Près d’une décennie après le mandat d’arrêt lancé à son encontre par la Cour pénale internationale (CPI), un membre dirigeant de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA, de l’anglais Lord’s Resistance Army) - un groupe rebelle ougandais - a finalement comparu devant la cour de justice de La Haye [le 26 janvier].
Dominic Ongwen, qui s’est rendu en République centrafricaine plus tôt ce mois-ci, est poursuivi pour crimes contre l’humanité - y compris meurtre, réduction en esclavage et actes inhumains causant de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique. Il doit également répondre de crimes de guerre, notamment de traitements cruels à l’encontre de civils et d’avoir dirigé intentionnellement des attaques contre des populations civiles.
Il est le premier des cinq membres de la LRA à avoir été inculpés (l’un d’eux est décédé depuis) à comparaître devant la justice.
Tout porte à croire que sa défense s’axera autour du fait que, comme des milliers d’autres, M. Ongwen a été enlevé par la LRA alors qu’il était enfant et a été forcé d’assister et de perpétrer des actes d’une extrême violence. Son enrôlement comme enfant soldat illustre parfaitement la difficulté à distinguer les victimes des bourreaux dans ce conflit.
Depuis des années, IRIN a consacré des centaines d’articles, de reportages, d’analyses et de films à la LRA – dont la création remonte à 1987 – ainsi qu’aux effets dévastateurs des conflits prolongés du nord de l’Ouganda.
Voici quelques repères chronologiques :
Cette dépêche datée du 4 décembre 1996 offre un aperçu des nombreux thèmes pouvant définir l’insurrection de la LRA : violations des droits de l’homme, déplacements, cantonnement forcé dans des camps, sécurité alimentaire et accès humanitaire.
En janvier 1999, l’Initiative de paix des chefs religieux acholis préconisait de négocier avec la LRA, plutôt que d’engager des poursuites ou une action militaire à son encontre – une position qu’elle continue de maintenir. Les chefs ont même fait le déplacement jusqu’à La Haye pour faire valoir leur opposition à des poursuites pénales.
Dès le début de la guerre, il est clairement apparu que la LRA n’était pas la seule à commettre des exactions contre les populations civiles dans le nord du pays. Les actions des forces de sécurité ont régulièrement été critiquées par les défenseurs des droits de l’homme, et ont fait l’objet d’une enquête par la CPI des années plus tard.
Au nombre des points de litige figurait l’initiative du gouvernement de cantonner l’essentiel de la population du nord dans des « villages protégés », une mesure condamnée par les acteurs politiques locaux. Par trop souvent, d’effroyables événements ont prouvé que le terme était inapproprié.
Dans sa couverture des événements, IRIN a abordé d’autres thèmes clés au fil des ans, notamment : les allégations voulant que l’armée ougandaise ait délibérément perpétué le conflit contre la LRA ; la manière dont la guerre a mis à mal les relations diplomatiques avec le Soudan ; le phénomène des « migrants nocturnes » - ces enfants affluant à Guru chaque soir de peur d’être enlevés ; la vie post-enlèvement ; et l’impact plus large du conflit sur l’éducation.
En 2007, IRIN a produit ce dossier multimédia consacré à un accord de paix global entre la LRA et le gouvernement. Bien que plusieurs accords détaillés aient été élaborés, aucun accord final n’a été ratifié à ce jour.
Dans les années qui ont suivi, la LRA, chassée d’Ouganda, a continué de perpétrer des atrocités en République démocratique du Congo et en République centrafricaine.
Bien que la guerre soit terminée dans le nord de l’Ouganda, ses effets persistent et continuent de causer de la détresse : les enfants blessés dans le conflit ne reçoivent pas de soins ; d’autres, que la guerre a rendus orphelins, sont abandonnés à leur sort dans les rues ; les agriculteurs sont aux prises avec les obus non explosés, les voleurs de bétail, l’absence de services de base, les différents fonciers et les éléphants piétinant leurs cultures.
am/ha -xq/amz