La décision du gouvernement d’autoriser les médecins à s’armer pour assurer leur propre protection a suscité des réactions mitigées.
« Cette décision implique que la situation de sécurité est encore instable et que les médecins sont encore en danger », a estimé Mohammed Khalil Ali, un gynécologue obstétricien de 33 ans, qui s’est installé cette année au Kurdistan, une région semi-autonome, plus paisible, du nord du pays.
« Porter une arme n’est pas la solution : le détenteur doit être bien formé. Cela pourrait [également] inciter les agresseurs à se montrer violents », a dit à IRIN M. Ali, depuis Arbil, une des trois provinces qui composent la région kurde.
Le 29 septembre, le gouvernement irakien a décidé d’autoriser tous les médecins à porter une arme pour assurer leur propre protection, et approuvé la construction de complexes résidentiels sécurisés à l’intérieur et à l’extérieur des hôpitaux pour assurer la sécurité des médecins et de leurs familles.
Des dizaines de médecins ont été tués et des milliers d’autres ont fui le pays depuis l’invasion de 2003, menée par les Etats-Unis.
M. Ali a prévenu que cette décision d’armer les médecins pourrait donner lieu à un « chaos sécuritaire » : il incombe en effet aux forces de sécurité, a-t-il estimé, d’assurer le maintien de l’ordre.
Essam Jaafar Hassan, un dermatologue de 36 ans qui exerce à Medical City, un centre de santé de Bagdad, s'est réjouit pour sa part de cette mesure, tout en restant sur ses gardes.
« Bien qu’elle soit tardive, je suis content [de cette mesure], mais je n’imagine pas sortir armé d’un pistolet », a expliqué M. Hassan, ajoutant : « Au moins, nous aurons de quoi nous défendre légalement ».
Mesures incitatives
En août, le ministère irakien de la Santé a formé un comité chargé d’envisager différentes manières et divers moyens de convaincre les médecins de retourner dans le pays, notamment en couvrant leurs frais de voyage et en augmentant leurs salaires.
Quelque 800 médecins sont revenus, selon les statistiques du ministère, publiées en septembre.
La fuite de milliers de médecins soit vers le nord de l’Irak, soit vers les pays voisins, a presque paralysé le système médical, selon les observateurs.
Le ministère a annoncé cette année que 618 travailleurs médicaux, dont 132 médecins, avaient été tués depuis 2003.
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