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Cultiver sans terre

Who needs soil? Lettuce shown here growing out of gravel Alex Alper/IRIN
Lettuce shown here growing out of gravel
À en croire un petit groupe d’agronomes, on pourrait augmenter la production agricole et réduire la malnutrition au Cap-Vert en cultivant avec moins d’eau… et sans terre.

Au Cap-Vert, archipel volcanique, moins de 10 pour cent du territoire est cultivable et le pays importe presque tous ses vivres, selon le ministère de l’Agriculture.

La culture hydroponique (du grec « eau » et « travail ») remplace la terre par une solution nutritive. Sergio Roque Monteiro, agriculteur hydroponique, a expliqué à IRIN qu’il avait appris à cultiver sans terre au Brésil, avant de s’installer au Cap-Vert en 2000.

Depuis 2006, le gouvernement et les organismes à but non-lucratif lui ont demandé de former plus de 100 personnes, a-t-il dit, mais à sa connaissance, seules six ont continué à cultiver sans terre à titre professionnel.

« Les gens sont traditionnels, et généralement, ils n’aiment pas les nouvelles technologies », a expliqué M. Monteiro. « Le gros problème, c’est le manque de sensibilisation ».

Du gravier

Dans sa serre de 15 mètres carrés, sur l’île de Santiago, où se trouve Praia, la capitale, M. Monteiro cultive du cresson, de la laitue et d’autres légumes, qu’il vend aux hôtels et aux restaurants de la région. En remplaçant la terre par du gravier et en recyclant un écoulement d’eau et de minéraux continu à travers plusieurs plateaux sur lesquels poussent 600 laitues et 200 plants de cresson, M. Monteiro utilise moins d’un cinquième de l’eau généralement requise pour l’agriculture classique, et bien moins de terre.

Et pourtant, il produit plus, dit-il. « La terre est pleine d’agents contaminants qui empêchent les plantes de pousser correctement ».

S’il n’y a pas d’électricité pour faire fonctionner sa pompe à eau, a-t-il néanmoins expliqué, il faut impérativement arroser les plantes à la main. « Le plus gros désavantage, c’est que les plantes ont besoin d’être constamment irriguées parce qu’il n’y a pas de terre pour conserver l’humidité. Si elles restent sans eau pendant quelques heures, elles meurent ».

Mais plus que l’énergie constante et l’arrosage continuel nécessaires pour faire fonctionner un système hydroponique, ce sont les coûts de démarrage élevés qui découragent les convertis, a expliqué M. Monteiro. « J’ai dépensé 17 000 dollars pour mettre en place mon système, mais j’ai amorti ces frais en un an. Et je suis prêt à me développer, maintenant, quatre ans plus tard. Je n’arrive pas à répondre à la demande ».

La majorité de l’équipement de départ est en vente dans la région : un réservoir, un grillage, du fer, ou du bois et du ciment. Pour tester l’acidité de la solution minérale nutritive, les agriculteurs doivent soit faire appel aux services d’une société agricole locale, soit importer un équipement spécial.

La récolte

M. Monteiro a expliqué qu’il gagnait jusqu’à 2 300 dollars par mois, un tiers de cette somme étant réinvesti en frais d’exploitation, mais que la culture hydroponique était plus qu’une question de revenus. « Dans ce pays, les gens manquent de nutriments. La mauvaise qualité des sols, le manque de soleil et d’eau limitent la production locale. Mais la culture hydroponique permet de combler cette lacune en matière de production et de nutrition en plantant des produits que l’on cultivait autrefois, lorsque l’île avait plus d’eau ».

La diminution des précipitations, qui a provoqué des pénuries d’eau dans l’archipel, a été imputée au changement climatique.

Environ une personne sur 10 (un peu plus dans les régions rurales) souffre de malnutrition, ayant moins de 65 centimes de dollar par jour à consacrer à l’achat de nourriture, selon une étude gouvernementale réalisée de concert avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture ; ce rapport, publié récemment, se fonde sur les statistiques de 2002.

Aujourd’hui, les habitants du Cap-Vert adhèrent prudemment à la technologie hydroponique. « Je me dis qu’une tomate cultivée dans la terre est plus riche », a dit Raul Pereira Mendes, un habitant de Praia. « Mais je ne sais pas. J’ai entendu des gens dire que les plantes cultivées sans terre attiraient moins les insectes ».

aa/pt/np/nh/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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