Malgré l’insécurité causée par deux décennies de guerre dans le nord du pays, les programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME) remportent un franc succès.
L'Association des volontaires pour le service international (AVSI), une ONG italienne, a indiqué que dans le cadre de ses programmes menés dans les districts de Kitgum et Pader, les services de conseils et de dépistage du VIH enregistraient un taux d’acceptation supérieur à 90 pour cent. En outre, les mères sont plus nombreuses à se rendre dans des centres de santé afin d'accoucher.
Néanmoins, les travailleurs sanitaires et les ONG locales qui tentent d’offrir un soutien postnatal rencontrent de plus en plus de difficultés à s’assurer que les femmes continuent d’adopter des méthodes alimentaires sûres.
Health Alert-Uganda, une ONG locale qui alloue des fonds aux mères séropositives afin qu’elles achètent du lait, se bat pour satisfaire à la demande. En effet, l’ONG verse généralement suffisamment d’argent aux femmes pour que celles-ci puissent disposer de lait pendant un mois. Toutefois, le prix du lait ayant dernièrement augmenté de plus de 50 pour cent, l’ONG a dû faire des coupes dans son programme.
Le lait en poudre, bien que disponible dans les épiceries locales, est inabordable pour la majorité des mères du pays.
Des lignes directrices négligées
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) préconise, quand une alimentation de remplacement est acceptable, faisable, financièrement abordable, durable et sûre, d’éviter l’allaitement par les mères infectées par le VIH, dans le cas contraire, elle recommande l'allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois de la vie de l’enfant.
« Nous sommes confrontés au problème suivant : certaines mères allaitent leurs enfants tout en leur donnant une alimentation de substitution », a expliqué Walter Anywar, responsable de projet auprès de Health Alert.
« Nous pouvons réduire le taux de transmission du virus de la mère à l’enfant en apportant un soutien à ces mères qui n’ont pas les moyens d’acheter les produits onéreux d’une alimentation de remplacement », a-t-il poursuivi.
Grace Adong a accouché il y a huit mois et a eu la chance de faire appel aux services d’une ONG locale qui lui fournit un litre de lait de vache par jour. Toutefois, aujourd’hui, son nourrisson a besoin quotidiennement d’une quantité supérieure à un litre. Mme Adong n’a pas les moyens de lui acheter plus de lait et doit donc diluer sa ration avec de l’eau.
« J’ajoute un demi-litre d’eau dans le lait pour que mon bébé ait suffisamment à manger au cours de la journée », a-t-elle confié.
Les programmes de PTME respectent les lignes directrices de l’OMS, mais le gouvernement reconnaît que la plupart des mères ougandaises ne sont en mesure d’offrir une alimentation de substitution à leurs nourrissons en raison des taux élevés de pauvreté, du statut inférieur des femmes, de la stigmatisation et de la culture quasi universelle de l’allaitement.
« En Ouganda, la plupart des mères, notamment celles qui vivent dans le nord du pays qui sort de la guerre, n’ont actuellement pas les moyens d’acheter du lait en poudre », a noté l’International Treatment Preparedness Coalition, dans un récent rapport sur les échecs des services de PTME intitulé Missing the Target (Objectif manqué).
« Les femmes enceintes ont le sentiment que leur lait est insuffisant en raison d’une malnutrition modérée, et elles sont prêtes à essayer de le compléter avec une autre forme d’alimentation – une démarche qui élimine les bienfaits protecteurs de l'allaitement maternel exclusif », peut-on lire dans le rapport.
« Le ministère de la Santé et les prestataires de services non gouvernementaux devraient mobiliser des ressources dans le domaine du soutien nutritionnel afin de permettre aux mères séropositives inscrites auprès des services de prévention de la transmission verticale les moyens de proposer une alimentation de substitution à leurs bébés », a recommandé le rapport.
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