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Le cannabis est de plus en plus consommé, les drogues dures restent hors de portée

Au Sénégal, la consommation du cannabis produit localement ou dans la sous-région à prix modique augmente, tandis que les drogues plus onéreuses comme la cocaïne ou l’héroïne restent confinées à une minorité aisée, préviennent les acteurs de la lutte contre la drogue.

« C’est surtout le chanvre indien ou cannabis qui prédomine sur le marché et pose beaucoup de problèmes », a déclaré à IRIN le commissaire Abdoulaye Niang, de l’Office central de répression du trafic illicite des drogues et de stupéfiants.

Abdoulaye Diouf, gestionnaire du centre Jacques Chirac de sensibilisation et d’information sur les drogues à Pikine, quartier populaire de la périphérie de Dakar, partage le même avis.

« Le gros problème c’est la consommation de cannabis et des inhalants ou produits volatiles comme des diluants, de la colle ou de l’éther », a-t-il déclaré.

D’après lui, ce sont essentiellement les jeunes de huit à 20 ans, sortis du système scolaire et passant du temps dans la rue qui s’adonnent à la consommation de substances illicites.

Il n’existe pas de statistiques nationales fiables sur l’usage des substances illicites au Sénégal, mais le gouvernement, appuyé par le bureau régional de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), est en train de mener une grande étude sur la consommation de substances illicites au Sénégal.

Les acteurs de la lutte contre la drogue pensent que la consommation de substances illicites est particulièrement répandue chez les étudiants et les sans-emplois dans le pays de dix millions d’habitants où les moins de 20 ans constituent plus de la moitié de la population.

D’après Niang, le cannabis est principalement cultivé dans les îles de Casamance, au sud du pays. Il provient également du Ghana via le Mali et de Gambie, et est presque entièrement consommé sur le marché de la capitale et des zones urbaines, a-t-il ajouté.

Pour 250 FCFA (50 cents), même le sénégalais démuni peut se permettre de fumer quelques joints.

Les saisies de cannabis sont pour leur part passées de 5,8 tonnes en 2000 à 2,8 tonnes l’an dernier, et le nombre d’interpellations a lui aussi baissé sur la même période.

Sur le terrain, les travailleurs sociaux pensent pourtant que la consommation est en hausse en dépit du fait que les services de la police judiciaire ont interpellé l’an dernier près de 1600 trafiquants et consommateurs confondus, contre 3 000 en 1999. Le gouvernment sénégalais avait alors lancé une campagne d’éradication des cultures de cannabis.

“Dans le Centre, nous voyons de plus en plus de personnes âgées de 25 à 35 ans et qui se droguent depuis 10, 15, parfois 20 ans”, a déclaré Galandou Gueye, assistant social au centre Jacques Chirac.

A 31 ans Max, modeste employé de bureau à Dakar, déclare fumer des joints chaque soir, sa journée de travail achevée. Le jeune homme estime dépenser au moins 7 000 CFA (14 dollars) par semaine pour se procurer de l’herbe séchée. Mais dans un pays où la consommation de cannabis est passible de prison, et mal vue dans les familles, il avoue préférer fumer dans la pénombre de sa chambre.

« C’est pour me renforcer en énergie que je fume », déclare le jeune homme élancé. Mais ne parlez surtout pas d’héroïne ou de cocaïne à Max. « L’herbe c’est naturel, ça fait partie de nous », dit-il. « Mais les gens qui fument les drogues dures, on les fréquente pas »!

L’usage de l’héroïne et de la cocaïne, drogues dures et onéreuses, reste peu répandu dans le pays sahélien, d’après les médecins et officiers de police.

« On rencontre très peu de personnes qui se piquent à l’héroïne ou consomment de la cocaïne ; il s’agit surtout de jeunes gens dont les parents ont réussi, et qui ont effectué des études à l’étranger, notamment les libano-syriens », a déclaré le Professeur Momar Gueye, psychiatre à la clinique Moussa Diop du Centre hospitalier universitaire de Dakar-Fann.

Les commerçants originaires du Liban contrôlent une bonne partie du commerce de détail à Dakar.

Pour Niang, c’est le manque de moyens des trafiquants et consommateurs sénégalais qui limite l’expansion de la consommation des drogues dures au Sénégal où près de 70 pour cent de la population vit avec moins de deux dollars par jour.

Mais pour mieux écouler leur marchandise sur le marché local, les trafiquants recourent à des subterfuges pour rendre ces drogues à la portée de la bourse du sénégalais moyen.

« Les trafiquants savent que la bourse des sénégalais n’est pas fournie, et ne vendent plus en gramme, ce qui revient à 15 à 22 000 FCFA, mais vendent en pierres, sous forme de crack, à 5 000 francs (10 dollars)», a expliqué Niang.

Le crack est un résidu de la cocaïne souvent mélangé à du bicarbonate de soude et de l’ammoniaque.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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