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Ragi Ngenderezi Abulengu, « Nous sommes comme les oiseaux »

Les communautés de Bambuti qui vivent à Mugunga, à environ 12 kilomètres de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), parviennent difficilement à joindre les deux bouts. Les Bambuti sont considérés comme l’une des plus anciennes populations d’Afrique centrale. Ils auraient survécu pendant de nombreuses générations grâce à la chasse et à la cueillette. Parmi ceux qui vivent à Mugunga, certains ont fui la guerre dans l’est de la RDC en 2005 et d’autres ont été expulsés de leur territoire ancestral dans le parc national des Virunga, où vivent les gorilles des montagnes.

Négligée par les organisations d’aide humanitaire, la communauté Bambuti est l’une des plus marginalisées du pays. Leurs membres n’ont pas accès aux ressources les plus essentielles comme l’abris et l’eau potable et sont fréquemment victimes de discrimination de la part des autres communautés. L’accès à la terre est particulièrement problématique. En effet, même s’ils sont les premiers habitants de la RDC, ils n’ont pas de titres de propriété.

« Là où nous étions auparavant, à Ngungu, les Forces armées de la RDC (FARDC) et le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) se sont fait la guerre il y a quelques années. Beaucoup de gens sont morts. Lorsqu’ils voyaient des enfants, les miliciens les mutilaient. Il y a plus de cinq ans que nous sommes partis, mais nous n’avons pas pu y retourner jusqu’à présent. Nous n’avons même pas de terres là-bas. Et ici à Mugunga, le propriétaire peut nous renvoyer après 2 ou 3 jours, et nous devrons encore reprendre la route ».

« Récemment, les services municipaux ont coupé l’approvisionnement en eau. Nous n’avons donc plus accès à l’eau potable. Il devient même difficile de manger tous les jours. Nous dépendons des gens qui vivaient ici avant nous. Nous travaillons pour eux et ils nous donnent un peu de nourriture en échange. Nous vivons comme des esclaves ».

« Si les Bambuti n’ont pas le droit de posséder des terres, comment pouvons-nous retourner d’où nous venons ? Le gouvernement doit faire quelque chose pour assurer la stabilité de la propriété. Nous sommes comme les oiseaux : aujourd’hui nous sommes ici, mais demain nous serons ailleurs. Même lorsque l’un d’entre nous meure, nous avons du mal à trouver un endroit pour l’enterrer ».

« Lorsque des membres de notre communauté ont été expulsés du parc national des Virunga, on nous a promis 40 pour cent des profits du parc, mais nous n’avons rien reçu. Nous ne pouvons même pas changer de moyen de subsistance et pêcher, car nous n’avons pas le matériel nécessaire ».

« Quand nous essayons d’entrer dans le parc, les gardes de sécurité nous tabassent. Ils disent que nous sommes sales ; certains utilisent même leurs armes contre nous. La dernière fois que l’un d’entre nous est allé là-bas, les gardes ont déchiré sa chemise. Comment pouvons-nous trouver nos propres remèdes si nous n’avons pas accès au parc ? Dans les cliniques de santé, on refuse de nous soigner parce que nous n’avons pas d’argent. On nous dit : ‘vous êtes des pygmées, sortez d’ici’ ».

« Le Congo semble avoir oublié les Bambuti, mais, dites-moi, à qui appartient le Congo ? Qui sont les véritables habitants du Congo ? Si nous relevons la tête, les gens de ce pays nous forcent à courber l’échine de nouveau. Si au moins nous avions accès à l’éducation, nous pourrions étudier – nous avons beaucoup de potentiel, mais il nous manque l’accès ».

zm/am/cb –gd/amz

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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