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Interdiction de manifester pendant 3 mois ; dissolution d’un groupe de jeunesse

Le gouvernement de Côte d'Ivoire a interdit les marches et démonstrations publiques sur 3 mois, pour essayer de calmer la tension, pendant qu’il tente de convaincre les rebelles, occupant le Nord du pays, de reprendre leur participation au sein gouvernement, et d’amorcer le désarmement.

Il a aussi requis la dissolution de l’un des multiples groupes de la ligne dure des jeunes, qui a été associé à une violente manifestation anti-rebelle la semaine dernière.

Les deux mesures ont été annoncées à l’issue du Conseil des ministres, dans la nuit de jeudi.

L’effet immédiat de cette interdiction sera de prévenir les groupes de jeunesse, proches du Président Laurent Gbagbo et de son parti, le Front Populaire Ivoirien (FPI), de manifester contre les rebelles à Tiébissou, au Centre du pays, samedi. Tiébissou est située sur la ligne de front entre la zone gouvernementale du Sud et la région du Nord, sous occupation rebelle.

L’interdiction empêchera également deux des trois principaux partis représentés au parlement, de tenir une manifestation prévue à Abidjan, pour soutenir un accord de paix signé entre les partis politiques et les rebelles, sous les auspices de la France, en janvier. Aucune date n’avait été précisée pour la marche, mais la ligne dure des groupes de jeunesse, dénommée « Jeunes Patriotes », avait menacé de s’y opposer.

L’accord de paix de janvier a associé les rebelles à un gouvernement de réconciliation nationale en avril, mais ces derniers ont suspendu leur participation à cette coalition de large ouverture le 23 septembre, alléguant que le Président Gbagbo refusait de déléguer ses pouvoirs au Premier ministre indépendant Seydou Diarra et à son équipe. Huit des neuf ministres rebelles se sont en conséquence retirés du gouvernement, pour se retrancher dans leur base de Bouaké, au Centre de la Côte d'Ivoire.

Depuis lors, un malaise généré par l’impasse existe entre les deux camps, séparés par la force d’interposition française de 5,000 hommes.

Toutefois, les Jeunes Patriotes se font de plus en plus entendre, car l’impasse perdure.

Au cours des manifestations à Abidjan, jeudi et vendredi de la semaine dernière, des manifestants ont attaqué les bureaux des services de l’eau, de l’électricité ainsi que la société de téléphone mobile Orange et ses échoppes, tous appartenant à des multinationales françaises. Les leaders du FPI ont régulièrement accusé la France de favoriser les rebelles dans la guerre civile qui a éclaté en septembre 2002.

Le gouvernement a ordonné la dissolution immédiate de l’une des branches dures des groupes de jeunes, appelé Groupement des Jeunes Patriotes (GPP), indiquant que ses membres avaient utilisé des cartes d’identité semblables à celles des forces de sécurité. Le GPP a été largement accusé d’être responsable des dommages causés par les manifestations de la semaine dernière.

Par ailleurs, le gouvernement n’a pris aucune action contre les autres organisations de Jeunes Patriotes, qui, selon des sources diplomatiques ont recruté environ 20,000 membres dans diverses villes de Côte d'Ivoire. Ils procèdent à des entraînements de style militaire, ouvertement, et certains se targuent d’avoir accès à des armes. D’autres encore seraient impliqués dans le harcèlement des immigrants de la sous-région ouest-africaine.

Charles Blé Goudé, le leader du COJEP, l’une des 3 principales fédérations des Jeunes Patriotes, a déclaré à IRIN vendredi, qu’il acceptait l’interdiction du gouvernement et a suspendu les projets de marche à Tiébissou.

Blé Goudé, qui apparaît en public souvent protégé par des gardes de corps policiers, a spécifié : “ J’obéirai à la décision prise par le Conseil des ministres et la nuit dernière, j’ai demandé à mes amis qui était déjà sur les lieux de revenir à Abidjan, parce que nous devons respecter les institutions de la république."

Charles Groguhet, un leader de l’organisation désormais interdite, GPP, a condamné les troubles des manifestations de la semaine dernière causés, selon lui, par des « rebelles infiltrés » dans son mouvement.

Des diplomates ont relevé que la dissolution du GPP et les 3 mois de suspension des manifestations étaient l’œuvre des nouveaux ministres de la Défense et de la Sécurité. Les deux hommes, indépendant politiquement, ont ainsi démontré leur indépendance du Président et du FPI, ont-ils noté.

Le 13 septembre, René Amani a été nommé Ministre de la Défense et Martin Bléou Ministre de la Sécurité Intérieure, remplissant les postes vacants depuis 6 mois, durant lesquels, M. Gbagbo a consulté les autres partis politiques pour désigner ceux qui devaient être nommés.

Leur nomination devait ouvrir la voie au désarmement des rebelles et permettre le retour de l’administration dans le Nord de la Côte d'Ivoire. Toutefois, 10 jours plus tard, les rebelles ont suspendu leur participation dans le gouvernement et bloqué le processus de désarmement.

Le porte-parole des rebelles, Sidiki Konaté, a indiqué à IRIN qu’il n’était pas impressionné par les dernières mesures du gouvernement. Il a particulièrement critiqué l’interdiction de manifester. “ L’existence d’un petit groupe dont la police ou la gendarmerie devrait avoir le contrôle ne suffit pas à interdire toutes les manifestations, » a-t-il remarqué.



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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