« La situation est tellement grave que si rien n’est fait, beaucoup de gens vont mourir », a déclaré à IRIN Asha Sha'ur, activiste de la société civile, le 25 mai. « Nous appelons les organisations humanitaires internationales à aider ces populations désespérées avant qu’il ne soit trop tard ».
A Mogadiscio, les opérations d’aide humanitaire se sont presque arrêtées en raison de l’intensification des violences. Selon les estimations, entre 57 000 et 60 000 personnes ont fui leurs domiciles depuis les derniers affrontements, le 8 mai, selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
Selon Ali Sheikh Yassin, vice-président de l’Elman Human Rights Organisation (EHRO), sise à Mogadiscio, 207 personnes ont été tuées depuis les derniers affrontements, le 8 mai. Dans la seule journée du 22 mai, a-t-il rapporté, quelque 59 personnes ont été tuées dans la capitale, mais ce bilan porte uniquement sur les décès qui ont pu être confirmés par l’organisme. « Un grand nombre de personnes ont été enterrées là où elles sont mortes ».
Selon M. Yassin, le bilan des morts inclut sept policiers tués par un kamikaze, le 24 mai.
Les violences ont forcé Médecins sans frontières à fermer son dispensaire, dans la zone de Yaaqshid. Le centre de santé rouvrira ses portes dès qu’un niveau de sécurité minimum sera assuré, a déclaré l’organisme.
« Même les ONG locales ont peur d’intervenir en raison de cette situation de sécurité incertaine », selon un travailleur humanitaire de la région.
La semaine dernière, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a rapporté que son complexe de Jowhar, à 90 kilomètres au sud de Mogadiscio, avait été pillé lorsque la milice Al-Shabab avait pris le contrôle de la ville.
Photo: Hassan Mahamud Ahmed/IRIN |
Une famille fuit Mogadiscio à la suite des affrontements entre les soldats du gouvernement et les insurgés |
Le pillage du 17 mai a abouti à la destruction des réserves, des biens et de l’équipement humanitaires. « L’équipement de la chaîne du froid [nécessaire à l’entreposage des vaccins] a été endommagé : des milliers de doses de vaccins contre la rougeole, la polio et autres, qui devaient permettre d’immuniser les enfants somaliens, ont été détruites », a déclaré l’UNICEF.
Mme Sha'ur ainsi que d’autres leaders de la société civile ont appelé la communauté internationale et les Somaliens de la diaspora à aider des milliers de personnes désespérées, déplacées par les violences qui opposent les forces du gouvernement aux insurgés.
« Nous avons formé ce groupe de travail pour nous assurer d’accompagner [les organisations humanitaires] partout où elles souhaiteront aller », a expliqué Mme Sha'ur. « Nous nous sommes rendus dans certains de ces camps [situés à la périphérie de la ville] et nous avons découvert que les conditions de vie des populations y étaient déchirantes ».
Les nouveaux déplacés vivent en effet dans des conditions déplorables. « Bon nombre d’entre eux n’ont pas où loger, alors ils s’entassent avec d’autres gens dans des espaces exigus ; et ils n’ont pas grand-chose (voire rien) à manger », a rapporté Mme Sha'ur. « Ils ont besoin d’aide dans tous les domaines, mais l’hébergement est leur besoin le plus urgent ».
Nasteho Osman, 29 ans, élève seule ses quatre enfants ; la semaine dernière, elle est retournée aux camps de déplacés qu’elle avait quittés il y a à peine un mois.
« J’étais au marché de Bakara lorsque les affrontements ont éclaté [le 8 mai] ; j’ai dû retourner à la maison en précipitation pour m’assurer que mes enfants étaient en sécurité », a raconté Mme Osman. « Je suis partie il y a dix jours, en n’emportant que ce qu’on pouvait porter ».
La situation s’aggrave dès qu’il pleut. « Nous n’avons qu’une petite cabane qui nous sert d’abri, et quand il pleut, personne n’arrive à dormir », a-t-elle ajouté.
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