour obtenir leurs papiers.

Reste à voir, cependant, si les gestes [d’ouverture] de M. Ibrahim auront une influence sur la façon dont est perçue la police.

Certains pensent que les relations entre la police et les citoyens ne peuvent pas s’améliorer tant que le ministère de l’Intérieur n’aura pas relâché les milliers de personnes détenues sans charge depuis le début de l’année.

L’activiste Nasser Amin, membre du Conseil national des droits de l’homme (CNDH), un organisme public, estime le nombre de ce type de détenus à 6 000 prisonniers. « Ces personnes ne sont en prison que parce que la police les soupçonnait, » a t-il dit.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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