1. Accueil
  2. West Africa
  3. Chad

Repenser le dépistage du VIH sur les îles

Positive HIV test result from the first testing campaign on the Lake Chad island of Kinaserom in April 2009 Phuong Tran/IRIN
Les autorités sanitaires au Tchad envisagent de relancer le dépistage VIH sur les îles du lac Tchad après avoir été forcées de mettre fin à leur première tentative en avril. Les tests étaient proposés sans conseil ni éducation sanitaire – et se sont achevés dans les rumeurs et la confusion.

« Nous devons trouver comment gagner la confiance de la population locale pour reprendre les tests. Il n’y a pas eu [assez] d’éducation sanitaire réalisée avant la campagne », a dit à IRIN Raoul Ngarhounoum, le délégué régional sanitaire du ministère de la Santé, en charge des îles.

Les travailleurs sanitaires sur l’île de Kinaserom ont annoncé les tests de dépistage comme [étant] des bilans généraux de santé afin d’avoir un taux de participation plus élevé, a dit Mahamat Boukar Moussa, directeur de la clinique et infirmier.

« Il était alors douloureux de communiquer les résultats parce que les gens étaient choqués lorsqu’ils apprenaient qu’ils étaient séropositifs. Ils ne savaient même pas quels tests ils avaient subis. Les gens ont arrêté de venir pour les résultats et ils ont commencé à dire aux autres que le test rendait les gens malades », a dit M. Moussa à IRIN.

Sur les 200 personnes dépistées à Kinaserom, 30 personnes ayant reçu les résultats ont appris qu’elles étaient séropositives. Peu à peu, le nombre de personnes venant chercher ses résultats a baissé. « Les gens ont eu peur et se sont enfuis en ville », a dit M. Moussa.

M. Ngarhounoum a dit qu’il fallait travailler davantage pour préparer et éduquer la population de l’île au sujet du test VIH.

Health clinic nurse in Lake Chad island of Kinaserom, Mahamat Boukar Moussa, shows HIV test result from the island's first testing campaign in April 2009
Photo: Phuong Tran/IRIN
Première expérience d’annonce de résultat de test VIH pour ce travailleur sanitaire
Des ONG de lutte contre le VIH/SIDA venant des îles, des représentants d’organisations nationales de lutte contre le VIH/SIDA et des travailleurs sanitaires ont été invités à un forum régional le 15 juin à Bol, la capitale régionale près du lac Tchad, pour parler des moyens d’améliorer le dépistage du VIH sur les îles, ensuite le dépistage reprendra, a dit M. Ngarhounoum.

Accès

Des centaines d’îlots parsèment le lac Tchad, qui a diminué de 90 pour cent durant les dernières décennies. Le surpâturage près du lac, la végétation en voie de disparition et l’ensablement y contribuent, selon le gouvernement. Alors qu’il existe depuis longtemps un dépistage VIH « sur terre », comme le disent les gens en parlant des villes qui bordent le lac, le dépistage n’a pas été proposé sur les îles.

Le taux de prévalence national du VIH est de 3,3 pour cent, selon l’étude nationale la plus récente, datant de 2005. Le taux était de 26 pour cent dans les îles du lac Tchad, selon une étude de 2001 menée par la Commission du bassin du lac Tchad, qui comprend des représentants des pays bordant le lac - Cameroun, Niger, Nigeria, République centrafricaine et Tchad.

Le risque VIH est plus élevé autour du lac, selon la Commission. « Les bergers, les pêcheurs, les travailleurs du sexe et les commerçants convergent autour du lac », a dit Deoudje Noé, le coordinateur régional des programmes VIH de la Commission. « Vous avez des marchands à la recherche d’argent venant de partout ».

Presque 10 pour cent des femmes enceintes à Bol ont été dépistées positives au VIH en 2009, le double du taux en 2002, selon le gouvernement. La plupart de ces tests positifs viennent des îles, selon M. Ngarhounoum.

« Il est très difficile d’atteindre les îles », a-t-il ajouté. « Quand le niveau de l’eau baisse, cela prend énormément de temps et d’argent – et c’est parfois impossible – pour que les autorités régionales sanitaires puissent poursuivre toute campagne de vaccination ou de dépistage ».

Stigmatisation

M. Moussa a dit à IRIN qu’il soupçonnait un taux d’infection au VIH plus élevé que celui annoncé. « J’ai reçu des patients qui avaient été dépistés [auparavant] à Mada [Cameroun] mais quand ils ont reçu le résultat, ils l’ont tout simplement jeté parce qu’ils voulaient que personne à la maison ne soit au courant ».

Il a ajouté que la stratégie de la clinique consistait à dire aux insulaires dont le test de dépistage était positif qu’ils pouvaient aller à Bol, l’hôpital le plus proche, à cinq heures de bateau à moteur, pour un deuxième examen « pour aller mieux », mais M. Ngarhounoum a désapprouvé.

« Nous avons eu des discussions qui ont duré toute la nuit avec ces directeurs sanitaires pour les amener à délivrer des messages sanitaires corrects. Nous devons parler de manière directe aux gens de cette maladie, de leurs options et du traitement », a dit M. Ngarhounoum à IRIN.

Il a dit que le forum du 15 juin donnerait comme instruction aux travailleurs sanitaires d’envoyer les patients séropositifs à l’hôpital de Bol pour des analyses en laboratoire afin de déterminer si le patient avait besoin de démarrer un traitement.

Avec un seul médecin à Bol, des problèmes d’équipement dans le laboratoire de l’hôpital régional et un incendie dans la capitale début mai, qui a détruit une partie des réserves nationales de médicaments antirétroviraux et de matériel de dépistage, aucun des patients de l’île n’a pu débuter son traitement.

Mahamat Taher Adoum, point focal VIH au Tchad de la Commission du bassin du lac Tchad, a dit à IRIN qu’un technicien, de nouveaux équipements de laboratoire, des agents supplémentaires pour le dépistage et des médicaments pour le VIH étaient arrivés à l’hôpital le 7 juin.

pt/mw/sk/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join