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Les Yéménites ont davantage besoin du commerce que de l’aide de l’Arabie saoudite

Yemenis queue to buy petrol in the capital Sana'a on April 1, 2015 Almigdad Mojalli/IRIN
Yemenis queue to buy petrol in the capital Sanaa on April 1 2015
Si la coalition menée par l’Arabie saoudite souhaite vraiment prouver son engagement en faveur des Yéménites, elle doit faciliter l’accès des navires de commerce. À l’heure qu’il est, le commerce est la véritable priorité humanitaire, pas l’aide.

Après une campagne de bombardement de quatre semaines visant les rebelles houthistes qui avaient renversé le président élu, la mort de près de 1 000 personnes a été confirmée et 150 000 habitants ont été déplacés. 

La coalition semble avoir enfin pris conscience de l’ampleur de la détresse humanitaire dans ce pays le plus pauvre du Moyen-Orient. Les responsables des pays du Golfe ont averti que la liste des victimes commençait à « devenir un problème ». Nombreux sont ceux qui estiment que c’est toute la population du Yémen qui est punie, plutôt que simplement les houthistes pro-Iraniens et leurs alliés. 

« En Syrie, en Irak et en Libye […] le libre-échange n’a pas été attaqué de la sorte »
La coalition s’est rendu compte, bien qu’un peu tard, de la nécessité de mener une guerre de propagande : elle a cherché ces derniers jours à attirer l’attention sur son engagement humanitaire.

Les Nations Unies ont lancé un appel d’urgence de 274 millions de dollars pour l’aide humanitaire nécessaire pour les trois prochains mois. En 48 heures, les Saoudiens se sont engagés à financer la totalité de cet appel. 

Puis, jeudi, l’opération « Tempête décisive » a été remplacée par une opération de bon ton baptisée « Restaurer l’espoir », dont l’objectif déclaré est de protéger les civils et de faciliter les opérations de secours d’urgence. 

La campagne de bombardement n’est pas terminée, mais elle a au moins ralenti. Les Nations Unies travaillent en collaboration avec les Saoudiens pour distribuer de l’aide aux plus nécessiteux. Rien que de très humanitaire.

Restent les restrictions imposées aux navires et aux avions de commerce, qui ne semblent pas avoir changé et, selon les dires d’un spécialiste de l’action humanitaire la semaine dernière, sont appliquées à un niveau presque sans précédent. 

« En Syrie, en Irak et en Libye, les pays ont sombré dans la guerre civile, mais le libre-échange n’a pas été attaqué de la sorte », a-t-il dit à IRIN. En l’absence d’ouverture des voies de commerce, les organisations d’aide humanitaire ne peuvent que mettre un pansement sur une plaie béante, a-t-il ajouté.

Le blocus partiel qui paralyse le pays a été renforcé ces derniers jours, après l’adoption par les Nations Unies d’une résolution imposant un embargo sur les armes à destination des houthistes et de leurs alliés. 

Dire que le blocus a été imposé de manière maladroite est un euphémisme.

Des dizaines de navires transportant du combustible, des céréales et d’autres biens vitaux ont été maintenus au mouillage pendant des jours dans l’attente d’être fouillés avant de pouvoir être déchargés, si l’autorisation leur en était donnée.

L’aide humanitaire devient presque vaine si les restrictions commerciales empêchent les civils yéménites — riches comme pauvres — de se procurer du combustible et de la nourriture.

Ces restrictions entravent également le travail des organisations humanitaires. Même si ces dernières arrivent à recevoir des approvisionnements par voie aérienne à Sana’a, la capitale, ou dans d’autres villes, elles ne peuvent pas en faire grand-chose sans combustible.

En 2011, le pays a importé 2,6 millions de tonnes de blé. Les organisations humanitaires n’ont fourni que 0,5 pour cent de cette quantité.
Ainsi que l’a signalé IRIN la semaine dernière, des millions de dollars de vaccins et de médicament essentiels risquent de devoir être jetés si les réfrigérateurs n’ont plus de combustible pour fonctionner. Les hôpitaux sont eux aussi sur le point d’en manquer.

C’est l’ensemble du système humanitaire qui tombe en panne si l’importation des produits de première nécessité n’est pas autorisée. Ainsi, sans essence, personne ne peut se rendre là où des pompes à eau doivent être réparées, ce qui signifie que le pays risque de se retrouver à sec.

L’approvisionnement en nourriture devient bien plus difficile et les prix ont grimpé en flèche sur les marchés locaux.

Plus important encore, même si les professionnels du secteur ont horreur de l’admettre, l’aide humanitaire est essentiellement secondaire. Elle peut faire une grande différence pour un petit nombre de personnes, mais elle ne pourra jamais remplacer le commerce.

Les études tendent à indiquer que les réfugiés considèrent souvent l’aide humanitaire comme un complément plutôt que comme leur ressource principale. 

Jetons un oeil aux importations yéménites. En 2011, le pays a importé 2,6 millions de tonnes de blé. Les organisations humanitaires n’ont fourni que 0,5 pour cent de cette quantité, soit un sac de céréales sur 40 (voir le schéma ci-dessous).


Trond Jensen, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies au Yémen, a dit à IRIN que son agence encourageait les Saoudiens à explorer d’autres solutions pour appliquer l’embargo sur les armes imposé aux houthistes. En clair, elle prône un assouplissement du blocus naval.

En effet, si le blocus est maintenu tel quel, la situation ne changera pas, même si tous les humanitaires du monde s’y mettent.

jd/ag-ld/amz 
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