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Le Yémen en guerre : les frappes aériennes perturbent la fourniture de l’aide

Mother and child wait for attendance at a hospital that assists malnourished children in the impoverished area of Bayt al-Faqih, Yemen Juan Herrero/IRIN
Mother and child wait for attendance at a hospital that assists malnourished children in the impoverished area of Bayt al-Faqih, Yemen (May 2013)
Selon des organisations humanitaires internationales, l’assaut mené par l’Arabie saoudite au Yémen a perturbé les programmes humanitaires salutaires mis en oeuvre dans l’ensemble du pays.

La fourniture d’aide humanitaire était déjà difficile dans de nombreuses régions du Yémen. Le glissement du pays vers la guerre civile s’est accéléré en septembre à la suite de la prise de la capitale, Sanaa, par les rebelles houthistes venus du Nord. Le matin du jeudi 26 mars, une coalition de huit pays dirigée par le royaume saoudien a commencé à bombarder des positions importantes de la rébellion chiite à Sanaa et dans d’autres villes.

Depuis lors, les Nations Unies et les autres agences humanitaires ont été contraintes d’interrompre des programmes importants. Les Nations Unies et les organisations non gouvernementales (ONG) internationales présentes sur le terrain cherchent à évacuer les membres de leur personnel international, mais plusieurs centaines d’entre eux sont toujours au Yémen. Tous les vols commerciaux en partance du pays ont été annulés depuis le début des attaques saoudiennes.

Trond Jensen, chef du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) au Yémen, a dit qu’il était « extrêmement préoccupé » par la suspension des programmes d’aide essentiels dans l’ensemble du pays. « Notre capacité à rester et à intervenir est gravement affectée lors d’un conflit », a-t-il dit.

Le Yémen, dont la population est légèrement inférieure à 26 millions, est le pays le plus pauvre du monde arabe. Près des deux tiers des habitants avaient déjà besoin d’aide avant la crise et plus de 10 millions de personnes vivent dans l’insécurité alimentaire.

La prise de pouvoir par les rebelles houthistes a déjà entraîné l’interruption d’importants programmes de soutien financier dans le pays. Plusieurs millions de dollars de programmes d’aide au développement ont par ailleurs été suspendus.

M. Jensen a dit qu’il était fort probable que la situation économique désastreuse du pays soit aggravée par la suspension des programmes humanitaires. « Les personnes vulnérables seront poussées dans leurs derniers retranchements », a-t-il ajouté en reconnaissant que le pays est victime d’un malheureux concours de circonstances.

Il a cependant précisé que les Nations Unies chercheraient à continuer de fournir une aide humanitaire à distance.

« Nous avons déjà constitué un réseau de partenaires locaux par l’intermédiaire duquel les agences des Nations Unies opèrent. Nous continuerons de travailler en collaboration avec eux. »


Haajir Maalim, directeur pays pour Action Contre la Faim (ACF), a dit que toutes les opérations de l’organisation avaient été suspendues pour des raisons de sécurité dans les gouvernorats de Hajjah et d’Al-Hudaydah, dans le Nord, et dans ceux d’Abyan et de Lahj, dans le Sud. Il a ajouté que l’organisation cherchait à maintenir certains services afin que des milliers de personnes vulnérables ne soient pas laissées sans soutien.

« Je pense que [la situation] est très inquiétante, en particulier si le conflit dure longtemps », a-t-il dit. « Les Yéménites sont très résilients et la vie continue à Sanaa et dans les autres villes... mais cela peut seulement continuer pendant une courte période. »

« La capacité locale à résister est limitée, surtout si le conflit perdure. »

Il a ajouté que l’organisation cherchait également à évacuer son personnel international et que les déplacements de ceux qui restaient au Yémen seraient réduits.

« C’est lors des déplacements que nous sommes le plus menacés », a-t-il dit, ajoutant que les frappes aériennes et le passage des postes de contrôle représentent des risques importants. « Les déplacements pour venir en aide aux bénéficiaires seront limités. »

M. Maalim a dit qu’il était préoccupé par le fait que le personnel humanitaire pourrait devenir la cible de bandes criminelles si le conflit se prolonge.

Les crises au Yémen
14,7 millions de personnes - près des deux tiers de la population- ont besoin d’une aide humanitaire
13,1 millions de personnes - près la moitié de la population - n’ont pas accès à l’eau potable et à des systèmes d’assainissement
Les organisations d’aide humanitaire ont reçu 56 pour cent des 596 millions de dollars demandés pour répondre aux besoins humanitaires.
10,6 millions de personnes ne savent pas de quoi sera fait leur prochain repas.
8,6 millions de personnes n’ont pas accès à des soins de santé adéquats.
840 000 enfants souffrent de malnutrition aigüe
334 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays.
Sources: HCR, PAM, OCHA, OMS, UNICEF
« Jusqu’à présent, [les travailleurs humanitaires n’ont pas été] ciblés, mais, lorsque les populations deviendront désespérées, nous sommes conscients que les organisations humanitaires seront considérées comme disposant de ressources. »

Alors que les combats s’intensifient, il semble qu’aucun des camps n’accorde d’importance à la souffrance humanitaire qui règne dans le pays.

Le chef de la rébellion houthiste, qui bénéficie du soutien de l’Iran, a eu recours à une rhétorique de plus en plus enflammée pour protester contre les attaques. Abdu Rabu Mansour Hadi, le président reconnu par la communauté internationale, s’était prononcé en faveur des frappes saoudiennes, qui ont fait des victimes parmi les civils

Un rapport publié le 27 mars par le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) attire l’attention sur le fait que les belligérants sont actuellement peu disposés à rechercher une solution négociée au conflit. Des témoins oculaires ont dit qu’il y avait eu de nouvelles frappes aériennes à Sanaa le vendredi 27 mars au soir.

« Nous craignons que les maigres ressources qui restent à l’intérieur du pays soient détournées et utilisées par les parties au conflit », a ajouté M. Jensen.

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