Au début de l’année 2009, les analyses réalisées par les autorités sanitaires ont révélé une contamination générale de l’eau du robinet et de l’eau en bouteille : des taux de nitrates et d’arsenic, cancérigènes, ont été décelés, ainsi que la présence d’e-coli, cause de diarrhée.
Tran Van Nhi, scientifique à l’Institut de biotechnologie du Vietnam, a expliqué à IRIN que l’eau d’Hanoi était gravement contaminée à l’ammoniac : « Elle en contient 6 à 18 fois plus que le taux autorisé ».
Une faible teneur en ammoniac n’est pas toxique, mais lorsque celui-ci réagit avec certaines autres substances, il peut devenir cancérigène, selon M. Nhi et d’autres scientifiques. M. Nhi a également relevé une teneur en arsenic deux à trois fois plus élevée que la norme acceptable fixée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
La plupart des habitants font systématiquement bouillir leur eau de boisson, mais les températures élevées ne permettent pas d’éliminer l’arsenic et les métaux lourds toxiques.
L’eau en bouteille
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Des dizaines d’échantillons n’ont pas passé les tests de conformité aux normes de sécurité sanitaire, réalisés à Ho Chi Minh Ville, en mars 2009. « Nous avons détecté dans nos échantillons la présence de bactéries, essentiellement coliformes et Pseudomonas aeruginosa », a indiqué Le Truong Giang, directeur adjoint des services sanitaires municipaux. La Pseudomonas aeruginosa peut provoquer des infections et entraîner la mort.
Au dernier décompte, 38 entreprises d’embouteillage d’eau ont été contraintes de fermer à Ho Chi Minh Ville, 12 dans la province centrale de Quang Ngai, et au moins une dizaine à Hanoi.
En juin 2008, l’OMS a rapporté que l’eau contaminée et les systèmes d’assainissement insuffisants faisaient chaque année 20 000 morts au sein de la population vietnamienne.
Nguyen Thi Minh, femme au foyer à Hanoi, est inquiète. Elle a lu dans la presse que l’eau du robinet était contaminée. Elle ne sait pas vraiment ce que sont l’ammoniac et l’arsenic, mais sa famille a décidé de passer à l’eau en bouteille, car celle-ci n’écume pas lorsqu’on la fait bouillir. « Et maintenant, il s’avère que l’eau en bouteille n’est pas salubre, elle non plus », a déploré Mme Minh. « Qu’est-ce qu’on peut faire ? ».
« Les consommateurs devraient ... choisir des marques fiables », a recommandé M. Giang des services sanitaires d’Ho Chi Minh Ville. Mais le seul moyen d’être véritablement protégé, a-t-il ajouté, c’est de faire aussi bouillir l’eau en bouteille.
D’après Nguyen Ton, président de l’Association vietnamienne d’alimentation en eau et de traitement des eaux usées, sise à Hanoi, la qualité de l’eau dépend, en fin de compte, de l’existence de sources d’eau propre facilement exploitables : « Les rivières sont très polluées, si bien que même les poissons périssent ... Cela affecte la qualité du produit fini [l’eau] même après le traitement ».
Des canalisations vétustes
En outre, a également expliqué M. Ton, les canalisations d’eau vétustes qui relient les usines de traitement aux habitations fuient, laissant s’infiltrer des agents contaminants dangereux.
La solution à long terme consisterait à moderniser les systèmes municipaux d’approvisionnement en eau, mais cela exigerait d’importants investissements. « Les usines de traitement des eaux ne peuvent pas satisfaire la demande dans les grandes zones urbaines », a expliqué M. Ton. « D’ici à l’an 2020, Hanoi [qui produit actuellement 600 000 mètres cubes d’eau par jour] devra produire plus d’un million de mètres cubes » pour satisfaire la demande, a-t-il indiqué.
Or, pour produire près du double du volume d’eau actuel, une nécessité, il faudra investir dans les infrastructures et Hanoi n’en a pas les moyens, selon M. Ton.
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