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Conflit armé dans le sud-est du pays, le gouvernement décrète l'état d'urgence

[Chad] Remnants of a home in Leboutigue village in southeastern Chad. The village was burned in inter-communal clashes. [Date picture taken: 11/12/2006] UNHCR
Restes calcinés d'une case après l'incendie qui a ravagé le village de Leboutigue (sud-est) au cours d'affrontements intercommunautaires.
Ce qui n’était qu’un incident lié à un vol de bétail a dégénéré en un véritable conflit armé dans le sud-est du Tchad, une région où la recrudescence des violences intercommunautaires empêche les agences humanitaires de prendre en charge les blessés et les populations déplacées, selon des associations tchadiennes de défense des droits de l’homme.

Mardi, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a confirmé que les récents affrontements, qui ont éclaté le 4 novembre dernier, avaient fait plus de 220 morts. Ces violences, selon le HCR, reflètent l’instabilité qui prévaut dans la région du Darfour, au Soudan voisin.

« Nous redoutons que ces violences intercommunautaires dégénèrent et s’étendent à tout le sud-est du Tchad », a déclaré, depuis Genève, Ron Redmond, le porte-parole du HCR. Au moins vingt villages ont été attaqués au cours des deux dernières semaines, dans la région sud de Goz Beida, a-t-il précisé.

Le gouvernement tchadien a décrété, lundi, l’état d’urgence dans les régions de Salamat, Ouaddaï, Wadi Fira, Hadjer Lamis, Borkou-Ennedi-Tibesti, Moyen Chari, Mandoul et dans la ville de N’djamena, la capitale.

En outre, le gouvernement a indiqué que les autorités pourraient « user de tous les moyens à leur disposition pour mettre fin aux affrontements » et imposer la censure préalable sur l’ensemble des médias.

« Le gouvernement soudanais, non content d’avoir semé la désolation dans le Darfour, provoquant un afflux massif de réfugiés dont le Tchad supporte les conséquences, veut aujourd’hui exporter ce conflit interne sur le territoire tchadien », a déclaré le Premier ministre, Pascal Yoadimnadji.

On estime à 218 000 le nombre de réfugiés soudanais présents au Tchad où le gouvernement du Président Idriss Deby est confronté à une rébellion armée dans l’est du pays.

La semaine dernière, quelque 5 000 tchadiens se sont dirigés vers le camp de déplacés internes de Habile, une localité située à 45 kilomètres au sud-est de Goz Beida, a indiqué Ron Redmond. D’autres se sont réfugiés à proximité de Goz Beida, a-t-il ajouté. L’année dernière, les troubles ont fait quelque 68 000 déplacés dans l’est du Tchad.

Le HCR a exhorté la communauté internationale à dépêcher rapidement des troupes sur le terrain afin de protéger les civils tchadiens, les réfugiés soudanais et les travailleurs humanitaires. En août dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté une résolution recommandant le déploiement d’une opération multidimensionnelle des Nations unies au Tchad et en République centrafricaine, un Etat voisin.

Dirigée par le HCR, la mission inter-agence chargée d’évaluer la situation à Louboutique, un village qui a été la cible de récentes attaques, a dû annuler cette opération après avoir essuyé des coups de feu.

Selon des témoins, des habitants de Louboutique avaient les yeux arrachés, de vieilles femmes présentaient d’importantes brûlures au niveau des bras et du dos, des cases et des hectares de broussailles avaient été incendiés.

« Aucun blessé grave n’est à déplorer, mais il s’agit là d’une illustration de la terreur que vivent quotidiennement des dizaines de milliers de Tchadiens du sud-est », a déploré M. Redmond du HCR.

Selon les travailleurs humanitaires, de nombreuses localités de la région sont devenues inaccessibles. Par exemple, dans le village de Bandicao, situé à quelque 80 kilomètres de Goz Beida, ce sont les habitants eux-mêmes qui ont déconseillé aux travailleurs humanitaires d’évacuer les blessés pour éviter les embuscades tendues par des hommes armés.

Un convoi de l’armée tchadienne a été envoyé lundi soir à Bandicao afin de faciliter l’évacuation des blessés. Cependant, seuls les blessés graves ont pu être évacués.

L’Association Tchad non violence (ATNV) et l’Association pour les libertés fondamentales au Tchad (APLFT) se sont récemment rendues dans le sud-est du pays.

Selon leurs estimations, les attaques lancées entre le 30 octobre et le 10 novembre derniers sur les villages de Djerlo, Kerfi et Agourtouloum, à environ 45 kilomètres de Goz Beida, auraient fait 63 morts et 26 blessés.

« Outre le nombre de victimes, le constat général est la désolation: villages incendiés, maisons détruites, greniers brûlés et bétail décimé », ont déploré les deux associations.

« Ce qui n’était au début que des actes de banditisme liés au vol de bétail, se transforme aujourd’hui en un véritable conflit armé dont les principales victimes sont les populations autochtones des ethnies Dadjos et Massalites des cantons Kado, Oauadikadja, Koloy, Bahr Azoum et Mouro », ont-elles précisé.

De l’avis de deux associations, le problème est complexe et l’identité des assaillants est difficile à établir. D’après les personnes déplacées, il s’agirait de quatre groupes armés, les milices Janjawid, les Toboros, les Bachmarga et des rebelles. Et pour Ron Redmond, les témoignages des déplacés tchadiens concordaient.

« Les assaillants [selon les témoignages des déplacés] sont presque toujours identifiés comme appartenant à des tribus arabes. Les victimes les connaissent souvent personnellement car ils ont souvent été leurs voisins pendant des générations », a expliqué M. Redmond. « Ils sont souvent armés de kalachnikovs, se déplacent à cheval, à chameau ou dans des camions, et portent des habits civils ou des uniformes militaires », a-t-il conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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