L’étude 2008/2009 sur la mortalité et la morbidité maternelles menée par la Division santé des familles (DSF) du Département des services de santé porte sur les changements observés au Népal dans le domaine de la mortalité maternelle depuis 1998, année de la précédente étude.
L’étude a été réalisée sur une période d’un an à compter d’avril 2008, auprès de femmes en âge de procréer (15-49 ans), dans huit régions choisies pour représenter différentes ethnicités et divers niveaux de développement au Népal.
Ces régions comptaient au total plus de 86 000 femmes de cette tranche d’âge. Toutefois, selon les conclusions préliminaires de l’étude, qualifiées de choquantes, c’est le suicide, et non les problèmes de santé liés à la maternité, qui s’est révélé être la principale cause de décès : sur 1 496 décès déclarés, 16 pour cent étaient des cas de suicide.
L’étude de 1998 plaçait le suicide à la troisième place des causes de décès.
Ces conclusions « mettent en évidence qu’il est urgent de traiter cette question, à laquelle peu d’intérêt a été porté jusqu’ici, son importance n’ayant été révélée pour la première fois qu’en 1998 », selon l’étude.
Photo: Brennon Jones/IRIN |
Au Népal, depuis la fin du conflit, les femmes sont de plus en plus touchées par les problèmes psychosociaux (photo d’archives) |
« Ces conclusions nous inquiètent énormément. C’est tout à fait inattendu », a déclaré à IRIN Bal Krishna Subedi, ancien directeur de la DSF, qui a dirigé l’étude. « Cela nous a ouvert les yeux : nous devons creuser la question », a-t-il dit.
L’étude a également révélé une amélioration du taux global de mortalité maternelle au Népal : il est désormais de 229 décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, contre 539 pour 100 000 naissances vivantes en 1998.
Des causes difficiles à cerner
Selon l’étude, les troubles de santé mentale, et les problèmes relationnels, conjugaux et familiaux sont autant de facteurs de suicide, de même que la jeunesse, puisque 21 pour cent des personnes ayant mis fin à leurs jours étaient des jeunes femmes âgées de 18 ans et moins.
L’étude ne donne toutefois pas de précisions sur le sujet, davantage de recherches devant être menées pour déterminer les causes du problème, indique-t-elle.
« De nouvelles recherches sont nécessaires pour mieux cerner les circonstances de ces événements tragiques et les facteurs qui y contribuent, et orienter ainsi les interventions dans ce domaine », peut-on lire dans l’étude.
Photo: Sagar Shrestha/IRIN |
De retour dans leurs régions et villages d’origine, les anciennes combattantes maoïstes se heurtent à des difficultés (photo d'archives) |
« La violence sexiste pourrait en être la cause principale, ou figurer parmi les causes principales, mais davantage de recherches doivent être menées pour déterminer dans quelle mesure elle entre véritablement en jeu », a-t-il estimé.
Les suicides, souvent passés sous silence
A en croire les femmes activistes, les résultats de l’étude ne sont pas surprenants, et le problème pourrait même être encore plus répandu, les suicides étant souvent passés sous silence.
« La plupart des familles ne déclarent jamais les cas de suicide, car elles ont peur d’être entraînées dans des affaires de police », a expliqué à IRIN Pinky Rana, directrice de Samanta, une organisation non gouvernementale (ONG) locale de défense des droits de la femme.
Le seul moyen de prévenir les suicides est de criminaliser les causes de ces décès, telles que les querelles liées à la dot ou la violence domestique, selon Sapana Malla Pradhan, députée et présidente du Forum for Women, Law and Development (FWLD).
« Lorsqu’une personne se suicide, l’affaire est classée, aucune enquête n’est jamais ouverte pour déterminer ce qui a poussé cette femme à prendre une mesure aussi radicale », a ajouté Sapana Pradhan.
Les recherches nécessaires doivent être menées pour dresser un portrait précis du suicide chez les femmes. Mais la plupart des organisations humanitaires ne souhaitent pas financer ce type d’études ou de recherches, a-t-elle ajouté.
Selon les groupes de femmes, des services d’aide psychosociale doivent également être mis en place dans de nombreuses régions du pays, pour permettre aux femmes de faire face à différents problèmes tels que la dépression.
« Des programmes de formation au conseil [psychosocial] doivent impérativement être mis en place et nous avons besoin de plus de conseillers pour aider ces pauvres victimes », selon Mme Pradhan.
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