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Quels sont les pays les plus vulnérables au changement climatique, et comment les aider ?

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Les pays les plus vulnérables au changement climatique sont également les plus pauvres, et les moins à même de faire face. Comment résoudre ce paradoxe et aider ces pays à s'adapter à un monde en réchauffement ? C'est l'épineux problème auquel se heurte le financement climatique.

La bonne nouvelle, c'est qu'il est aujourd'hui bien plus facile d'identifier les pays les plus démunis - étape nº1 - grâce au classement mondial mis au point par l'université Notre-Dame.

L'indice ND-GAIN (pour Notre Dame Global Adaptation Index, ou Indice mondial d'adaptation Notre-Dame) mesure la vulnérabilité d'un pays en fonction de sa capacité à faire face au changement climatique.

Il calcule son exposition au stress climatique (par exemple, sa dépendance vis-à-vis de l'agriculture), sa vulnérabilité aux chocs climatiques et sa capacité d'adaptation. Il en évalue ensuite le degré de préparation - qu'il définit comme la volonté d'exploiter ses ressources économiques, sociales et de gouvernance pour réduire les risques associés au climat.

Selon cet indice, les cinq pays les moins performants au monde sont l'Érythrée, le Tchad, la République centrafricaine, le Soudan et la République démocratique du Congo. À l'inverse, les plus performants - et ce n'est pas vraiment une surprise - sont la Nouvelle-Zélande, la Norvège, le Danemark, le Royaume-Uni et l'Allemagne, dans cet ordre.

Succès de la conférence de Paris

L'un des grands succès de la Conférence sur le climat qui s'est tenue à Paris en décembre a été d’acter qu’il ne suffit pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il est désormais admis que l'adaptation (ou comment vivre dans un monde en réchauffement) est cruciale, et que les pays les plus démunis auront besoin d'aide pour y parvenir.

La Conférence de Paris a confirmé son objectif de collecter 100 milliards de dollars par an d'ici 2020, auprès de sources publiques et privées. Le Fonds vert pour le climat pourrait également changer la donne : il consacrera 50 pour cent de l'ensemble de ses financements à l'adaptation, un poste jusqu'alors éclipsé par les projets d'atténuation de type énergie renouvelable.

« [La Conférence de] Paris a été formidable, mais l'important à présent sont ses répercussions sur le terrain », a dit Koko Warner de l'Institut pour l'environnement et la sécurité humaine de l'université des Nations Unies (UNU-EHS). « C'est dans ces pays extrêmement vulnérables que l'on jugera véritablement de son succès. »

L'argent ne suffira pas à instaurer la sécurité climatique. « La question de l'accès [aux financements] est complexe, car elle touche à plusieurs problèmes - notamment la capacité technique à développer des propositions susceptibles d'être financées, faire face aux écarts de connaissances et de capacité, et offrir l'accès aux ressources nécessaires pour procéder aux études de faisabilité », a dit Barbara Buchner de la Climate Policy Initiative dans un e-mail de réponse à nos questions.

« Nous devons trouver un moyen d'accroître la capacité d'absorption des pays qui ont le plus besoin de financements, et harmoniser les normes en matière d'investissement, de transparence et de gouvernance », a souligné Mme Warner. « Il nous faut être plus nuancés dans la manière d'octroyer les financements, de manière à aider efficacement les pauvres et remédier aux problèmes de l'impact climatique et des moyens de subsistance »

Ça doit être fait rapidement, car le coût véritable du changement climatique se chiffrera vraisemblablement davantage en billions qu'en milliards de dollars - surtout si l'on ne s'en tient pas à la barre des deux degrés de réchauffement climatique convenue à Paris.

« Nous savons que les ressources publiques sont insuffisantes dans tous les pays, et que 100 milliards de dollars ne suffiront pas à couvrir les besoins sur le terrain », a dit Mme Buchner. « Dès lors, il est crucial que ces 100 milliards de dollars soient dépensés judicieusement. Si nous y parvenons, les investissements privés afflueront. »

Gagner de l'argent

L'indice ND-GAIN est plus qu'un système de classement. Son objectif est « d'aider les entreprises et le secteur public à mieux hiérarchiser leurs investissements afin de répondre plus efficacement aux défis mondiaux immédiats », a expliqué Joyce Coffee, directrice exécutive de ND-GAIN.

« Le secteur privé est à la recherche de projets susceptibles de lui faire gagner de l'argent », a-t-elle ajouté. « Ils ne vont pas investir dans des pays aux antécédents douteux en matière de gouvernance ou dont les structures sociales leur sont totalement incompréhensibles. » Ce sera à des mécanismes de financements multinationaux comme le Fonds vert pour le climat de s'en charger, a-t-elle suggéré.

Il n'existe pas de données fiables sur l'étendue des investissements finançant des projets d'adaptation. Mais, a dit Mme Buchner, « l'investissement privé jouera un rôle crucial ». « Les signaux émis par les politiques nationales sont essentiels, car tous les investisseurs veulent apprécier l'impact de leur action et en avoir pour leur argent ».

Améliorer l'attrait financier des projets implique de quantifier et d'énumérer les risques, et de permettre au marché de suivre les progrès accomplis, a dit Mme Coffee. Le secteur privé ne va pas s'orienter brusquement vers l'adaptation, mais il nous appartient de la rendre « plus attrayante ».

Rien de plus simple que d'étudier la rentabilité des gigantesques initiatives en faveur des énergies renouvelables (solaire, éolienne, etc.) qui se multiplient à travers le monde. L'adaptation, en revanche, a tendance a être davantage granulaire et locale - ses effets ne sont pas immédiatement perceptibles.

« Quantité de choses à apprendre »

Mme Warner reconnaît qu'il y a « quantité de choses à apprendre » - mais si les personnes en charge des politiques publiques créent l'incitation, le secteur privé suivra.

Les entreprises risquent d'hésiter à investir dans les pays les plus vulnérables, mais « rappelons que les foyers et les familles [dans ces pays] sont également des investisseurs privés », a dit Mme Buchner.

Élaborer des projets facilitant leur accès à une énergie propre et abordable et le développement d'une agriculture durable « peut appuyer le développement économique, de même que la lutte contre la pauvreté et le changement climatique », a-t-elle ajouté.

Il existe un fossé entre les projets d'adaptation légitimes, pertinents pour les communautés, et l'éco-blanchiment - une bonne vieille mascarade organisée par les relations publiques du secteur privé. Mme Coffee a cité l'initiative d'amélioration des ressources en eau menée par Coca-Cola dans un pays qu'elle n'a pas nommé et où l'entreprise est présente, comme exemple positif de retombées positives « dépassant son périmètre d'action ».

Elle a également cité une société minière investissant dans la construction d'un hôpital au Mali dans le cadre de ses efforts en matière d'adaptation. Améliorer les services de santé est effectivement une forme d'adaptation, mais elle a souligné le malaise suscité par cette initiative en particulier - soupçonnée d'avoir servi à faire passer la pilule.

« Mais nous ne pouvons pas snober des investissements. Nous devons simplement en demander plus [aux entreprises] », a-t-elle insisté.

C'est également l'avis de Mme Warner, qui a affirmé que l'ampleur des investissements et l'accroissement requis pour faire face au changement climatique signifient que « les secteurs public et privé ont un rôle important à jouer - nous devons simplement trouver la bonne combinaison ».

oa/ag-xq/amz 

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