« Nous devons trouver comment gagner la confiance de la population locale pour reprendre les tests. Il n’y a pas eu [assez] d’éducation sanitaire réalisée avant la campagne », a dit à IRIN Raoul Ngarhounoum, le délégué régional sanitaire du ministère de la Santé, en charge des îles.
Les travailleurs sanitaires sur l’île de Kinaserom ont annoncé les tests de dépistage comme [étant] des bilans généraux de santé afin d’avoir un taux de participation plus élevé, a dit Mahamat Boukar Moussa, directeur de la clinique et infirmier.
« Il était alors douloureux de communiquer les résultats parce que les gens étaient choqués lorsqu’ils apprenaient qu’ils étaient séropositifs. Ils ne savaient même pas quels tests ils avaient subis. Les gens ont arrêté de venir pour les résultats et ils ont commencé à dire aux autres que le test rendait les gens malades », a dit M. Moussa à IRIN.
Sur les 200 personnes dépistées à Kinaserom, 30 personnes ayant reçu les résultats ont appris qu’elles étaient séropositives. Peu à peu, le nombre de personnes venant chercher ses résultats a baissé. « Les gens ont eu peur et se sont enfuis en ville », a dit M. Moussa.
M. Ngarhounoum a dit qu’il fallait travailler davantage pour préparer et éduquer la population de l’île au sujet du test VIH.
Photo: Phuong Tran/IRIN |
Première expérience d’annonce de résultat de test VIH pour ce travailleur sanitaire |
Accès
Des centaines d’îlots parsèment le lac Tchad, qui a diminué de 90 pour cent durant les dernières décennies. Le surpâturage près du lac, la végétation en voie de disparition et l’ensablement y contribuent, selon le gouvernement. Alors qu’il existe depuis longtemps un dépistage VIH « sur terre », comme le disent les gens en parlant des villes qui bordent le lac, le dépistage n’a pas été proposé sur les îles.
Le taux de prévalence national du VIH est de 3,3 pour cent, selon l’étude nationale la plus récente, datant de 2005. Le taux était de 26 pour cent dans les îles du lac Tchad, selon une étude de 2001 menée par la Commission du bassin du lac Tchad, qui comprend des représentants des pays bordant le lac - Cameroun, Niger, Nigeria, République centrafricaine et Tchad.
Le risque VIH est plus élevé autour du lac, selon la Commission. « Les bergers, les pêcheurs, les travailleurs du sexe et les commerçants convergent autour du lac », a dit Deoudje Noé, le coordinateur régional des programmes VIH de la Commission. « Vous avez des marchands à la recherche d’argent venant de partout ».
Presque 10 pour cent des femmes enceintes à Bol ont été dépistées positives au VIH en 2009, le double du taux en 2002, selon le gouvernement. La plupart de ces tests positifs viennent des îles, selon M. Ngarhounoum.
« Il est très difficile d’atteindre les îles », a-t-il ajouté. « Quand le niveau de l’eau baisse, cela prend énormément de temps et d’argent – et c’est parfois impossible – pour que les autorités régionales sanitaires puissent poursuivre toute campagne de vaccination ou de dépistage ».
Stigmatisation
M. Moussa a dit à IRIN qu’il soupçonnait un taux d’infection au VIH plus élevé que celui annoncé. « J’ai reçu des patients qui avaient été dépistés [auparavant] à Mada [Cameroun] mais quand ils ont reçu le résultat, ils l’ont tout simplement jeté parce qu’ils voulaient que personne à la maison ne soit au courant ».
Il a ajouté que la stratégie de la clinique consistait à dire aux insulaires dont le test de dépistage était positif qu’ils pouvaient aller à Bol, l’hôpital le plus proche, à cinq heures de bateau à moteur, pour un deuxième examen « pour aller mieux », mais M. Ngarhounoum a désapprouvé.
« Nous avons eu des discussions qui ont duré toute la nuit avec ces directeurs sanitaires pour les amener à délivrer des messages sanitaires corrects. Nous devons parler de manière directe aux gens de cette maladie, de leurs options et du traitement », a dit M. Ngarhounoum à IRIN.
Il a dit que le forum du 15 juin donnerait comme instruction aux travailleurs sanitaires d’envoyer les patients séropositifs à l’hôpital de Bol pour des analyses en laboratoire afin de déterminer si le patient avait besoin de démarrer un traitement.
Avec un seul médecin à Bol, des problèmes d’équipement dans le laboratoire de l’hôpital régional et un incendie dans la capitale début mai, qui a détruit une partie des réserves nationales de médicaments antirétroviraux et de matériel de dépistage, aucun des patients de l’île n’a pu débuter son traitement.
Mahamat Taher Adoum, point focal VIH au Tchad de la Commission du bassin du lac Tchad, a dit à IRIN qu’un technicien, de nouveaux équipements de laboratoire, des agents supplémentaires pour le dépistage et des médicaments pour le VIH étaient arrivés à l’hôpital le 7 juin.
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