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Des écoles du nord du Cameroun attaquées par Boko Haram

Nigerian refugee children in a camp in northern Cameroon. Boko Haram attacks have forced the closure of schools in Cameroon's Far North Region Otto Bakano/IRIN
Selon les autorités, près de 70 écoles de la région de l’Extrême-Nord du Cameroun ont été obligées de fermer, ont été endommagées ou n’ouvrent que par intermittence depuis que les insurgés du groupe nigérian Boko Haram se sont mis à traverser la frontière de manière récurrente.

Les 69 écoles touchées (des écoles primaires pour la plupart) se trouvent dans les départements du Logone-et-Chari, du Mayo-Sava et du Mayo-Tsanaga, dans la région de l’Extrême-Nord, qui jouxte le fief de Boko Haram, de l’autre côté de la frontière, dans le nord-est du Nigeria. Dans le Mayo-Sava, par exemple, 20 des 30 écoles ont fermé depuis le début de l’année scolaire, en septembre, selon le sous-préfet Ibrahim Koulagna.

« Les attaques de villages et d’écoles par Boko Haram ont forcé les élèves et les enseignants à fuir. Il y a beaucoup de familles déplacées dans la région. Cette population déplacée s’est installée dans d’autres localités comme Kolofata et Mora, au centre [du département] », a dit M. Koulagna à IRIN.

Les terroristes de Boko Haram ont attaqué le nord du Cameroun à plusieurs reprises, enlevant des étrangers et des habitants de la région et prenant pour cible des services de police et des postes-frontière. Les autorités de Yaoundé ont renforcé leur présence militaire dans la région et l’armée a récemment annoncé avoir tué une centaine de combattants appartenant à Boko Haram. En septembre, l’armée avait déclaré avoir tué le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, mais l’affirmation avait été démentie par les insurgés.

« Nous perdons des élèves chaque fois qu’un village est attaqué, même si c’est à plusieurs kilomètres d’ici », a dit Christophe Barbah, maître d’école de la commune de Kolofata.

Déjà médiocres, les conditions d’enseignement se détériorent

Seulement une poignée des enseignants du public affectés à l’Extrême-Nord demeurent en poste. « En 2014, plus de 200 enseignants qualifiés n’ont pas pris leurs fonctions dans ces localités et nombreux sont ceux qui cherchent à être transférés ailleurs en raison de l’insécurité », a dit à IRIN un fonctionnaire du ministère de l’Éducation de base.

Ce fonctionnaire, qui a préféré garder l’anonymat, s’est dit inquiet de voir que l’éducation dans l’Extrême-Nord était en grave péril, non seulement parce que les enseignants fuient les écoles de la région, mais aussi parce que les établissements qui intègrent les élèves venant d’autres écoles ne reçoivent pas de fonds supplémentaires.

« Je suis le seul enseignant du public qui reste ici de manière régulière », a dit M. Barbah. « En ma qualité d’enseignant principal, je ne peux pas quitter mon poste ».

« Nous en sommes venus à demander l’aide de jeunes hommes et femmes instruits des communautés pour faire la classe aux enfants. Mais nous devons les inciter avec de l’argent si nous voulons qu’ils continuent à travailler. Ce n’est pas toujours possible, car la plupart des parents de la région sont très pauvres et peuvent à peine se procurer suffisamment à manger pour que les enfants puissent rester à l’école. »

Joseph Ampoam, un enseignant qui a fui les violences dans la région de Fotocol, près de la frontière tchadienne, a dit qu’il avait décidé de rester à Maroua (la capitale de l’Extrême-Nord) plutôt que de risquer sa vie en allant travailler dans la communauté.

« Nous n’étions pas tranquilles au travail, car les combats n’étaient pas loin. Les récentes attaques se sont étendues jusqu’au village où je travaillais, alors je me suis échappé vers Maroua. J’ai appris que les élèves ne veulent pas venir à l’école et que mon école ne fonctionne plus depuis le début de l’année scolaire [en septembre] », a-t-il dit.

Migrer pour se protéger

Dans le département du Mayo-Sava, des centaines d’élèves et leur famille ont fui la frontière et se sont réfugiés dans les centres urbains de Kolofata et Mora. M. Koulagna, le sous-préfet, a dit qu’en août plus de 3 600 personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays avaient été enregistrées, mais que bien plus encore restaient inaccessibles et n’étaient donc pas enregistrés.

« La plupart des familles déplacées vivent maintenant en ville et le nombre d’enfants a doublé dans [certaines] écoles, mais bien d’autres n’ont accès à aucune école », a dit M. Koulagna. « L’éducation est la cible de ces attaques. Boko Haram a en effet souvent laissé des messages avertissant les autorités éducatives de la région ».

Boko Haram signifie littéralement « l’éducation occidentale est un péché »

Le colonel Didier Badjeck, porte-parole de l’armée, a dit à IRIN que la récente création d’une division militaire dans l’Extrême-Nord et la réception d’équipement militaire envoyé par les États-Unis, l’Allemagne et Israël allaient permettre de renforcer la lutte contre Boko Haram.

Mais la brutalité avec laquelle les insurgés se déchaînent contre les communautés risque d’avoir des impacts plus profonds dans la région la plus défavorisée du Cameroun.

« Les implications à court et long terme seront énormes. La qualité de l’éducation va probablement se détériorer et de nombreux jeunes n’auront pas la chance d’aller à l’école et risquent de se faire endoctriner pour rejoindre les groupes terroristes en raison de leur désoeuvrement », a dit M. Mahamat.

mn/ob/cb-ld/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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